Lucinda leva son poing, prête à frapper Nigel encore et encore et ce, jusqu’à ce qu’il en meure…
« J’ai peut-être eu tord en t’imposant cette vie mais sache que je ferais tout ce que je peux pour t’aider. C’est une promesse. »
Elle se figea, ces mots résonnant dans sa tête comme un écho. C’était ce que lui avait dis Dimitri pour la ramener à la raison… et soudan, elle réalisa la gravité de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Si elle ne s’était pas arrêtée à temps, elle aurait tué ce tueur en série. Or, ce n’était pas ce qu’il méritait et vu son regard, il attendait clairement qu’elle lui règle son compte.
Il ne comptait pas essayer de se défendre… ce qui la poussa à baisser son bras et à reprendre sa forme humain.
—La justice décidera de ton cas, lui dit-elle d’un ton sec. Te tuer ne ramènera pas ceux à qui tu as ôté la vie et n’aidera personne à faire son deuil.
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En entendant ces mots, Nigel cessa de lui faire un sourire narquois et se mit à la fixer avec dédain.
—Je vois, dit-il. Tu as fait ton choix…
—Et je ne reviendrais pas dessus, l’avertit Lucinda.
—Bien… Mais ça ne te dira pas où est le vampire…
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Oh mais maintenant qu’elle avait compris que Nigel la provoquait pour qu’elle lui règle son compte, elle pouvait réfléchir. En se fiant au peu d’avance que Dimitri avait sur elle et le fait que Margaux l’avait délibérément orientée ici ainsi que le fait qu’elle aussi l’avait provoquée au départ, Lucinda en avait déduit qu’il ne devait pas être très loin… voire même dans cette maison car l’assassin avait admis qu’il n’était pas son type de victime donc logiquement…
Un examen rapide du sol et des murs lui indiqua que la poussière n’avait pas été faite depuis longtemps mais des traces étaient visibles et les plus nettes allaient vers une pièce sur la droite. Elle ouvrit la porte et tomba sur le regard surpris d’un vampire qu’elle commençait à bien connaitre.
—Lucinda ?
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Elle s’avança vers lui mais Dimitri lui fit signe de reculer.
—Non non non ! s’exclama-t-il. Si tu avances encore, tu vas te faire piéger toi aussi !
—Quoi ? demanda-t-elle avant de remarquer le cercle tracé au sol… et dans lequel elle venait de poser un pied.
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Sauf qu’au lieu de se retrouver coincée à son tour, Lucinda vit les bougies émettre une brève lumière vive… avant de s’éteindre brutalement. Elle haussa un sourcil en voyant cela tandis que Dimitri semblait assez surpris de ce qu’il venait de se passer. Avec son pied, elle effaça rapidement un morceau du cercle afin de, logiquement, rendre ce piège inutilisable.
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—Qu’est-ce qu’il s’est passé au juste ? demanda Dimitri qui avait constaté qu’il était à nouveau libre de ses mouvements. Le piège à démons aurait dû te bloquer avec moi…
—A tout hasard, connaîtrais-tu son mode de fonctionnement ? le questionna Lucinda qui avait sa petite idée sur le sujet.
—Ce sale rat a pris un malin plaisir à me l’expliquer… A priori, ce truc piège les personnes avec une part importante de ténèbres…
—Et j’ai dû le désamorcer en marchant dedans vu que ma part dominante, d’après Ezekiel, est la lumière.
Dimitri la fixa avec de grands yeux avant de se mettre à faire la grimace en grognant quelques paroles – Lucinda n’en saisit que quelques bribes mais apparemment, son ami vampire n’était pas très fan du sorcier…
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Amusée par les réactions de son ami, Lucinda se laissa aller… et l’enlaça, un geste qu’elle faisait surtout avec sa famille. Dimitri se figea sur le coup, cessant de maugréer contre le magicien.
—Lucin- commença-t-il, étonné.
—Je suis contente que tu ailles bien, le coupa-t-elle. Je m’en serais voulu si tu étais mort en voulant m’aider.
En entendant ces mots, Dimitri soupira puis l’enlaça à son tour… tout en la gratifiant d’une légère tape derrière la tête.
—Ne t’amuse plus à partir seule comme ça, lui dit-il. Ca nous évitera des soucis à tous les deux.
—Promis.
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Ils se séparèrent puis Dimitri reprit sa forme humaine, laissant échapper un soupir de dépit.
—Je suis quand même fautif dans cette histoire, admit-il. J’aurais dû t’emmener avec moi et ça n’aurait pas mis ta sœur en danger.
—Si ça peut te rassurer, si tu ne t’étais pas absenté, je serais peut-être passée à côté du fait que Garry Coop s’intéressait au surnaturel, lui dit-elle. Nous serions peut-être encore en train de chercher la piste de Nigel à l’heure qu’il est et il aurait eu le temps de faire d’autres victimes.
