Ils n’avaient pas attendus pour quitter Forgotten Hollow : Dimitri ne comptait pas y revenir avant très longtemps donc Lucinda et lui étaient partis avec le peu d’affaire que chacun y avait – le vampire n’avait quasiment pas de biens, ayant caché ce qui avait le plus de valeur dans les sous-sols de l’Opéra afin d’éviter de se faire voler quoique ce soit en son absence. La jeune femme et lui s’étaient d’abord arrêtés à Newcrest pour récupérer certains objets précieux pour les revendre ensuite à un antiquaire avant de partir pour San Myshuno d’où, le lendemain, ils devaient partir en bateau pour Winderburg.
—Bon, vous êtes prêts pour le grand voyage ? leur demanda Matéo sur les quais de San Myshuno.
—La nuit aura été longue mais ça en valait la peine je trouve, ajouta Giulia avant de retenir un bâillement. J’vais bien dormir moi.
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Parce que Matéo savait tout, Lucinda avait décidé qu’aller chez lui pour préparer leur escapade était le plus judicieux, ce qui s’était avéré juste. Pendant qu’elle avait, avec sa jumelle, fouillé dans la grosse quantité de vêtements qu’elle avait pour trouver quelque chose qui conviendrait au rôle qu’elle devait jouer, Dimitri avait contacté les agents du S.I.M.S. pour les tenir informés de la situation et pour leur demander s’ils pouvaient régler un petit problème qui risquait de se poser lors de l’embarquement… et dont la solution fut laissée au petit matin dans la boîte aux lettres : deux passeports au nom de monsieur et madame Jefferson ainsi qu’une perruque blonde que la jeune mannequin avait mise avec l’aide de son frère.
—N’oublies pas, rappela Lucinda à sa sœur. Pas un mot à Monica ! Pour elle, je suis sous protection policière le temps qu’officiellement, cette affaire se tasse…
—T’inquiète ! fit Giulia avant d’esquisser un sourire moqueur. Et puis au pire, si y a un souci, je peux me faire passer pour toi. Les paparazzis se feront avoir à coup sûr !
—A condition que tu n’ouvres pas la bouche, ajouta Dimitri qui avait suffisamment côtoyé les jumelles pour avoir repéré leurs différences de caractère.
—Oui bon… j’éviterai de trop leur dire d’aller se carrer leur appareil photo là où je pense…
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Pendant que Lucinda rappelait certains détails du plan convenu à sa sœur, Dimitri était un peu mal à l’aise… Depuis son arrivée chez le cuisinier, Matéo n’arrêtait pas de le jauger, ce qui était plutôt logique mais le vampire était incapable de dire ce que l’aîné de cette fratrie pouvait bien penser de lui.
—Nous sommes d’accord pour dire que ma sœur est en sécurité ? demanda le cuisinier.
—Elle est capable de se défendre seule, je peux l’attester, lui répondit Dimitri en essayant de cacher son malaise. Mais ça ne m’empêchera pas de garder un œil sur elle, soyez-en certain.
—Bien… Et tu peux me tutoyer tu sais.
—Une autre fois peut-être. Nous ne nous connaissons pas assez…
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Quand il eut prononcé ces mots, Giulia lâcha un sifflement admiratif.
—Bien joué Longs-crocs ! le félicita celle aux cheveux bleus. T’es le premier à ne pas tomber dans le piège fourbe du frangin…
—Tu exagères Giulia, soupira Matéo.
—Ah oui ? Alors pourquoi tous les petits copains de Monica qui ont accepté cette proposition sans hésiter ont rompu avec elle au bout d’une semaine ? Elle est sure que tu y es pour quelque chose et moi aussi…
—Est-ce de ma faute si elle n’est pas capable de choisir quelqu’un de sérieux ?
—C’est vrai que… D’ailleurs, c’est quand que tu te trouves une copine toi ?
Le cuisinier lâcha un soupir d’exaspération tandis que le vampire se dit qu’il allait peut-être faire plus attention à Matéo Gregorio à l’avenir…
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—Ne t’inquiète pas Matéo, lui dit Lucinda. Dès que nous aurons fini ce que nous avons à faire, nous reviendrons à San Myshuno.
—Ce n’est pas comme si nous avions le choix, précisa Dimitri en soupirant. J’ai promis aux Vatore de leur trouver un appartement avec le moins de lumière possible et vu que je n’ai plus de maison, il faudra bien que j’habite quelque part en sachant que l’Opéra n’est plus envisageable…
Il ne remerciait pas Straud pour ça… Le maître de Forgotten Hollow en savait un peu trop sur le bâtiment à son goût donc en conclusion, il ne valait mieux pas qu’il retourne y vivre et ce, même si cela lui fendait le cœur de laisser derrière lui ce lieu qu’il adorait.
—Je peux faire la recherche pour vous si vous le souhaitez, leur proposa le cuisinier. J’ai un agent immobilier parmi mes clients réguliers donc je peux toujours lui demander ce qui est sur le marché.
—Dis-lui que c’est pour ta sœur rockeuse qui a besoin de se faire un studio d’enregistrement, ajouta Giulia. Ca devrait rendre la recherche plus crédible.
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Après avoir accepté l’offre de Matéo en lui précisant quelle somme il pouvait investir, le son d’une corne de brume retentit, attirant leur attention vers le port.
—On dirait que c’est bientôt l’heure pour nous d’y aller, fit remarquer Dimitri.
—Oui, approuva Lucinda. Il vaut mieux ne pas être en retard pour l’embarquement.
