Leurs billets de train achetés, Dimitri et Giulia étaient monté dans le premier express pour Newcrest qu’ils avaient pu trouver mais celui-ci arrivait vers neuf heures du matin, ce qui n’était pas la meilleure des nouvelles. Ils avaient réussi à trouver une cabine vide pour eux deux et la jeune femme avait tout de suite baissé le store pour bloquer la lumière du soleil.
Le trajet était plutôt monotone si l’on exceptait Giulia qui râlait contre la décoration du wagon.
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Une annonce résonna : ils arrivaient à Newcrest dans dix minutes. Dimitri se sentait mal à l’aise à l’idée de sortir affronter le soleil. La dernière fois, c’était il y a plus de soixante-dix ans et il n’en avait pas gardé un bon souvenir…
- Bon, maintenant faut décider ce qu’on fait pour toi, lui dit Giulia en ramenant son sac à dos vers elle. J’ai acheté des trucs vite fait mai-
- C’est ça que tu faisais pendant que je prenais nos billets ?! s’exclama Dimitri en fixant le peu qui dépassait du sac. Tu comptes me changer en momie ?
- S’il le faut, oui !
- C’est le meilleur moyen d’attirer l’attention tu sais…
- J’ai aussi pris de la crème solaire mais j’y crois moyen.
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Après un passage en revue rapide de toute leurs solution possibles, ils estimèrent que le mieux était de vite courir dans une zone bien ombragée une fois le train en gare. Dès que les portes du wagon s’ouvrirent, Giulia attrapa Dimitri et tous deux entamèrent une course folle vers la première zone disponible à l’abri du soleil.
Cependant, le vampire sentait que quelque chose clochait… il avait pourtant souvenir que les brulures étaient immédiates et douloureuses mais là, rien.
- Giulia, tu veux bien qu’on avance jusqu’à la rue marchande ? avait-il demandé à la jeune femme alors qu’elle reprenait son souffle.
- Hein ?! s’était-elle exclamée avant de prendre cinq secondes pour récupérer. Elle est en plein cagnard !
- Justement…
L’instinct de Dimitri ne lui dictait pas de fuir comme il le ferait en temps normaux… qui plus est, il devait prendre en compte le fait qu’il avait gagné en puissance en même temps que Lucinda donc vu que elle, son truc, c’était l’hypnose, le sien devait être différent.
D’un pas assuré, le vampire se dirigea vers la rue marchande, Giulia sur les talons qui cherchait à ouvrir un parapluie récalcitrant. Il sentait la chaleur du soleil sur sa peau, une sensation qu’il avait pratiquement oubliée et qu’il redécouvrait comme si c’était la première fois. Par précaution, il préférait garder ses lunettes et son chapeau, ignorant si ses yeux supporteraient le choc si facilement.
Arrivés à destination, Dimitri se rendit à l’évidence : il avait, comme Caleb, développé une résistance au soleil.
- Je crois que tu as acheté tout ça pour rien, dit-il en riant, plutôt heureux de retrouver ses sensations de quand il était humain.
- Pas grave, fit Giulia en rangeant le parapluie. J’ai une copine à Winderburg qui saura en faire bon usage.
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Cette bonne surprise jouait en leur faveur : ils allaient pouvoir rattraper plus facilement Lucinda qui, elle, était contrainte de se cacher la journée. En se basant sur ce point, ils en déduisirent que le lieu le plus probable où elle pouvait être en train de se planquer sans attirer l’attention était chez elle et ce fut donc là-bas qu’ils se rendirent pour essayer de retrouver sa piste.
- Pas de signe de la voiture des Vatore, remarqua Dimitri.
- On va quand même vérifier la maison, dit Giulia avant de grogner. Sauf que c’est le voisin qui a le double des clés à tous les coups. On peut toujours tenter la fenêtre…
- Non, on va prendre le double et je vérifierai les lieux. Si elle a de nouveau succombé à ses ténèbres, elle peut te faire du mal sans le vouloir.
- Ca marche. En prime, si l’autre DJ a vu un truc, il nous le dira.
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Ils allèrent donc à côté et furent surpris de voir la porte d’entrée grande ouverte. Une odeur de peinture fraiche était perceptible et, à l’intérieur, Dimitri sentit le parfum de l’alcool.
- Quelqu’un est allé au Matsuri on dirait, lui fit remarquer Giulia à voix basse. Par contre, c’est quand même un peu bête d’y aller juste pour acheter une bouteille d’alcool vu tout ce qu’on peut y trouver.
- Je ne sais pas, les personnes comme moi n’y sont pas les bienvenues, lui déclara Dimitri, ayant encore en mémoire les blessures que Lilith y avaient reçus suite à une altercation avec les chasseurs de démons du quartier asiatique.
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Comme il leur fallait la clé, Giulia s’assit au bar pour parler à Jordan qui semblait un peu à l’ouest…
- Salut le DJ ! lança la jeune femme. C’est pas une bonne idée tu sais de te boire une bouteille entière.
