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La sorcière de la jungle

(Merci à Lamé pour Al et à Xyrlakel pour Astarté)


Plus de deux siècles après la chute d’Avalon et la fin des grands royaumes antiques, les plus grands panthéons divins connus avaient disparus. Les Ases avaient été les premiers à tomber face au Ragnarok, Midgard ayant ensuite une première fois éclaté, cela au profit d’Avalon qui récupéra la majorité de ses territoires, puis une seconde fois où cette grande contrée finit par céder à des guerres internes. Les Olympiens suivirent, subissant de plein fouet la chute d’Avalon et achevant ainsi le déclin d’Elysia avec brutalité, ne laissant derrière eux que leurs reliques et fléaux qui furent éparpillés à travers le monde. Enfin, le panthéon d’Heaven, bien affaiblit après une défaite contre les Olympiens, disparait en même temps que son royaume lors de la destruction de ce dernier via le Tome de Feu.


En d’autres termes, tout ce qui touchait au divin dans les sociétés, de base, polythéistes, se portait très mal en cette période, faisant que pour Fairy qui s’était réveillée brutalement dans la montagne avec des pouvoirs qu’elle ne possédait pas à la base, trouver quelqu’un pour lui apprendre à les utiliser correctement relevait du parcours du combattant – Déméter aurait été sa meilleure option à la base mais vu qu’elle était morte avec les autres olympiens, elle était un peu coincée. Pour cette principale raison, elle en avait été contrainte à écouter les rumeurs qui couraient des années durant et l’une d’elles, confirmée par la seule sœur qui lui restait, l’avait poussée à se rendre dans ces lointaines contrées… loin d’être ce à quoi elle avait été habituée.



—ENCORE DES LIANES ?! avait-elle pesté après avoir trouvé pour la énième fois de la végétation qui barrait le chemin qui lui avait été indiqué.


Cet endroit était un vrai cauchemar… Même le Fléau de Déméter lui semblait bien doux à côté de cette jungle dont la faune et la flore lui menait la vie dure depuis qu’elle avait débarqué dans la région en se cachant sur le bateau d’un explorateur… dont l’équipage fut décimé en deux jours par une maladie locale et des locaux loin d’être amicaux – elle suspectait que sa malédiction qui touchait les hommes n’y était pas totalement inconnue vu que, pour s’occuper durant le voyage qui était particulièrement long et barbant, elle avait un poil fricoté avec une partie de ces messieurs, le capitaine inclut, et elle n’allait pas trop les regretter vu ce que contenait la cale de leur navire. Entre la végétation dense qui avait presque failli lui arracher ses habits et les bestioles du coin qui n’aimaient clairement pas les intrus – comment aurait-elle pu savoir qu’il y avait un dragon dans la jungle ?! –, elle commençait vraiment à saturer.



—Ça peut vraiment pas être pire…


A peine avait-elle prononcé ces mots qu’elle reçu une visite non désirée qui fut la goutte d’eau de trop.



—Salut poulette ! Ça te dit qu’on se fasse une toile tous les deux ?

—Non merci !

—Allez ! J’connais un coin bien ch-


Dans un geste plus qu’agacé, elle donna une pichenette à cette mygale malpolie… qui fut violemment renvoyée au fond de la jungle par une liane qui était sortie de nulle part, rappelant ainsi à Fairy la raison de sa venue en ces lieux.



Pendant des décennies, pour une raison qui lui échappait en grande partie à cause d’une amnésie partielle, elle avait été plongée dans un profond sommeil et s’était réveillée rousse avec un pouvoir qu’elle n’était pas censée posséder : la magie florale. Certes, elle avait toujours eu l’alignement requis pour ça mais pas la puissance qui allait avec vu que, de base, ses capacités étaient de lire dans le cœur des gens et se rendre invisible aux mortels qui n’avaient pas besoin de ses services de muse. Maintenant, elle devait, à coup sûr, être dans les magiciens les plus puissants du monde mais encore fallait-il qu’elle arrive à se servir correctement de ce pouvoir car pour le moment, c’était pas ça du tout.


