Profitant qu’ils étaient distraient par leur victoire inespérée, les Saharas avaient décidé d’user de leur dernière carte : le Tome de feu lui-même. La magie de feu était en train d’affluer avec force dans le temple tandis que Samia et Samira s’agenouillaient devant le livre magique. La température avait grimpé d’un coup, si bien qu’Ezekiel et Iowa se retrouvèrent figés sur place à cause de cette chaleur assommante.
Certes, ils avaient récupéré leurs armes respectives mais, leurs mains devenues moites, ils n’avaient pas une bonne prise sur elles, ce qui allait fortement impacter leur précision quand ils allaient s’en servir.
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—Ô livre des flammes au pouvoir infini, tes servantes implorent ton aide pour défaire ces intrus.
—Ô Tome de feu qui éclaire l’éternelle nuit, vient défendre ton temple contre ceux qui n’y sont pas les bienvenus.
La magie de feu, déjà très présente, s’intensifia encore. Ezekiel vit les braseros changer de couleur, comme lorsqu’Iowa avait déclenché le piège protégeant le précieux ouvrage. Cependant, aucune gerbe de flamme ne sortit du sol cette fois-ci.
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A la place, ce furent tous les éclairages qui changèrent, imprégnés à leur tour de cette magie ardente qui menaçait de tous les consumer à tout instant. Le regard bleu du magicien cherchait d’où pouvait venir le danger afin de savoir comment il pourrait protéger son ami et lui…
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… puis dans un bref éclat rougeoyant, une silhouette apparue devant les Saharas : celle d’une femme à la peau sombre et aux cheveux rouges. Par contre, l’aura qui se dégageait d’elle permettait de dire avec certitude qu’elle n’était pas humaine, poussant l’apprenti sorcier à se remémorer son livre des monstres pour l’identifier.
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En procédant par élimination et en supposant qu’elle était liée au Tome de feu, cette femme devait être la personnification du Tome, un être créé par une puissante magie afin d’incarner la volonté de l’objet auquel il était lié. Ceux-ci étaient parfois confondus avec des génies à cause de cela – la principale différence entre ces deux êtres était que si les génies étaient enfermés dans leur lampe ou autre objet servant à les appeler et souhaitaient souvent en être libérés, ces incarnations-ci n’avaient pas ce désir de liberté, un peu comme les golems créés pour garder des donjons et qui se concentrait uniquement sur la tâche qui leur avait été assignée.
En résumé, Ezekiel n’aurait pas imaginé un jour se retrouver dans cette situation, principalement car il ignorait qu’elle était possible…
L’être magique était à présent tourné vers eux, les regardant tour à tour de ses yeux de braise qui n’exprimaient pas la moindre émotion.
—Bienvenue nous parmi nous dame Flamberge.
—C’est un honneur d’être en votre présence.
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La dénommée Flamberge se tourna brièvement vers les deux Saharas pour ensuite s’intéresser à la salle où ils se trouvaient. A la façon dont ses yeux bougeaient, il leur semblait qu’elle était en train de vérifier ce qui était présent dans la pièce, comme si elle cherchait à trouver ce qui manquait – cette attitude rappelait celle des dragons qui gardait des trésors et qui, grâce à leur incroyable mémoire, étaient capable de dire en un simple coup d’œil s’il manquait ne serait-ce qu’un grain de poussière à l’ensemble de leurs richesses.
Profitant de ce temps gagné, le magicien, malgré ses mains plus que moites, raffermit sa prise sur sa baguette magique afin de rapidement lancer un sort de protection.
—Souffle du désert, protège-nous du danger derrière ton voile protecteur.
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Alors que son bouclier magique commençait à agir, Flamberge émit un léger ricanement qui n’inspira pas du tout confiance à Ezekiel, surtout quand il vit que les Saharas faisaient de même. Qu’est-ce qui pouvait bien tant les amuser ?
L’incarnation du Tome le fixa ensuite de toute l’intensité de son regard embrasé.
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—Dis-moi sorcier, aurais-tu oublié les bases à tout hasard ?
A cette question, le magicien vit Iowa le regarder avec un air interrogateur, cherchant à comprendre ce qui était sous-entendu. Il était clair que, selon cette entité magique, il avait commis une grosse erreur mais son sortilège était actif, avait été bien exécuté…
D’un coup, Ezekiel réalisa avec horreur l’immense gaffe qu’il venait de faire : en magie, l’air était faible face au feu. Dans sa précipitation, il n’avait pas pris cela en compte et s’était contenté de jeter le premier sort qui lui était venu en tête, commettant ainsi une faute de débutant.