—C’est surtout vis-à-vis de Straud que je me sens coupable. Si j’avais su ses vraies intentions à ton sujet, jamais je ne l’aurais informé des évènements de l’Opéra.
—C’est moi la fautive ici. J’aurais dû te dire qu’il était mon professeur à la fac et que j’avais deviné qu’il était un vampire.
—Au final, il nous avait bien berné tous les deux.
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Lucinda était malheureusement d’accord avec lui. Elle avait bien retenu la leçon concernant Straud et à l’avenir, elle essaiera de prendre plus exemple sur la méfiance de sa chère jumelle…
—Par contre, où est Cor- commença Dimitri avant de s’interrompre. C’est vrai que tu ne le connais pas sous ce nom… Où est ce sale rat de Nigel ?
—Probablement parti, supposa la jeune femme. Il a essayé de me pousser à le tuer mais je ne lui ai pas fait ce plaisir…
Cette réponse arracha un sourire au vampire.
—Tu as fait le bon choix, lui dit-il. Par contre, si on le traque à nouveau, il va falloir que l’on se méfie…
—A nous deux, nous devrions très vite le rattraper je pense !
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D’un pas rapide, ils quittèrent cette sinistre chambre pour partir de cette maison abandonnée et reprendre la traque du tueur en série… mais à peine eurent-ils rejoint la pièce de vie que tous deux s’arrêtèrent net en découvrant, au sol, le corps inerte de Nigel.
Lucinda avait étouffé un cri d’horreur puis détourné le regard tandis que Dimitri, remit de l’effet de surprise, alla examiner la scène. Quand elle tourna de nouveau la tête vers cela, le vampire lui fit signe que c’était fini.
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—Il est encore chaud, lui déclara Dimitri avec sang-froid. Les verres de ses lunettes sont cassés, probablement quand sa tête a touché le sol, et je n’ai vu aucune marque indiquant qu’il se serait battu ou autre.
—Il serait… tombé raide… mort ? demanda la jeune femme, encore sous le choc. Mais je… je suis sure qu’il était…
—Je te crois, ne t’inquiète pas. Quelque chose t’a paru étrange avant de le quitter ?
—Pas vrai-…
Puis soudain, Lucinda eut un déclic : la seule chose suspecte qu’il avait faite devant elle et qui pourrait expliquer cela, c’était le verre qu’il avait bu…
—La citronnade, réalisa-t-elle avec horreur. Il s’est empoisonné devant moi, sans même que je puisse m’en douter une seule seconde ! Il a… Il…
—Calme-toi, lui dit doucement Dimitri. Nous allons sortir d’ici, prévenir le S.I.M.S. pour qu’ils prennent le relais puis on va tous les deux retourner chez moi à Forgotten Hollow. D’accord ?
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Il avait été clair, vu la réaction qu’avait eue Lucinda, qu’elle n’avait jamais vu de cadavre jusqu’à aujourd’hui. Qui plus est, comment aurait-elle pu prévoir que celui qui avait voulu la tuer avait prévu de se suicider ? Dimitri nota dans un coin de sa tête qu’il ferait mieux de la tenir à l’œil car cela risquait de la hanter un moment…
Sur le trajet du retour, il n’avait pas vraiment été surpris de la voir trembler comme une feuille par moment, ce qui l’avait poussé à maintenir une certaine proximité avec elle dans le bus puis quand ils étaient à pied. Lorsqu’ils furent en vue de Forgotten Hollow, il lui avait tenue la main jusqu’à ce qu’ils soient chez lui et à ce moment là, elle avait commencé à se sentir mieux.
Dimitri lui avait indiqué où était la salle de bain pour qu’elle puisse se doucher puis il s’était installé devant la chaîne info pour voir ce qui se disait. A priori, il y avait eu plusieurs arrestations au sein des services de police mais rien ne liait cet évènement à Dexter Coroner, probablement parce que le S.I.M.S. devait être en train de l’autopsier. Officiellement, l’enquête était encore en cours…
Son ouïe fine perçut le son du vibreur de son téléphone portable qu’il avait laissé dans la poche de sa chemise. Il se leva pour aller voir qui essayait de le contacter et vit qu’il avait reçu un SMS venant des deux agents du S.I.M.S. qui lui confirmait que le cadavre de la maison à Willow Creek était bien Dexter Coroner. C’était donc terminé…
Dimitri retourna regarder la chaîne info qui diffusait un reportage sur les Festivals de San Myshuno quand il entendit Lucinda descendre l’escalier…
—J’ai fini. Si tu veux y aller…
… et qu’il buggua en réalisant qu’elle ne portait qu’une simple serviette.
Dimitri se retint de justesse de la détailler de bas en haut – il devrait pourtant avoir l’habitude vu le nombre de fois où il avait croisé des filles en petites tenues dans les coulisses durant sa carrière mais cela faisait tout de même un moment que ce n’était pas arrivé – tandis qu’elle s’installait à côté de lui.
