(Merci à Little_Lams / Lamé pour m'avoir autorisée à lui emprunter Albretch Faust)
A une époque très lointaine en Elysia, plusieurs décennies avant que n’ait eu lieu un évènement qui sera plus tard connu sous le nom de « Ragnarök » et qui révèlera au monde la Corruption Ténébreuse, les anges et autres créatures de lumière y vivaient nombreuses, dirigées par ceux vivant en Olympe et que l’on appelait, à juste titre, les olympiens. Cet antique royaume de lumière fut très prospère… jusqu’à la chute d’Avalon qui provoquera sa fin brutale bien des siècles plus tard.
Parmi les habitants de ce pays, il y avait la muse Erato, associée à la poésie lyrique et érotique. Elle était souvent la plus appréciée de ses sœurs car la plus sociable de toutes et celle ayant le plus de charme, au point que le dieu Eros lui donna un don accru pour sonder le cœur des gens, faisant de cette muse la plus efficace des entremetteuses mais aussi un excellent juge de caractère. Elle était aussi appréciée de Déméter et de Perséphone qui louaient son amour de la nature et sa bonne humeur naturelle – la reine des enfers lui avait même fait cadeau d’un camée afin de lui permettre de retourner aisément sur ses pas si elle devait s’aventurer en un lieu inconnu.
Ce jour-là, comme à son habitude, Erato profitait du crépuscule dans un coin tranquille, loin de l’agitation causée, le plus souvent, par Apollon – aussi connu comme étant le pire coureur de jupons qui soit, juste derrière Zeus, et qu’il ne valait mieux pas regarder sourire au risque de finir aveugle à jamais – quand elle eut de la compagnie…
—Il me saoule avec son marteau ! Il peut pas faire gaffe à ses affaires ?! Et qui c’est qui doit aller faire le sale boulot ? Toujours mo-
—Tiens tiens… T’es pas d’ici toi, j’me trompe ?
—Oh ?
L’étrange visiteur s’arrêta en entendant la voix de la muse, sortant ainsi de ses pensées et semblant soudain réaliser où il était vu qu’il tournait la tête dans tous les sens, amusant Erato. Puis quand il la vit, un sourire se peignit sur ses lèvres et il vint la rejoindre au bord de l’étang… avant de glisser, gardant in extremis son équilibre mais se retrouvant les pieds dans l’eau, s’attirant ainsi l’hilarité de sa spectatrice.
—Le sol n’est pas aussi stable qu’il en a l’air mon mignon, fit-elle en lâchant un léger rire. J’ai bien cru que tu allais finir les quatre fers en l’air !
—Ce n’est rien à côté de ce que j’ai pu subir gente demoiselle, répliqua l’inconnu avec un sourire charmeur. Je préfère encore me ridiculiser sous vos beaux yeux verts que de courir le monde après un stupide marteau !
—Il a un truc de spécial ce marteau ?
—Seul Thor peut le soulever et encore, monsieur n’y fait pas très attention au point qu’il se le soit fait piqué il y a deux jours. Il va pas être ravi quand je vais lui dire ce que le voleur veut en échange de son joujou…
—Thor a donc ses torts à ce que je vois…
Ce jeu de mots n’était pas le meilleur qui soit mais il les amusa au plus haut point, tous deux riant durant une vingtaine de secondes.
—J’en oublie les règles de politesse, s’excusa l’inconnu en s’inclinant légèrement. Je me nomme Loki.
—Moi c’est Erato, se présenta la muse avant de froncer le nez. Par contre… J’ai déjà entendu ton nom je crois…
—J’avais cru comprendre que ma mauvaise réputation tendait à me précéder. Je serais très étonné que tu ais eu vent de bonnes choses à mon sujet…
Une mauvaise réputation ? Pourtant, de ce qu’en voyait Erato, il n’avait rien d’un mauvais bougre et avait plus de charisme que cet écervelé d’Apollon qui pensait plus à courir après tout ce qui bougeait qu’autre chose. Puis elle fouilla intensément dans sa mémoire… avant de comprendre qui elle avait réellement en face d’elle, réalisant ainsi pourquoi il était capable de la voir aussi aisément.
—T’es le dieu Loki, le fourbe d’Asgard ?! s’étonna-t-elle après avoir fait le rapprochement. Tu fiches quoi ici ?!
—… Alors déjà, mon domaine est la ruse et vu les abrutis que je me tape, je peux t’assurer que sans moi, ce serait un vrai bordel, soupira Loki avec exaspération. Et pour ce que je fais ici, j’ai été pris dans une tempête et apparemment, j’ai été plus éloigné que je ne le pensais de Midgard.
—Je confirme… Là, c’est Elysia.
