Chapitre 4 : Suite logique

Quand il ouvrit les yeux, Ezekiel se demanda un instant où il était, ne reconnaissant pas les murs en pierre de la Tour Mirage et n’entendant pas son père s’affairer en cuisine. Ce fut en se tournant sur le coté qu’il réalisa qu’il était à Oasis Springs, plus précisément dans le temple des Saharas dans le but de récupérer le Tome du feu avant qu’il ne soit trop tard !

Sur le lit d’à côté, il y avait Iowa Smith qui roupillait, son chapeau de cow-boy posé en équilibre sur la tête de lit et qui pouvait tomber à tout instant.

Silencieusement, l’apprenti sorcier se glissa jusqu’à ce qui était une petite salle d’eau attenante qui, comme ce dortoir, ne contenait que le strict nécessaire. Ezekiel prit une dizaine de minutes pour se rafraîchir un peu, temps durant lequel son compagnon d’aventure avait dû se réveiller s’il se fiait aux bruits qu’il percevait en se recoiffant. En fixant son reflet, il se demanda s’il ne ferait pas mieux de se raser.

Une fois terminé, il laissa la place à Iowa et tenta d’appeler ses parents avec la boule de cristal… sans obtenir le moindre résultat. Quelque chose de magique brouillait la communication et il se pouvait fort que ce soit l’influence du Tome du feu qui venait d’augmenter. Mauvais signe.

Il choisit donc de feuilleter un livre destiné aux prêtresses Saharas et qui détaillait avec soin leurs danses et leurs effets.

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Ezekiel prit le soin de mémoriser ce qui était les mouvements pour jeter de puissants enchantements, ne serait-ce que pour sa culture générale car cette catégorie de magie pouvait toucher plusieurs personnes à la fois mais nécessitait une certaine rigueur dans son exécution – il ne put s’empêcher d’admirer le nombre d’années de travail que les prêtresses Saharas devaient fournir pour arriver à un tel niveau de perfection dans leurs chorégraphies et la rigueur qui leur était imposée pour conserver le physique qui leur était nécessaire pour la pratique de leur art.

L’apprenti sorcier entendit Iowa sortir de la salle d’eau puis râler car, comme il fallait s’y attendre, son chapeau avait finir par tomber par terre. Après que l’aventurier ait ramassé son couvre-chef, il vint s’asseoir sur le lit en remettant son bien en place tandis que le magicien posa sa lecture sur la commode.

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—Bien dormi Zeke ?

—Très bien. Et toi ?

—Comme une momie ! D’ailleurs, j’espère sincèrement que nous n’en croiserons pas…

—Les momies ne se trouvent qu’à Al Simhara il me semble. Du moins, celles qui peuvent revenir à la vie…

Si la mémoire d’Ezekiel était correcte, ils n’avaient aucune chance de croiser une créature recouverte de bandelettes car la magie nécessaire pour les animer ne se trouvait pas ici… et que l’influence du Tome de feu ne devrait pas leur permettre de s’animer au sein du temple. Dans le doute, il ferait mieux de se tenir prêt à jeter un sort de feu pour les tenir à distance.

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—Oh et j’ai trouvé un truc pas mal caché sous le lit.

Intrigué, l’apprenti sorcier regarda son compagnon se baisser à l’endroit où son chapeau était tombé puis glisser sa main sous le meuble en question… pour en sortir une vieille arbalète qui semblait encore en état de fonctionnement.

—Je ne comprends pas ce que des prêtresses feraient avec ça…

—Zeke, je pense plutôt que c’était à un des précédents explorateurs. L’un d’eux à dû réussir à arriver jusqu’ici.

—Si c’est le cas, on peut potentiellement s’attendre à retrouver d’autres affaires appartenant à des disparus et qui n’ont pas été réduites en cendres avec eux.

C’était tout de même une bonne surprise de trouver une arme mais Ezekiel suspectait que cette arbalète était là avant que les Saharas ne recommencent à utiliser le Tome de feu. Peut-être même que ce mystérieux aventurier s’était retrouvé face à elles…

—Tu sauras t’en servir Iowa ?

—J’en ai pas touché une depuis mes dix ans mais je devrais pouvoir me débrouiller.

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C’était toujours ça de prit pur eux. A présent, il leur fallait affronter l’énigme suivante mais d’abord, une fois sortis du dortoir, ils jetèrent un œil à cette salle où, sur les sarcophages qui n’étaient très probablement pas vides, se trouvaient des fruits dans des paniers. Iowa en toucha un, ôtant une partie de la poussière qui s’était installée dessus.

—Ils sont factices je pense. Peut-être en terre cuite puis peints pour qu’ils ressemblent à de vrais fruits.

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Déjà, cela changeait du côté funèbre des vases canopes… mais si c’était comme pour cette fameuse salle, alors ces fruits étaient peut-être le centre de l’énigme.