Si elle avait décidé de prendre son courage à deux mains pour se rendre dans cette contrée, c’était sur conseil de sa sœur qui lui avait parlé de la sorcière du coin, la seule qui semblait encore avoir connaissance du sort d’immortalité et qui semblait avoir échappé aux nombreuses chasses aux sorcières de ces dernières décennies – tout portait à croire qu’une des principales villes de mages avait dû être mise sous scellé pour limiter les pertes le temps que les humains se décident à se calmer et à les oublier. Seulement, cette personne n’était pas évidente à trouver car de ce que Fairy avait su par les locaux, cette femme adorait crapahuter dans la jungle et, sauf urgence comme une épidémie, ils la dérangeait le moins possible de peur que cela contrarie leurs dieux – la muse avait effectivement senti une présence divine sur le territoire mais celle-ci était ténue, faisant qu’elle suspectait que ces divinités étaient soient mortes, soient retirées loin des humains, probablement après avoir senti que d’autres panthéons divins avaient disparus.



Pouvant enfin souffler un peu et admirer le vue incroyable, elle chercha du regard des traces de la personne qu’elle cherchait. Elle finit par repérer les restes d’un feu de camp et un sac de cuir, lui laissant penser qu’elle touchait au but. Cela finit par se confirmer quand elle vit au loin une silhouette qui n’était clairement pas celle d’un jaguar prêt à lui sauter dessus.



Avait-elle trouvé cette fameuse sorcière aventurière ? Le seul moyen de le savoir était de le lui demander. Fairy s’approcha donc prudemment d’elle, réalisant en s’approchant que cette femme observait attentivement les lieux et qu’émanait d’elle un parfum plus proche du jaguar mouillé qu’autre chose…



—… végétation trop dense et avec les alligators et le courant, la rivière n’est pas une option non plus, magie ou non, l’entendit-elle se dire. Et à cette distance, difficile de dire sa fonction exacte sans en examiner les bas-reliefs. Il semblerait que je sois bonne pour faire un long détour…


L’inconnue grinça des dents et se retourna, lâchant un petit cri surpris en tombant nez à nez avec Fairy qui avait-elle aussi été prise de court.



—Wow ! Vous voulez que mon cœur lâche ?! fit la magicienne en posant une main sur sa poitrine. J’ai cru pendant un instant que vous étiez un prédateur !

—Désolée… s’excusa la muse qui comprenait très bien ce sentiment. En fait, je cherche quelqu’un et se peut que ce soit vous.

—Moi ? Comment cela ?

—C’est bien vous la sorcière du coin ? As… quelque chose.

—Astarté. Oui, c’est bien moi. Et en quoi je vous intéresse au juste pour que vous ayez pris la peine de traverser la jungle dans une tenue comme celle-ci ?!


Fairy passa outre le dédain et la froideur qu’éprouvait cette femme envers elle et, le plus calmement possible, lui expliqua sa situation. La magicienne l’écouta calmement, hochant la tête à certains moments tandis que ses yeux, d’abord plus intéressés par les ruines, se mirent à la fixer avec grand intérêt.



—Ce n’est pas très banal, effectivement, en convint Astarté qui était devenue plus chaleureuse avec elle, son regard tendant à glisser vers le camée de Perséphone avec envie.  La résurrection par le feu purificateur peut parfois donner de la magie mais dans votre cas, je dirais que vous avez juste été au contact de la flamme, ce qui expliquerait les cheveux roux et l’amnésie. En revanche, le sommeil et le gain soudain de magie… cela nécessiterait une étude plus approfondie.


L’intérêt que cette femme lui portait tout à coup était suspect pour Fairy… surtout les émotions qui émanaient d’elle la faisait frissonner. Ça sentait le coup fourré…



—Bon, vous voulez quoi au juste ? questionna la muse, pas dupe.

—Tout de suite… répondit Astarté avec un sourire en coin. Mais j’admets que mes services ne sont pas gratuits.

—D’accord… Et c’est quoi votre prix ?


En suivant le regard de la magicienne, Fairy ne mit pas longtemps à comprendre ce qu’elle désirait en échange : le Camée de Perséphone.



Est-ce que cela la surprenait ? Pas vraiment mais cette relique d’Elysia était sous sa garde depuis des siècles donc elle n’allait certainement pas la céder à n’importe qui – surtout qu’elle avait égaré toutes les autres, notamment l’arc d’Eros qu’elle avait bêtement paumé lors de son passage dans le Jugement, lieu dans lequel elle ne désirait ABSOLUMENT PAS remettre les pieds avant très longtemps.



—Oublie ce que j’ai autour du cou car ça, je garde, précisa Fairy.

—Fin des politesses donc… constata la magicienne que cela semblait satisfaire. Tu réalises tout de même que ce bijou amplifie la magie florale ?

