—Adieu.
La voix de Flamberge résonna dans la salle et Ezekiel ferma les yeux, attendant venir le coup qui allait le réduire lui et Iowa en deux tas de cendres. Il entendit les rires des Saharas qui se délectaient de leur fin prochaine…
… puis un cri de surprise de son ami et des cris d’horreurs parvinrent à ses oreilles. Il ouvrit les yeux pour s’apercevoir que Flamberge avait attaqué… les Saharas, brûlées vives par la puissante attaque magique dont elles venaient d’être victimes. Qu’est-ce que cela signifiait ?
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Le regard de braise de l’incarnation du Tome de feu se tourna vers eux. Elle eut un léger sourire et, d’un claquement de doigts, toutes les lumières de la salle redevinrent comme elles étaient au départ.
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—Là, je comprends plus rien.
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Iowa n’était pas le seul dans ce cas de figure. Ezekiel essayait de trouver une explication à ce brusque retournement de situation mais sa seule certitude était qu’ils n’étaient plus en danger.
—Je n’étais pas certaine que vous étiez venus pour moi. J’avais reconnu tes yeux sorcier comme ceux de Gabriel mais j’attendais d’en être sure avant de me décider.
—Attendez… vous voulez dire que depuis le début, vous étiez libre de vos actions ?
—Pas tout à fait. En réalité, j’attendais que quelqu’un vienne pour me ramener à la Tour Mirage. C’était tout ce que je désirais mais étant liée au Tome de feu je n’avais guère d’autre choix. Quand elles ont utilisé mon pouvoir sur Oasis Springs, j’ai eu espoir qu’un jour je retournerai là-bas.
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La volonté de Flamberge était plus grande que ne l’avait pensé l’apprenti sorcier. Elle avait ses propres désirs et prenait son temps avant d’agir. En l’occurrence, elle semblait être aussi dotée d’une grande patience.
Un bruit attira leur attention et ils virent, plus loin, une des deux statures de serpent se décaler, révélant un passage qui jusqu’ici était caché.
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—Je ne pense pas qu’il nous soit nécessaire de rester ici plus longtemps.
Sur ce point, les deux hommes étaient entièrement d’accord avec l’entité magique : ils avaient suffisamment risqué leur peau pour aujourd’hui. L’apprenti sorcier récupéra donc le Tome de feu avec prudence – certes, Flamberge lui avait assuré que les pièges étaient à présent désactivés mais suite à leur boulette monumentale après leur combat contre les Saharas, il restait méfiant – puis lui et Iowa suivirent l’être magique dans le passage secret.
Celui-ci n’avait rien d’intéressant, se limitant à une simple série d’escaliers qui menaient vers la surface… plus précisément juste derrière le temple, dissimulé maladroitement derrière des rochers et des cactus.
—Depuis le départ, on aurait pu atteindre la salle du trésor en une fois !
—Vous n’auriez pas pu ouvrir la porte sans être des Saharas ou sans ma magie. Vous étiez de toute façon forcés de passer directement par le temple lui-même.
Effectivement, c’était logique. Qui plus est, s’ils avaient choisi de suivre Samia et Samira par ce passage, ils se seraient certainement pris les pièges de plein fouet ainsi qu’une énorme boule de feu qui les auraient réduits à l’état de deux petits tas de cendres fumantes…
En voyant que ce qui les entouraient était petit à petit éclairé par les rayons du soleil et en se fiant à son ressenti, Ezekiel en conclut qu’ils avaient dû passer au moins toute la nuit dans le temple… voire même un jour entier car son estomac commençait à se rappeler à son bon souvenir, tout comme celui d’Iowa dont les gargouillements étaient assez sonores.
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—Je pense qu’il est temps pour nous de se restaurer un peu.
—Juste une chose Zeke : je ne sais pas pour toi mais moi, je me demande ce qu’il est advenu de cette ville, Heaven. Je n’ai rien vu dans le temple qui pourrait m’aider à en savoir davantage.
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—On ira fouiller après manger si tu veux.
—J’ai mieux à vous proposer.
Les deux hommes regardèrent Flamberge, intrigués.
—Il y a très longtemps, les Saharas m’ont forcée à détruire Heaven et, comme vous avez dû le voir, il n’en reste plus rien de visible à Oasis Springs.
—Oui, j’imagine que ceux qui sont venus s’installer ici ont construit par-dessus les ruines qui devaient rester. Beaucoup de choses ont dû être perdues à cette période.
—C’est très possible mais ce que vous ignorez, c’est que je n’ai détruit que ce qui était à découvert.