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—Euh, Lucinda ? demanda-t-il, un peu gêné.
—Oui ?
—Je me doute que ton métier fait que tu dois être habituée à ce que l’on te regarde peu importe ta tenue mais cela doit faire environ soixante quinze ans que j’ai perdu l’habitude de voir des femmes peu vêtues si tu vois ce que je sous-entend…
—Désolée ! Je n’avais pas pensé que… Je vais aller m’habiller !
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Tandis qu’elle remontait vite à l’étage, Dimitri laissa échapper un soupir de soulagement, certain à présent que ceci devrait éviter de se reproduire durant le peu de temps où elle restera encore chez lui. D’ailleurs, quand pourra-t-elle retourner chez elle ? Tant qu’elle est vampire, ce sera compliqué pour elle donc il faudra probablement passer par Ezekiel pour qu’elle redevienne humaine… ce qui ne l’enchantait pas. Qu’est-ce qu’il détestait avoir des dettes…
Sa vieille télévision se mit à lui faire un caprice et le vampire se leva en grognant pour essayer de faire revenir l’image, ce qu’il parvint à faire en replaçant correctement cette vieille antenne. Il venait de terminer quand Lucinda revint, cette fois-ci avec ses vêtements.
—C’est mieux ? demanda-t-elle, un peu gênée.
—Beaucoup mieux, lui répondit-il.
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Il allait lui proposer de regarder un film quand un bulletin spécial attira leur attention. Ils s’installèrent sur le sofa pour le suivre et virent ainsi que c’était officiel : le tueur en série qui avait terrorisé la population était hors d’état de nuire. La version donnée était qu’il était mort durant l’assaut de son domicile par les autorités et que toutes les preuves de sa culpabilité avaient été trouvées sur place. Son identité était, semblait-il, tenue secrète par les forces de l’ordre mais Dimitri suspectait que le S.I.M.S. refusait que les médias apprennent que c’était un ancien médecin légiste qui avait tué toutes ces personnes.
Les journalistes étant en train de se répéter, le vampire changea de chaîne et tomba sur une représentation filmée du Barbier de Séville. A la scène où Bartholo interrogeait Rosine sur le destinataire de la lettre qu’elle avait écrite, Dimitri sentit un poids sur son épaule puis vit que c’était Lucinda qui s’était endormie sur lui.
—Lucinda ?
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Aucune réponse autre que sa respiration, lente et profonde. Elle n’allait pas se réveiller avant un moment.
Après toutes les émotions qu’elle avait eues, Dimitri trouvait logique qu’elle soit épuisée. Il la laissa donc tranquille et se concentra sur la pièce de théâtre, attendant qu’elle se termine pour envisager d’aller monter la jeune femme dans sa chambre.
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Quelque part à Forgotten Hollow, quelqu’un les avaient discrètement observés avant de s’estimer satisfait… puis Margaux avait décidé qu’il était temps pour elle de vérifier que ses autres affaires avançaient bien. Avec sa magie, elle prit contact avec la personne qu’elle avait chargé d’être ses yeux et ses oreilles à Winderburg…
—Margaux ? Tu as fini ?
—Pas tout à fait. J’ai encore une partie de mon marché avec Nigel Duspeti à honorer vu qu’il a accepté de se donner la mort.
—Whaou… Il était sacrément dérangé ou bien tu as dû lui faire une très belle offre pour qu’il accepte.
—Un peu les deux… Et tu as trouvé ce que je t’ai demandé à Oasis Springs ?
Il y eut d’abord un soupir agacé puis son interlocuteur et complice reprit.
—Il y avait bien des traces de corruption mais l’origine a dû être détruite par Flamberge je pense il y a quelques années quand les Saharas l’ont trouvée. Seulement, c’était déjà trop tard je pense…
—Encore une fois… En comptant la corruption de Sedna à Newcrest, cela fait trois fois que nous avons affaire à une corruption aussi violente dont la source est toujours la même…
—Ouais… Tu veux que je trouve les derniers coffres ? Les archives de Winderburg sont assez bien fournies j’ai l’impression…
—Fait. Moi je vais terminer ce que j’ai à faire puis je te rejoins.
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Elle coupa contact, n’ayant plus rien à lui dire pour le moment. Avec l’aide de sa magie, elle se rendit à San Myshuno où, si elle ne se trompait pas, celui qu’elle cherchait habitait. Elle ne mit pas longtemps à le localiser et put ainsi se présenter devant la porte de son appartement contre laquelle elle toqua doucement.
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Au bout de quelques secondes, la porte s’ouvrit sur un visage d’abord intrigué puis sincèrement surpris de la voir. Il la laissa entrer puis referma derrière elle.
—J’imagine que tu te souviens de moi ? demanda Margaux, connaissant déjà la réponse.
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A cette question, Matéo Gregorio ne put s’empêcher de lui sourire.
—Oh oui, je ne vous ai pas oublié après tout ce temps…
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