—Au printemps et en été uniquement. Le reste du temps, il est anti-corruption.


Aux émotions qu’elle percevait chez Astarté, elle venait clairement de lui apprendre quelque chose… et de décupler son intérêt pour la relique d’Elysia. Les négociations promettaient d’être compliquées…



—Faudra qu’on cause « inclinaison de la Terre » tout de même mais marrant qu’un de vos gri-gri Elysien fonctionne suivant les saisons, fit la sorcière dont l’esprit semblait être en pleine analyse vu ce qu’elle percevait. Je peux baisser mon prix à une simple étude de cet objet le temps nécessaire mais faudra trouver une compensation…

—Non merci, contra Fairy bien que légèrement hésitante. Je sais pas ce que tu vas en faire quand j’aurais le dos tourné et tu comprendras que je me méfie des sorciers…

—Pas d’accord donc… Prends quand même le temps de la réflexion et on en rediscute demain le temps que je réfléchisse à comment tu peux me payer autrement. Ça te va ?


Prendre le temps d’y réfléchir… Pourquoi pas mais y avait juste un petit… détail qui la dérangeait dans cette offre…



—Ça veut dire rester ici ? fit-elle, sa voix montant dans les aigus. Dans la jungle avec ces bestioles qui t’attaquent à tout bout de champ ?!

—On s’y fait et puis y a bien pire comme supplice, répliqua Astarté en haussant les épaules. Se faire enterrer vivante avec des insectes mangeurs de chair, être attachée à un poteau en plein soleil et se prendre des coups de gourdins ou de fouets à tout va, être tirée par les pieds par un ch-

—J’ai compris, tu t’y connais sur le sujet ! Je reste cette nuit mais si une mygale essaie encore de me faire du rentre-dedans, je hurle et tant pis si un jaguar me bouffe !

—C’est bien noté.


Sur ces mots, Fairy fit demi-tour et s’éloigna, partant à la recherche du feu de camp qu’elle avait repéré plus tôt en espérant que s’y trouvait un indice vers l’emplacement d’un campement où elle allait pouvoir se poser et se débarbouiller un peu, ne prêtant pas attention au regard amusé de la sorcière qui la suivit jusqu’à ce qu’elle quitte son champ de vision.



—Sacré numéro celle-là, fit-elle. Tout le contraire de l’autre muse que j’ai rencontrée. Dommage qu’elle soit aussi stressée car tant que ce sera le cas, impossible pour elle de découvrir son vrai potentiel…


Astarté avait vu des cas bizarres dans sa longue vie de sorcière immortelle mais un tel gain de magie… c’était possible, bien entendu, mais ça impliquait souvent un pacte avec une divinité – si elle ne se trompait pas, chez les Elysiens, c’était Déméter qui usait d’une magie florale. Seulement, plus la divinité concernée était puissante, plus le prix à payer était élevé donc juste une amnésie et des cheveux roux ? Pas normal ça. Elle aurait bien tenté une autopsie des fois que mais impossible que cette fille crève dans la nuit et elle se souvint que l’une des causes de son exil forcé ici était parce qu’elle avait touché au corps qu’il ne fallait pas….


Ne voulant pas laisser passer cette opportunité de percer quelques mystères et d’avoir sous la main une magie qui pourrait lui servir, la magicienne prit la direction du pont de corde, opposée à celle de son campement, puis pris une grande inspiration avant de concentrer sa magie dans sa main.



—J’en appelle à l’astre lunaire pour guider une âme vers ta sagesse, récita-t-elle. Qu’à la nuit tombée tu lui envoies un signe pour l’éclairer, la ramenant sur la route dont elle s’est éloignée, et dissipant sa détresse.


Ces mots prononcés, son sort s’évapora lentement, exactement comme prévu, ne lui laissant plus qu’à reprendre son examen des lieux avant d’aller se coucher.  


La nuit venue au campement, Fairy avait réussi à se débarbouiller dans une rivière sans crocodiles et avait défait son chignon avec un plaisir non dissimulé. Elle avait aperçu la sorcière laver ses cheveux qui avaient clairement vu de meilleurs jours avant d’en couper une partie avec une dague qu’elle avait cachée dans sa botte. Ne trouvant pas le sommeil, la muse avait fini par se lever pour marcher un peu, si possible sans trop s’éloigner – elle nota qu’il ne restait que quelques braises puis, alors qu’elle se disait que ce serait utile de le rallumer, elle vit des signes tracés au sol, signe d’un sort de protection, surement contre les animaux sauvages. Elle finit par trouver un endroit qui lui convenait, lui donnait pleine vue sur le ciel caché par les nuages – elle espérait sincèrement qu’elles n’allaient pas se prendre une pluie diluvienne durant la nuit car il ne faisait pas si chaud que ça dans cette jungle à ces heures-ci.