- Hein ? fit Jordan, semblant réaliser qu’ils étaient là. Salut Giu’. Et j’ai à peine commencé… j’sais plus trop pourquoi en fait. J’regardai la téloche et POUF ! J’me réveille là…
Soudainement pris d’un doute, Dimitri se demanda si ce Jordan n’avait pas reçu la visite de Lucinda avant la leur. Si elle l’avait hypnotisé, cela expliquerait l’amnésie…
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Laissant Giulia le cuisiner, Dimitri fit un tour rapide de la maison. Une légère odeur d’ammoniaque le saisit aux narines dans l’une des chambres et il compris ce que Lucinda avait pu faire ici : elle avait trouvé qui était son agresseur. Or, Jordan était toujours là mais pas elle donc celui qu’elle pistait n’était pas ici…
Ce qui l’interpella le plus, ce fut le jardin : une zone semblait avoir eu des plantes mais toutes avaient été arrachées et pas forcément de la meilleure des manières. Celui qui avait fait ça devait être pressé…
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Son inspection finie, Dimitri retourna à l’intérieur où Giulia discutait toujours avec un Jordan encore un peu dans le brouillard.
- Dites-moi, les coupa le vampire. Vous vivez seul ici ?
- Maintenant ouais, répondit le DJ en grimaçant. Nigel s’est barré du jour au lendemain avec toutes ses affaires. Il a même embarqué ce qu’il avait planté dehors !
- Ses plantes ? s’étonna Giulia. C’était quoi au juste ?
- Boarf. Des trucs aromachin… D’la lavande j’crois et ce truc qui te donne une haleine de chacal…
- De l’ail ? proposa Dimitri.
- Ouais ! c’est ça !
Dexter Coroner et ce Nigel n’étaient probablement qu’une seule et même personne s’il avait jugé bon de retirer ces plantes. Son ex-colocataire avait de la chance d’être encore là…
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Etant quasi certain que Lucinda était passée ici avant eux, ils essayèrent de tirer des informations de Jordan mais celles-ci étaient confuses à cause de l’hypnose dont il avait dû être victime. Ils savaient juste que Lucinda avait au moins cinq heures d’avance sur eux vu jusqu’à quelle heure remontaient les derniers souvenirs précis du DJ.
Quand il se mit à chercher son téléphone, Dimitri le fit à sa place et le trouva facilement sur le canapé. A tout hasard, il regarda la liste des appels récents…
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… et il vit que durant la plage horaire où Lucinda avait pu être ici, elle avait passé un coup de téléphone à un numé-… Quoi ?
Brusquement, Dimitri reposa le téléphone, ne voulant pas croire ce qu’il venait de trouver. Si c’était cela…
- Est-ce que des fois, vous vous souvenez que quelqu’un ait passé un coup de fil ? demanda-t-il, un frisson d’effroi remontant le long de sa colonne vertébrale.
- Heu… ouais, répondit Jordan en faisant un gros effort pour se rappeler. J’crois avoir entendu parlé d’un opétruc et d’un rencard… J’suis plus trop sûr.
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Sans prévenir, Dimitri sortit avec un mal crâne phénoménal. Les dernières informations qu’ils avaient recueillies n’étaient pas cohérentes ou alors, Lucinda lui avait sciemment caché cette information… ou bien ignorait-elle cela ? Si c’était le cas, elle ne savait pas dans quoi elle venait de mettre les pieds et Coroner ne sera probablement pas traduit en justice.
Mais si elle lui avait menti… Rien que l’idée qu’elle l’ait trompé lui donnait la nausée.
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Dimitri devait absolument se rendre à l’Opéra, seul lieu qui pouvait coller avec les dires de Jordan et qui serait assez tranquille pour un vampire cherchant à se cacher du soleil. Mais c’était sans compter Giulia qui vint lui barrer la route.
- Mais qu’est-ce que tu fiches Longs Crocs ?! s’exclama-t-elle, contrariée. Et tu vas où au juste ?!
- Pas tes affaires, lui dit le vampire, toute bonne humeur chez lui s’étant évaporée. Rentre chez toi.
- Pardon ?! C’était pas le deal ça !
- Je peux me débrouiller seul ! Maintenant, va-t-en !
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Il était parti d’un pas rapide, pressé de rejoindre l’Opéra pour y trouver Lucinda. Il fallait absolument qu’il sache… et il avait un très mauvais pressentiment.
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- Toi Longs Crocs, tu ne vas pas m’échapper…
Giulia était enragée. Pourquoi Dimitri l’avait laissée en arrière comme ça ? Et puis qu’est-ce qu’il lui arrivait au juste ? Pour tirer ça au clair, elle avait profité qu’il soit visiblement distrait pour le suivre jusqu’ici.
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Sans réfléchir, Giulia entra à son tour dans le Grand Opéra de Newcrest…
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