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C’était l’heure des adieux… Matéo enlaça sa sœur avec empressement.
—Porte-toi bien Lucy, dit-il à sa cadette.
—Toi aussi Matéo, lui dit-elle. Bonne chance avec Monica.
—Bah ! fit Giulia avec un sourire moqueur. Si elle nous enquiquine, on lui trouvera un mec et des chèques-cadeaux pour s’acheter des fringues. Ca l’occupera…
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Dimitri serra la main de Matéo avant que celui ne s’en aille, devant se préparer à aller prendre son service au restaurant.
Les deux jumelles étaient à présent face à face… et Giulia lâcha un léger rire moqueur.
—Ca te va vraiment pas les cheveux blonds, lui dit-elle. T’as pris dix ans d’un coup !
—Au moins j’ai eu l’effet voulu, fit Lucinda en haussant les épaules.
—Ca c’est certain… Et je saurais grâce à toi que je ne dois surtout pas me décolorer ma tignasse !
La jeune mannequin eut un rire amusé au commentaire de sa sœur.
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—D’ailleurs, ça risque d’être marrant le trajet avec Longs-Crocs, poursuivit Giulia à voix basse. Lui qui, de ce que j’ai vu, adore rencontrer du monde, il va tirer la tronche tout le long ! Suffit de voir la tête qu’il faisait face à Ezek…
—Il a l’ouïe fine je te signale… l’avertit Lucinda en grinçant des dents.
—Trop fine à mon goût par moment, confirma Dimitri en grognant. Et j’ai le droit de ne pas apprécier quelqu’un.
—Oups…
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En croisant le regard lourd de menaces du vampire, Giulia ne s’attarda pas et s’en alla, ayant apparemment des amis à rejoindre au Quartier des Arts. Quand elle fut enfin hors de vue, Dimitri soupira d’exaspération, ce qui amusa bien Lucinda.
—Je sais, elle est agaçante des fois, lui dit-elle. Monica l’est aussi mais d’une autre manière.
—Les réunions de famille doivent être joyeuses chez toi, constata le vampire en se basant sur le peu qu’il savait sur la famille Gregorio.
—Assez oui.
—Bon, tu es prête pour jouer ton tout premier rôle sur scène ?
—Honnêtement, j’ai un peu le trac… J’ai peur de faire une bêtise.
—Si cela peut t’aider, fais l’inverse de ton travail de mannequin et évite le plus possible de garder la pose. Si on te pose des questions qui ne te plaisent pas, essaie de rester évasive. Après, même si j’ai pu voir que les femmes avaient gagné pas mal de libertés, nous sommes encore dans une société plutôt machiste donc si tu te montre discrète, ça devrait être bon.
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—D’accord… Donc nous devons jouer un couple marié…
—Si quoique ce soit te met mal à l’aise…
—Non, ça ira. Je sais que tu ne me feras jamais de mal.
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En entendant ces mots, Dimitri lui sourit puis il tendit sa main vers elle. Lucinda la prit et tous deux se rendirent au quai d’embarquement, prêts à poursuivre cette étrange aventure qu’ils avaient tous les deux commencée. Ils ignoraient ce qui les attendaient à Winderburg mais ils avaient le temps de s’y préparer…
Loin de là, à Winderburg, Margaux constatait que tout se déroulait comme prévu. Le bateau était en route pour un voyage de quelques jours, temps nécessaire pour que le Ténébreux et la Lumineuse se familiarise avec leurs pouvoirs et soient prêts pour le grand jour…
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Elle savait ce qui lui restait à faire à présent… et en entendant fredonner l’air du fantôme de l’Opéra, son esprit se recentra sur ses affaires les plus urgentes.
—C’était bien Forgotten Hollow ? lui demanda son cher petit frère en venant la rejoindre. Paraît que c’est sympa comme coin…
—Non, tu n’iras pas à l’Outre-Tombe avant un bon moment, le coupa Margaux, connaissant bien son cadet. Tu profites déjà assez des bars étudiants, ce qui est risible quand on connait ton sérieux avec les études.
—Dommage… D’après Bel’, l’ambiance est géniale là-bas !
La sorcière fronça les sourcils, fixant son cadet d’un œil noir.
—A moins que tu ne veuilles des acouphènes jusqu’au prochain siècle, je te recommande vivement de te concentrer Sirius…
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Un rire gêné échappa à Sirius en entendant cette menace.
—Désolé, dit-il en se grattant brièvement l’arrière du crâne. C’est que les recherches sur ces fichues coffres n’ont pas donné tout ce que j’espérai…
—Tu n’en a trouvé aucun ? le questionna Margaux.
—Oui et non. En fait, je suis quasi certain qu’en comptant ceux qui ont été détruit depuis la séparation des Tomes, six ont été anéantis à cause, justement, de leur quantité trop forte de corruption. Je pense même que l’un d’eux à été réduit en miettes par Vladislaus Straud vu que je perds sa trace juste avant la fondation de Forgotten Hollow.
—J’en conclus que c’est le dernier que tu n’as pas trouvé…
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Un long soupir de dépit échappa à Sirius.
—Oui, admit son frère. Je suspecte un collectionneur de l’avoir en sa possession sans le savoir et là, on va s’amuser pour le localiser, surtout si cet Ezekiel se met dans nos pattes…
—Il n’a pas encore réalisé je pense, déclara Margaux. Par contre, quand il comprendra, il va certainement venir ici et pour cette raison, il va falloir que l’on s’occupe de notre invitée sans tarder…
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