Elle finit par lâcher un long soupir, éprouvée après tout ce qu’elle avait subi et qu’elle peinait encore à assimiler, notamment le fait qu’elle avait perdu tous ses amis, sa famille – à l’exception d’Euterpe qui avait définitivement adopté « Jaimie » comme nom – et sa maison vu qu’Elysia avait été conquise par ses voisins qui n’attendaient que ça…. Et tout ça s’était produit pendant qu’elle était plongée dans un sommeil qui avait duré plusieurs décennies, cela sans même qu’elle ne sache pourquoi.



—Qu’est-ce que j’ai encore bien pu faire cette fois ? se demanda-t-elle, ruminant ses sombres pensées. J’ai causé une catastrophe ? Guidé la personne qu’il ne fallait pas ? Pourquoi j’ai autant la poisse…


Si elle devait résumer comment elle se sentait là, maintenant : elle était profondément déprimée. Quand avait-elle rit sans se forcer pour la dernière fois au juste ? Elle ne s’en souvenait absolument pas… Elle en venait à atteindre le point où elle se disait que l’univers se porterait mieux sans elle… et que sauter du haut du pont qu’elle avait vu plus loin ne serait pas un mauvais pl-



—N’y pense même pas jolie fée, lui dit une voix qui la fit se figer sur place.


Non… C’était impossible ! D’après Athéna, il avait été jugé et condamné pour avoir fait tuer un de ses pairs puis avait succombé durant le Ragnarök, probablement sous les coups de Thor. Elle devait rêver, ce n’était pas possible autrement !



Stupéfaite, elle voulu se retourner mais un bras contre sa taille l’en empêcha… puis une odeur très familière vint à ses narines, celles des pins et des loups, un parfum qui ne pouvait appartenir qu’à Midgard, plus particulièrement au dieu le plus rusé de ces contrées et dont la magie de prédilection était la métamorphose.



—Loki ? demanda-t-elle en tournant la tête, reconnaissant ce bouc noir et ces yeux emplis de malice. Qu’est-ce que…  Tu e-

—Ne te fais pas de faux espoirs, lui répondit-il avec une pointe de tristesse. Je suis bel et bien mort durant le Ragnarök et, je ne sais pas exactement comment, mais on a vraisemblablement usé de ce qu’il reste de moi pour me faire venir ici, probablement pour très peu de temps je le crains.


Alors ça… Elle n’avait aucunement connaissance d’une technique qui permettait d’invoquer des morts de nature divine. Il fallait dire qu’à Elysia, les divinités étaient des anges immortels sur lesquels le temps n’avait quasiment aucune prise – l’hydromel et l’ambroisie aidaient bien en ce sens – alors qu’à Midgard, ce n’était pas du tout le cas et tuer un dieu n’était donc pas si difficile en soit – elle préférait ne pas penser aux dieux d’Heaven qui, selon les rumeurs de l’époque, avaient une étrange passion pour se mutiler et se rafistoler entre eux pour mieux recommencer ensuite… faisant qu’elle se demandait si ce n’était pas pour cette raison qu’ils avaient mis au point les sorts de résurrection.


—Ce qu’il t’est arrivé n’est pas de ta faute, lui dit-il avec fermeté. Si tu décides de tout abandonner, alors elle aura gagné et j’aurais fait tout ça pour rien.

—« Elle » ? demanda-t-elle, légèrement piquée au vif. Ta femme à Midgard ?

—Tu es loin du compte… J’avoue moi-même ignorer d’où elle sort au juste mais elle avait clairement une dent contre moi et certainement contre toi aussi. Le nom de « Bérénice » te dit quelque chose ?


Bérénice, celle qui porte la victoire ? Un prénom typiquement de son pays… mais elle n’avait pas le souvenir d’en avoir côtoyé une en particulier, surtout à une époque où Midgard était encore au sommet de sa gloire. Qui plus est, c’était forcément un prénom qui avait été choisi par un humain car elle voyait mal une divinité d’Elysia se risquer à nommer un être de cette manière, surtout s’il était de sa chair et de son sang, car c’était un coup à vexer un rival – elle pensait notamment à Arès, Héra, Apollon ou Aphrodite dont il n’était pas bien difficile de s’attirer la colère, ce dont des héros comme Psyché, Cassandre ou Héraclès avaient découvert à leurs dépens.