—Je vois que tu as compris.
Alors qu’il cherchait dans sa mémoire un enchantement d’eau pour rattraper son erreur, les torches présentes se brisèrent toutes puis Flamberge créa une sphère magique dans sa main et l’envoya droit sur lui. Iowa eut le réflexe de se jeter sur lui pour le pousser hors de portée de l’attaque, faisant que la sphère de feu se contenta de détruire le bouclier magique qui était censé les protéger.
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A présent simples spectatrices, les Saharas savouraient le divertissement avec le sourire. Elles auraient pu s’en aller depuis un petit moment déjà par leur passage secret mais le spectacle semblait bien trop attrayant à leurs yeux. Qui plus est, Samia avait encore mal au dos après son faux mouvement de tout à l’heure et elle voulait voir ce sorcier payer pour son effronterie.
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Du point de vue d'Ezekiel, la situation était très grave et ils n’étaient encore en vie que parce que Flamberge avait l’air de prendre tout son temps… ou était-ce pour une autre raison ? Certes, il avait compris à quel point ils étaient dans une mauvaise posture mais il lui fallait absolument réfléchir à tout cela car, depuis le moment même où elle avait été appelée, il réalisa que l’incarnation du Tome de feu aurait pu les annihiler en un claquement de doigts et qu’elle ne l’avait toujours pas fait.
En apercevant du coin de l’œil Iowa qui se préparait à utiliser son arbalète, le magicien lui prit le bras pour l’empêcher de viser.
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—Attends Iowa. Si tu tires, tu vas finir brûlé vif et je ne pourrais rien pour toi cette fois-ci.
—Je sais mais ça m’agace de voir ces deux-là qui se foutent de nous derrière et qui font comme si elles regardaient un spectacle de fauves !
—Justement, si tu te montres menaçant envers un fauve, c’est la meilleure façon pour qu’il décide de t’attaquer, non ?
L’effet de ces mots suffit à convaincre Iowa de baisser son arme. L’aventurier se renfrogna un peu, ses yeux verts lançant des éclairs en direction des Saharas. Il regarda ensuite Flamberge puis il se mit à froncer les sourcils, comme si quelque chose le dérangeait.
—Zeke, qu’est-ce qu’elle attend au juste ?
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C’était la grande question qui se posait… et Ezekiel réalisa que, sans vraiment le savoir au départ, ils avaient la réponse. Les mots utilisés par les Saharas pour appeler cette entité magique parlaient d’intrus dans le temple qu’il fallait vaincre. Or, ils étaient toujours là et la première chose que cet être magique avait fait après les avoir observés, c’était vérifier l’état des lieux. En d’autres termes, pour elle, ils n’étaient peut-être pas des intrus et la seule explication possible à cela était le chemin qu’ils avaient empruntés pour arriver jusqu’à cette salle.
Ils avaient avancé dans le temple des Saharas en prenant le chemin destiné, comme ils l’avaient supposé au départ, à tester les futures prêtresses. Cependant, il était probable que sa fonction ne se limitait pas à cela, ce qui concorderait avec l’attitude de Flamberge.
De leur côté, Samia et Samira avaient elles aussi vu le problème et commençaient à se demander ce qu’il se passait. Pourquoi leurs ennemis étaient toujours là ?
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—Dame Flamberge, pourquoi tardez-vous à les éliminer ?
—Ces hommes n’ont rien à faire dans le temple !
A ces mots, l’entité magique se tourna vers elles, les regardant de ses yeux ardents avec un léger agacement.
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—Vous m’avez appelée pour chasser des intrus. Or, ces hommes ne sont pas entrés ici par votre passage secret et n’ont rien volé.
Ceci confirma à Ezekiel ce qu’il avait supposé et lui indiqua que, tel un golem, Flamberge ne faisait que ce qui lui avait été demandé. Seulement, il lui semblait qu’elle était doté de volonté car sinon, pourquoi lui aurait-on donné la parole et pourquoi lui aurait-elle pointé son erreur de tout à l’heure alors qu’elle aurait simplement pu se contenter de détruire son bouclier ? Quelles autres facultés possédait-elle ?
Les Saharas échangèrent des regards à la fois agacés et inquiets. Il était clair qu’elles ne savaient pas comment gérer cet imprévu, surtout qu’avec Samia qui ne pouvait plus danser, il leur était impossible de pratiquer leur magie pour finir elles-mêmes le travail.