Ils cherchèrent brièvement celle-ci du regard, la trouvant au dessus d’une table avec d’autres fruits factices et d’un panier qui semblait être en osier… mais qui était lui aussi fait en terre cuite.

—Voyons ce que nous avons…

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Ezekiel lut attentivement l’énoncé et vit que cette fois-ci, seule la pure logique était nécessaire, ce qui le soulageait quelque-peu. Même si, au premier abord, ces opérations semblaient plus que simples à résoudre, le magicien n’oubliait pas le côté tordu de cet endroit et suspectait la présence d’un piège grossier quelque part…

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A l’expression qu’arborait Iowa, il était clair qu’il se triturait lui aussi les méninges.

—Une idée Zeke ?

—C’est une simple équation en apparence mais il y a une subtilité dedans. Déjà, une pomme vaut dix, une grenade vaut quatre mais pour les bananes, j’ai comme une incohérence.

—Toi aussi tu tombes sur deux ?

—Oui… Et je ne saisi pas pourquoi le résultat de l’énigme est un nombre impair…

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Il relut de nouveau l’énoncé puis, soudain, son esprit s’éclaira. Ezekiel chercha ce qu’il lui fallait parmi les fruits factices, les soupesant pour confirmer ce dont il se doutait déjà : les pommes étaient plus lourdes que les grenades qui étaient plus lourdes que les bananes. Cependant, les bananes était les seuls fruits pouvant être imbriqués les uns dans les autres ou non. En d’autre termes, la vraie valeur d’une banane était de un, rendant largement possible la résolution de l’équation.

En supposant que le panier était en fait une balance, si celle-ci était trop lourde, c’était la mort assurée et si elle était trop légère, ils n’auraient pas accès à la salle suivante. La solution de l’opération était Pomme + Grenade – Banane.

A l’intérieur du panier, Ezekiel vit qu’il y avait en fait deux plateaux : un grand et un petit. Il détacha une banane d’une grappe pour la placer sur le petit plateau puis plaça la pomme et la grenade sur le grand.

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Quand retentit le déclic familier, la statue de chacal se décala sur le côté ainsi que le mur, révélant le passage vers la salle suivante.

—Bien joué Zeke !

—Merci.

S’il n’avait pas prit le temps de bien observer, il aurait pu aisément se tromper. Les pièges étaient à la fois bien visibles et cachés aux regards, ce qui réclamait d’être très vigilant pour les déjouer.

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La salle suivante ne contenait rien de mortuaire. Iowa haussa un sourcil face aux décorations murales qui, semblaient-ils, n’avaient rien à voir avec Al Simhara. Cependant, les trois panneaux vierges étaient ce qui les intriguait le plus avec les trois coffres.

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—A vue de nez, on dirait des ardoises. Mais je ne vois pas de craie…

—P’tete dans un des coffres ?

—Attends.

Ils lurent d’abord l’énoncé de l’énigme : bien qu’argent, je suis de couleur or. Ecris mon nom en toutes lettres et sans erreurs. Là, ce ne serait pas du gâteau.

—Argent mais de couleur or… Quelque chose de doré qui a une valeur monétaire ?

—Je ne vois que ça Iowa mais la liste est longue dans ce cas.

Beaucoup trop de choses pouvaient convenir en guise de réponse et Ezekiel craignait fort de devoir déclarer forfait. Il chercha longuement la réponse, une goutte de sueur dégoulinant de son visage, et bien qu’il eut éliminé bon nombre de réponses possibles, la solution ne lui apparaissait toujours pas… du moins jusqu’à ce qu’il voit l’aventurier ôter brièvement son chapeau pour mieux pouvoir se gratter le cuir chevelu. Les yeux bleus du magicien ne purent manquer de noter les reflets dorés que les torches donnaient à ces cheveux blonds comme les blés…

Cette pensée lui donna soudain une idée.

—Iowa, est-ce qu’ils cultivaient le blé à Al Simhara ?

Un peu surpris par la question, son ami ne tarda pas à lui répondre.

—Oh ça oui ! Al Simhara était même le plus gros producteur de cette céréale pendant des décennies et ils la vendaient à prix…

L’aventurier venait lui aussi de comprendre : le blé était de couleur or mais il avait une valeur monétaire non négligeable à Al Simhara. Avec de la chance, c’était aussi le cas à Heaven…

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Avec prudence, Ezekiel ouvrit un des coffres et, comme Iowa l’avait pensé, il y trouva des morceaux de craies. En lettres majuscules, il écrivit la réponse sur les trois ardoises…

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Le déclic familier retentit et la statue d’Horus présente dans la pièce se décala sur la gauche, révélant le passage vers la pièce suivante d’où émanait une odeur d’huile d’olive.