—Rien donc… soupira Loki avec dépit. Cette garce a réussi à monter tous les autres contre moi en les convainquant que j’avais tué Baldr et elle a réussi à détruire Yggdrasil, déclenchant le Ragnarok. Je suspecte aussi qu’elle a tué Idunn pour lui voler les pommes d’or car j’ai vu Thor avec des cheveux blancs ce jour-là.

—Attends… fit-elle, comprenant soudain ce qu’il essayait de lui dire. La chute des Ases a été causée par une personne qui est la cause de ce qu’il m’est arrivé dernièrement ?

—J’en suis quasiment certain car que tu sois passée par le Jugement me semble très suspect. Encore désolé pour la malédiction mais je n’ai pas eu d’autres choix quand j’ai découvert que tu avais failli confier ton pendentif à un homme… Et avant que tu me le demandes, ce n’était pas par jalousie.


Oh ça, elle l’avait bien perçu. Loki savait très bien à quoi s’en tenir avec elle et jamais, à sa connaissance, il ne s’en était pris à ses amants – sauf peut-être Apollon mais vu comme ce dieu avait eu des soucis avec la notion de consentement mutuel, il avait mérité son sort – tout comme elle n’avait jamais cherché à nuire aux conquêtes du dieu le plus rusé de Midgard. En revanche, si elle avait bien failli rendre le camée de Perséphone en le confiant à Hermès, ce qu’elle n’avait finalement pas fait, elle se souvint qu’avant la chute de Midgard, elle avait laissé Loki quelques minutes avec ce bijou…



—T’as fichu quoi avec mon pendentif au juste ?! questionna-t-elle avec une pointe d’agacement en se séparant de lui. Et me mens pas car je le saurai ! Je suis toujours une muse et je sais encore lire les cœurs des autres !

—Ahem… Je pouvais pas trop en parler à l’époque mais vu que j’suis mort… fit Loki, gêné, avant de reprendre. Avant que le Jugement ne soit créé, j’étais tombé sur une pousse d’Yggdrasil que j’ai… volée puis cachée dans ton pendentif quand je me suis aperçu qu’il s’ouvrait. En revanche, je ne m’étais pas imaginé que ton corps allait l’absorber un jour…


… Il avait QUOI ?! Bon, cela expliquait la nature de ses nouveaux pouvoirs et leur puissance… et le fait que ce dieu malicieux méritait une bonne baffe pour la peine, ce qu’elle fit sans attendre, cela même si son action secrète était peut-être ce qui lui avait sauvé la vie – elle réalisa en touchant sa peau qu’il était glacé, ce qui la fit presque sursauter. Il se passa une main sur la joue, grimaçant légèrement en frottant la zone où elle l’avait giflée… et constatant que sa main commençait à s’effacer.


Leur temps était bientôt écoulé…



—Ecoute, je suis désolé pour t’avoir caché cela mais j’ignorais que je n’aurais jamais le temps de te le dire de mon vivant, soupira Loki. En revanche, tu as à présent un avantage : cette garce doit surement te penser morte donc si tu peux la lui faire à l’envers comme elle me l’a faite, j’avoue que ça me ferait grandement plaisir…

—Encore faut-il que je tombe sur elle, fit remarquer Fairy qui n’avait aucune idée de qui était cette ennemie. Mais du coup… faut vraiment que j’apprenne à me servir de ces nouveaux pouvoirs.

—Oh, j’suis certain que tu vas t’en sortir ! J’ai toujours eu confiance en tes capacités à retomber sur tes pieds et cet endroit me semble être un bon terrain de jeu pour te faire la main.


Cela, c’était certain… et avec de la chance, elle pourra très vite envoyer cette sorcière au tapis et la laisser crapahuter seule dans la jungle… sauf si elle était assez forte pour l’écraser. Nan, elle allait pas prendre le risque finalement... 



—Merci de ta visite, dit-elle en souriant. J’étais ravie de te revoir.