—… Sacré détour…
Dans sa tête, Loki était en train de faire des calculs pour rentrer chez lui, notant bien de se méfier des vents d’ouest car ceux-ci étaient plus vicieux qu’il ne l’avait envisagé. Tout ça parce que cet imbécile de Thor n’était pas fichu de faire gaffe à ses affaires et que c’était toujours lui qu’on désignait pour régler les problèmes quand cela n’impliquait pas de taper sur quelqu’un ou quelque chose – en même temps, il était le seul parmi les Ases à penser avec sa tête et non avec ses poings…
—Je te guiderai bien jusque chez toi mais y a l’autre semeur de sous-vêtements qui va râler s’il me voit pas, déclara la muse en grimaçant. Et j’ai des sœurs qui seraient capables de me dénoncer en plus.
—Ça ira, merci, lui dit Loki qui n’était pas très pressé de toute manière. Et si ce n’est pas indiscret, de qui tu parles exactement ?
—Ah oui… Apollon, dieu des arts et patron des muses. C’est aussi un dieu qui fait du rentre-dedans à tout ce qui respire, se brosse tellement bien les dents qu’il est impossible de ne pas finir aveugle si on le regarde sourire et qui est incapable de remettre en place ses sous-vêtements après avoir fini son affaire avec son amant du moment.
Mais c’est que ça avait l’air marrant ce qu’il se passait par ici… Plus que de courir après un marteau. Peut-être qu’il pourrait tenter de prolonger un peu son séjour…
—Toi, t’as envie de m’embrouiller… lui dit Erato, suspicieuse. Hermès fait la même tête quand ça lui prend.
—Tout de suite les grands mots ! s’exclama Loki, bien que la muse n’avait pas tort sur ce point. Disons que j’ai juste envie de prendre un peu mon temps pour visiter le coin…
—Vraiment ? Donc tu tiens à courir le risque de finir du mauvais côté d’un glaive ou d’une flèche ? Certains olympiens n’aiment pas tant que ça les visiteurs…
Raté… Elle n’était pas stupide et puis il se rappelait encore très bien de la raclée qu’Athéna avait collée à Thor en étant plus rusée que lui – et dire que c’était un simple bras de fer… le dieu le plus courageux et Téméraire d’Asgard exigeait encore que cette déesse guerrière et emplit de sagesse l’épouse un jour mais elle préférait manifestement rester célibataire, un choix qu’il n’allait certainement pas lui reprocher.
—Dans ce cas, dès que j’aurais réglé cette fichue histoire de marteau, serais-tu d’accord pour me faire une petite visite ? questionna Loki qui était bien décidé à jeter un coup d’œil à Elysia. En toute amitié, bien entendu…
—Toi quand t’as une idée en tête, tu l’as pas ailleurs ! remarqua Erato qui semblait assez amusée. C’est bien parce que c’est calme en ce moment que je suis d’accord mais à la moindre embrouille, je dis à Artémis de te cribler ton joli p’tit cul d’une bonne vingtaine de flèches !
—« Joli p’tit cul ? » Tu as donc passé ton temps à me mater ?
—Chéri, j’suis la muse de l’érotisme. Je passe mon temps à dénicher des histoires de fesses ou à en raconter. Toi par exemple, t’es pas un coureur de jupons, je me trompe ?
Effectivement, c’était juste. De toute manière, vu ses gosses actuels, Loki préférait amplement ne pas en avoir d’autres de peur d’être encore le père d’un potentiel taré comme Fenrir qui n’allait pas en s’arrangeant avec le temps…
—Disons que je préfère que mes aventures ne produisent pas un fruit pourri, admit-il, faisant grimacer Erato qui semblait très bien connaître ça elle aussi. Expérience similaire je présume ?
—J’ai engendré que des abrutis qui veulent faire la guerre à leurs voisins, grogna-t-elle en pensant à ses fils qui avaient tous mal finis à cause de leurs conneries, ce qui n’était peut-être pas plus mal ainsi. Donc oui, je suis un poil maudite de ce côté.
Ah ben ça… Là, ça méritait clairement qu’il la revoit cette jolie muse pour faire plus amplement connaissance, au moins amicalement et, si affinités suffisantes, batifoler un peu dans l’herbe fraiche.
—Alors il faut croire que nous sommes faits pour nous entendre ma douce fée au sourire radieux, dit-il avec un sourire séducteur.
—Déjà les petits noms ? s’amusa Erato. Hi hi hi… Effectivement, je crois que nous avons beaucoup à partager toi et moi… Enfin, dès que tu reviendras à Elysia bien sûr.
—Une fois mes affaires réglées, soit certaine que je reviendrai ici. Sur ce, ma jolie fée, je dois me retirer et retourner dans le froid de Midgard. Au plaisir de te revoir !
—J’ai hâte !
Après une révérence et un clin d’œil, Loki s’éclipsa, à présent d’excellente humeur et ayant presque oublié pourquoi il avait dû quitter Midgard en premier lieu. Quant à Erato, elle eut du mal à ne pas admirer au loin la haute silhouette de ce dieu d’Asgard qui avait bien plus de charisme que l’espèce d’abruti qui dirigeait les muses.
—Oh oui, j’ai vraiment hâte que tu reviennes Loki…
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