Les deux hommes échangèrent un regard intrigué, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. Voyant cela, l’entité magique leur fit signe de la suivre et ils descendirent tous trois un chemin visiblement abandonné.
—Hey ! Mais je suis passé par là pour arriver au temple ! Plus bas, tu peux rejoindre le parc.
—Il y a un embranchement juste ici.
Au lieu de les conduire plus bas, Flamberge emprunta un chemin qui les fit légèrement remonter jusqu’à une impasse… ou du moins, jusqu’à ce qui ressemblait fort à une mine qui avait été fermée.
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—Nous y sommes.
—Une vieille mine ?
—Oui et non. C’était effectivement une mine d’or à Heaven mais elle a ensuite servie d’archives aux érudits quand tout le métal précieux a été épuisé. Elle a été condamnée avant que je ne détruise la ville.
Ce fut là qu’ils comprirent : derrière ces planches se cachaient potentiellement un énorme trésor archéologique et qui relatait toute la partie que l’on croyait perdue sur l’histoire de la région. La renommé d’Oasis Springs allait grimper en flèche, la ville n’étant connu que pour son climat désertique ainsi que son centre spatial et ayant peu d’attrait touristique à l’heure actuelle – excepté peut-être la présence de quelques célébrités, d’un laboratoire scientifique.
Après avoir récupéré de quoi grignoter et des outils, les deux hommes mangèrent rapidement puis Iowa s’attaqua à arracher ces planches, débloquant ainsi la galerie sombre qui pouvaient les mener vers ce trésor tant convoité.
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—Mince ! Zeke, j’ai oublié ma lampe torche !
—Attends…
Un petit sortilège plus tard et le tunnel sombre était à présent éclairé… leur permettant de constater qu’ils avaient évité de peu de tomber dans un gouffre où passait une rivière souterraine.
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—C’est vachement haut…
—Iowa, ce n’est peut-être pas le bon moment pour avoir le vertige !
Leur frayeur passée, un pont de bois quelque-peu instable et une échelle plus tard, ils avaient atterrit dans une galerie au bout de laquelle ils virent de la lumière. Craignant tout de même d’arriver dans un autre coin d’Oasis Springs, ils poursuivirent leur route… pour découvrir une vaste grotte souterraine.
Probablement grâce à une ouverture en hauteur, les rayons du soleil éclairaient faiblement l’endroit, leur permettant de voir que ce qui avait été auparavant une mine avait effectivement été utilisé pour cacher des trésors archéologiques insoupçonnés.
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—Nous y sommes. Voici les derniers vestiges d’Heaven.
Heaven, une cité dont l’existence même avait été oubliée… et qui ne demandait qu’à être redécouverte depuis de très nombreuses années. Ces objets et ces documents étaient restés dissimulés aux yeux de tous pendant une éternité, attendant patiemment ceux ou celles qui seraient capables de venir jusqu’à eux.
Que contenait donc tout cela ? La curiosité était très forte et ce fut donc, mue par celle-ci, qu’Iowa et Ezekiel s’avancèrent vers ces merveilles, cela sous le regard amusé de Flamberge.
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Ils prirent une bonne dizaine de minutes pour faire le tour, trouvant des coffres, des œuvres d’art, des livres et bien d’autres choses qui étaient de précieuses mines d’informations pour un archéologue ou un historien.
L’aventurier avait pris un livre au hasard : celui-ci s’avéra être un registre commercial qui contenait la liste de tous les biens et denrées qui étaient importés dans la cité ainsi que ceux qui étaient exportés.
—Grenades, dattes, figues, vins… Tout porte à croire que le climat d’Heaven devait être proche de celui d’Al Simhara pour qu’ils puissent faire pousser ces arbres et avoir des exploitations vinicoles. Oasis Springs a perdu un sacré vignoble si je me fis à ces chiffres !
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Iowa continua sa lecture, se passionnant pour l’incroyable abondance de ressources dont disposaient cette cité et qui n’étaient plus accessibles aujourd’hui ou dans une quantité bien plus réduite comme les turquoises qui faisaient parties des principales exportations ainsi que le lapis-lazuli, très prisé pour décorer les plafonds des palais et temples. La culture du blé était bien moins présente qu’à Al Simhara, certainement parce qu’il n’y avait pas d’équivalent au fleuve Simil dans la région, mais cela était manifestement compensé par l’élevage de bétail ou de volailles.
De son côté, Ezekiel avait mis la main sur un livre de contes : les Mille et Uns Jours. La particularité de toutes ces histoires étaient qu’elles étaient toutes dans une autre histoire, racontées par une princesse qui, de cette manière, retardait à chaque fois d’un jour la sentence de mort à laquelle elle était destinée.