—Moi de même douce fée, lui répondit-il alors que le bas de son corps avait presque entièrement disparu. Si t’as besoin de moi, mon esprit reste lié au Jugement et je t’ai laissé une entrée spéciale pour ta relique afin que tu sois immunisée. C’est le moins que je puisse faire pour me faire pardonner…

—J’en prends note même si je ne te cache pas que je ne compte pas y retourner avant TRES longtemps.


Ils partagèrent un léger rire puis, alors qu’il devenait de plus en plus translucide, Fairy lui envoya un baiser en guise d’adieu, baiser que Loki attrapa au vol pour ensuite le serrer contre son cœur en souriant avant de totalement disparaître, ne laissant derrière lui que les sons de la jungle et une brise légèrement humide.


Bien qu’elle était triste qu’il soit parti, elle se sentait bien mieux, comme si son cœur venait d’être allégé d’un énorme poids. En revanche, sa venue était quand même très opportune… et elle se demanda si cette sorcière n’y était pas pour quelque chose…


Après une courte nuit de sommeil, Fairy retrouva Astarté qui, cette fois-ci, s’était coiffée.  Elle avait pris un peu de temps pour réfléchir à ce qu’il s’était passé et, surtout, au fait que Loki ait mentionné que l’on avait utilisé ce qu’il restait de lui pour l’invoquer, une technique qu’elle ignorait être possible… du moins en Elysia – s’il y avait des reste des Olympiens, c’était au sein de leurs reliques vu qu’elles étaient fortement imprégnées de leur magie. Mais réussir à appeler un dieu, ce n’était pas la portée du premier venu…



—Je vois que tu as l’esprit plus clair à présent, lui fit la sorcière avec un léger sourire amusé. La nuit t’a porté conseil ?

—Tu le sais déjà cela, répondit Fairy, à présent certaine qu’Astarté avait tout entendu de sa conversation avec Loki. Qui es-tu au juste ?

—Quelqu’un qui s’intéresse aux différentes formes de magies dans le monde… même celles que l’on tente de faire oublier.


Elle réfléchit un instant puis, se souvenant de la liste de supplices évoqués par cette magicienne, elle se rappela la nature de ceux-ci et estima juste de rayer Midgard de la liste vu que ce n’était pas trop dans leur culture vu qu’ils étaient plus du genre à cogner qu’à torturer. Elysia pouvait aussi être rayé car même s’ils étaient imaginatifs, elle doutait que les scarabées de ce style leur soit accessibles, ce qui, en se basant sur le fait que cette sorcière et elles parlaient la même langue sans problème, ne laissait qu’une seule possibilité…



—Vous venez d’Heaven, n’est-ce pas ? supposa Fairy qui se souvint que cette contrée était la plus ancienne qu’elle connaissait. Il n’y a que là-bas qu’ils étudiaient tout et n’importe quoi…

—Une contrée pleine de mystères, de temples et de sable… éluda Astarté avec un sourire amusé. Et toi, tu m’as surprise. Amie avec le dieu Loki ? Je ne l’avais pas vue venir celle-ci.

—Vu que tu as entendu, la magicienne dont il a parlé, Bérénice, tu la connais ? Je me doute que c’est pas toi car je pense que je m’en serais aperçue…

—Le nom ne me dit rien mais en même temps, je ne suis jamais allée à Midgard. Trop froid pour moi. Après, je suis coupée depuis longtemps des autres sorciers donc je ne connais plus personne, ce qui n’est pas plus mal en soi. Cependant, j’ai bien senti des perturbations fortes à certaines périodes, probablement liées aux chutes des grands empires de la magie… Actuellement, j’essaie de savoir quel genre de magie cette jungle renferme et quelle civilisation s’en servait mais le chemin est loin d’être facile avec toute cette végétation.


Manifestement, cette sorcière tordue avait trouvé comment rendre leur échange équitable…



—En gros, tu veux me faire bosser mes nouveaux pouvoirs pour que je te dégage le passage, en conclut Fairy qui jugea cela correct. Autre chose ?

—On verra bien en progressant mais je veux bien renoncer à toucher à ton pendentif si tu me parles des autres reliques d’Elysia, proposa Astarté avec intérêt. D’un point de vue magique, vous êtes très matérialistes j’ai l’impression alors qu’à l’opposé, les dieux d’Heaven n’ont rien laissé de ce genre derrière eux… Leur héritage magique est plus immatériel.

—Je pense que nous pouvons nous entendre sur cela.


D’une poignée de main, elles scellèrent leur accord puis se mirent en route afin de percer les mystères de cette jungle.

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