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L’explication à cela fut aisée à repérer : une énorme jarre contenant de l’huile était présente et elle n’était pas fermée. A côté, il y avait deux vases de tailles différentes et l’énigme suivante : ici se trouvent un vase de 5 litres et un autre de 3 litres. Mettez 4 litres d’huile dans le vase de 5 litres puis posez-le sur la table à l’extrême gauche pour avancer.

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—Encore des maths…

Cette réplique permit à Ezekiel de confirmer qu’Iowa n’était pas un amoureux des mathématiques. De toute manière, la logique était encore de mise ici et il allait leur falloir transvaser l’huile jusqu’à obtenir la bonne quantité dans le vase au liseré bleu. Avec un peu de réflexion, la solution était loin d’être compliquée.

—C’est plus simple que tu ne le penses. Je vais te montrer.

Le magicien prit le vase de 5 litres et le plongea dans la jarre jusqu’à ce qu’il soit remplit d’huile. Aidé d’Iowa, il versa ensuite le contenu du vase dans celui de 3 litres jusqu’à remplir celui-ci. Ezekiel vida le petit vase dans la jarre puis mit le reste du contenu du grand vase dedans, soit 2 litres. Il remplit de nouveau le grand vase et versa à nouveau l’huile qu’il contenait dans le plus petit jusqu’à le remplir. Sauf que cette fois-ci, il n’en versa qu’un seul litre car le petit vase n’était pas vide cette fois-ci.

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A présent que le grand vase contenait les 4 litres demandés, il ne restait plus qu’à le poser à l’endroit indiqué. Ce déclic si familier retentit et le passage pour la prochaine salle était ouvert.

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—Tu m’as scié Zeke ! T’avais déjà fait un truc comme ça avant ?

—Mon père cuisine et il m’arrivait de l’aider. Parfois, il fallait convertir certains poids ou mesures par rapport à la quantité d’ingrédients que nous avions.

En vérité, Ezekiel avait déjà fait des potions avec son père et il arrivait parfois qu’il faille transvaser un liquide plusieurs fois pour en obtenir la quantité voulue.

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La salle suivante n’avait aucune statue qui pouvait se décaler mais cinq sarcophages qui rappelaient les trois présents dans la toute première salle du temple des Saharas. En d’autres termes, ils allaient descendre après l’énigme de la pièce résolue.

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—Pourquoi ces lettres sur le mur ?

Le magicien se posait lui aussi cette question et pendant qu’Iowa fit le tour des lieux, il repéra leur casse-tête et comprit en la lisant l’utilité de ces lettres au mur.

Après lecture, il laissa l’aventurier la lire à son tour puis chacun commença à chercher quelle réponse était la bonne parmi les cinq possibles.

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—Je n’sais pas pour toi Zeke mais j’ai du mal à comprendre la logique ici. A quoi servent ces chiffres ?

—C’est surement un indice. Certaines valent peut-être un et les autres zéro…

Il fallait être prudent car s’il se trompait, c’en était fini d’eux.

Une relecture de l’énoncé laissait penser au magicien que B et C n’étaient pas les bonnes réponses. Cependant, s’il estimait que les lettres D, E et F valaient un, cela pouvait être n’importe laquelle des trois et ce, même s’il y avait une répétition. Etait-ce la bonne logique pour qu’il se retrouve dans ce cas de figure ? Probablement pas mais son instinct lui disait que E était la solution… et il réalisa que la somme des chiffres de chaque côté donnait cinq, soit la place de la lettre E dans l’alphabet.

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—Je crois avoir trouvé…

Ezekiel regarda où étaient placées les lettres dans la salle et nota qu’elles étaient dans le désordre. Le sarcophage du milieu correspondait à la lettre E et il fit signa à Iowa de l’aider à l’ouvrir.

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Le déclic familier se fit entendre et, après résolution de cette nouvelle énigme, un passage se dévoila de la même manière que dans la toute première salle du temple : le sarcophage s’enfonça dans le sol en révélant un escalier menant à un niveau inférieur.

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Seulement, le magicien savait que la pièce suivante était différente des autres, d’abord à cause de l’énorme quantité de magie de feu qui en émanait et puis parce qu’il percevait des sons autres que ceux émis par les torches. Il y avait donc de fortes chances que ces marches mènent à la toute dernière salle du temple, là où se trouvait le Tome de feu… et probablement les Saharas.

—Je crois que nous arrivons au bout Iowa. Reste sur tes gardes.

—Pas de souci Zeke.

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Seront-ils de taille face aux deux Saharas qu’il avait croisés après son arrivée à Oasis Springs ? Avec une arbalète et une baguette magique, ce serait difficile vu la puissance de ces deux femmes. La seule certitude d’Ezekiel était que s’ils ne résistaient pas à leurs puissants envoûtements, ils étaient fichus…