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Il avait ensuite posé ce bouquin pour en prendre un autre dans la pile et qui s’avéra contenir exclusivement des croquis, tous réalisés avec de l’encre et ce avec le plus grand soin. Ils s’étaient très bien conservés et l’on pouvait voir des esquisses de maisons, de jardins, d’animaux…
A la fois amusée par ces deux humains qui ressemblaient à présent à deux enfants et satisfaite que la mémoire d’Heaven n’avait pas disparue avec le temps, Flamberge était heureuse. A présent, elle ne quittait pas le temple des Saharas par obligation suite à la destruction de la cité qu’elle avait si bien connue mais parce qu’elle le voulait. Elle avait aimé la Tour Mirage et n’aspirait plus qu’à y retourner, n’ayant plus aucune raison de protéger ces trésors.
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Au bout de deux bonnes heures, les deux hommes avaient décidé de retourner à Oasis Springs pour informer les autorités locales de cette découverte ainsi que la presse et le conservateur du musée. L’apprenti sorcier avait annulé l’invocation de Flamberge puis accompagné son ami en ville avant de revenir avec lui aux mines en compagnie de deux policiers, d’un journaliste et d’un photographe.
Cette nouvelle, accompagnée des baisses de températures dues à la désactivation du Tome de feu, avait été accueillie avec joie par la population et surtout par le maire qui y voyait une bonne manière d’améliorer le tourisme. L’Echo de Simcity, un journal étrangement connu pour ne faire que des éditions spéciales, fut le premier à annoncer la nouvelle dans le pays.
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Trois jours plus tard, après avoir donné un coup de main pour les fouilles en attendant la venue d’un professeur de l’université de Winderburg et de ses étudiants, Ezekiel était prêt à rentrer chez lui pour ramener le Tome de feu en lieu sûr et libérer ses parents de cette malédiction. Iowa avait insisté pour l’accompagner à la gare afin de manger ensemble.
—Tu sais Zeke, ça me fait drôle de me dire que je ne vais pas te croiser avant un moment.
—Moi aussi. Je me suis habitué à t’entendre ronfler la nuit !
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L’aventurier grimaça à cette remarque, marmonnant qu’il ne ronflait pas, faisant rire le magicien. Ils échangèrent quelques banalités avant d’entamer le sujet de leurs avenirs respectifs.
—Alors comme ça, tu vas donner des conférences sur Heaven ? Toi qui n’aime pas la foule, ça va te faire drôle.
—Je sais mais quand tu as affronté un temple truffé de pièges, deux sorcières qui dansent super bien et une boule de feu vivante, une salle pleine d’étudiants me semble être un challenge plus qu’acceptable à présent. Et pour toi à part ton histoire de malédiction ?
Honnêtement, il n’y avait pas du tout réfléchi. La seule chose qu’il pourrait éventuellement faire à son retour, ce serait se rendre dans ce parc où il allait enfant et voir si elle avait déménagé ou non mais sans connaître son nom, cela risquait d’être compliqué…
—Excepté retrouver une amie d’enfance qui a surement dû beaucoup changer depuis la dernière fois que je l’ai vue, je n’ai aucun projets.
—As-tu pensé t’inscrire à l’université ? Tu n’as pas besoin d’avoir un dossier scolaire si tu réussi l’examen d’entrée pour celle de Winderburg.
Ca, c’était une idée. Lui qui aimait bien apprendre, ce serait l’occasion pour lui de savoir enfin ce qu’était l’école, même si ce n’était que celle des adultes. Qui plus est, c’était l’endroit parfait pour rencontrer des personnes avec les mêmes centres d’intérêts que lui. Après, il ne lui restait qu’à se choisir un cursus, ce qu’il avait plus que le temps de faire.
« Le train 6829 à destination de Bridgeport entre en gare. Il desservira Lucky Palms…»
—Faut que j’y aille.
Ezekiel se leva de sa chaise et tendit une main à Iowa mais celui-ci, au lieu de la lui serrer, décida de le prendre dans ses bras pour une étreinte amicale.
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—Rentre bien chez toi Zeke et donne-moi de tes nouvelles.
Le magicien sourit et serra son ami contre lui.
—Pas de souci Iowa.
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Puis ils se séparèrent et échangèrent une bonne poignée de main. Ezekiel se rendit sur les quais, un sac acheté la veille dans lequel il avait mis le Tome de feu dans sa main gauche tout en cherchant son billet de train dans la poche de sa chemise pour le composter.
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Juste avant le coup de sifflet du contrôleur, il monta dans son wagon et s’assit à sa place, prêt pour une longue route jusqu’à Newcrest.
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