—Mesdames, je crois que nous sommes actuellement coincés.
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Avec un sourire narquois, le magicien avait interpellé les danseuses, à la fois pour les provoquer mais aussi pour vérifier si Flamberge allait intervenir ou non. Il ne tarda pas à avoir sa réponse : si les deux femmes étaient à présent très en colère, l’être magique ne bougeait pas d’un cil, comme s’il ne se sentait absolument pas concerné.
Il était plus que certain à présent que ces deux Saharas n’avaient jamais dû appeler l’incarnation du Tome de feu en personne jusqu’à aujourd’hui car sinon, elles auraient déjà su comment rattraper leur bêtise en annulant leur invocation – l’apprenti sorcier avait appris cela durant son apprentissage aux côtés de son père. Or, il était clair comme du cristal de roche qu’elles ignoraient que cela était possible et elles étaient condamnées à attendre que ce qu’elles avaient invoqué accomplisse sa tâche.
—On fait quoi du coup Zeke ?
—Pour l’instant, le plus sûr pour nous deux est de rester là.
D’ailleurs, l’apprenti sorcier décida qu’il était temps pour lui de vérifier à quel point Flamberge était supérieure à un golem au niveau de l’intelligence…
—Puis-je vous appelez Flamberge ?
La question était risquée mais si les observations d’Ezekiel étaient justes, il était possible d’avoir une conversation civilisée avec l’être magique. Cela ne tarda pas à se confirmer quand l’incarnation du Tome de feu le fixa avec un sourcil haussé, comme s’il lui avait demandé de lui montrer quelque chose qui était juste sous son nez.
—C’est ainsi que l’on m’a nommée donc oui, vous le pouvez.
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En d’autres termes, elle ne se considérait pas comme une divinité ou un être supérieur. Ca, c’était un bon point.
—Comment osez-vous !
—Quelle impolitesse !
Les Saharas manifestaient toujours leur mécontentement mais celui-ci était à présent un peu exagéré au goût d’Ezekiel. Il se demandait même si elles n’avaient pas oublié que seules elles pouvaient prendre le Tome de feu et que c’était ce que lui et Iowa étaient venus chercher… Leur défaite cuisante en danse avait surement dû leur provoquer une amnésie partielle sur certaines choses et il serait bête de ne pas en profiter.
—Flamberge, si moi et mon ami cherchions à fuir par le passage secret, que feriez-vous ?
La réponse à sa question se manifesta sous la forme d’une sphère magique dans la main de Flamberge. Au moins, ça c’était clair…
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—Et avons-nous un moyen de sortir autre que celui-ci ? Le passage par lequel nous sommes entrés s’est refermé derrière nous.
—J’ai bien peur que non.
Le grognement de l’aventurier fut largement suffisant pour exprimer ce que tous deux pensaient de cette situation : eux étaient coincés là alors que les Saharas étaient libres d’aller là où elles le désiraient. Leur chance était que ces deux femmes étaient suffisamment sensibles à la provocation pour avoir envie de les voir mourir au lieu de les laisser seuls face à l’incarnation du Tome de feu comme elles auraient pu le faire depuis le départ mais à un moment donné, elles allaient se souvenir de ce qu’ils avaient tenté de prendre…
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Cependant, Ezekiel n’avait pas réalisé que Flamberge semblait l’observer avec grand intérêt depuis qu’il lui avait adressé la parole…
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Samia et Samira n’en pouvaient plus de ce statut quo. Elles réclamaient vengeance mais si l’être magique ne faisait rien, alors elles étaient bonnes pour partir et espérer qu’ils meurent le plus vite possible mais ce serait gâcher leur plaisir. Il fallait débloquer cela…
Le regard de Samia tomba sur la flèche qui avait frôlé sa sœur tout à l’heure et elle se souvint : l’aventurier avait tiré sur le piédestal du Tome de feu juste avant. Se pourrait-il que…
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—Flamberge, ces hommes n’ont peut-être rien volé mais ils ont tenté de te dérober sous notre nez.
Ezekiel grinça des dents en entendant ces mots. Le moment qu’il redoutait était arrivé et cette fois-ci, l’être magique n’aurait plus aucune raison de les laisser indemnes. Iowa avait lui aussi compris cela et se préparait à riposter avec son arbalète et ce, même si cela ne servirait à rien.
—Dans ce cas, cela change tout.
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Et sur ces mots, Flamberge créa une sphère magique dans ses mains…
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