Avant de commencer, il fallait expliquer certaines choses, surtout ce qu’était un alignement, un terme qui concerne toutes les créatures de ce monde et qui revêt son importance quand l’on parlait de magie et de corruption. Chaque être est doté d’une part de Lumière et d’une part de Ténèbres qui ne varient que très peu jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur maturité avec certaines tendances qui se détachaient suivant les espèces. Pour plus de facilités, on les simplifiait en pourcentages, faisant que, par exemple, une personne pouvait avoir 55% de Lumière et 45% de Ténèbres ou inversement. Si l’on s’intéressait à chaque espèce précisément, on pouvait s’apercevoir qu’à l’origine, la majorité d’entre elles avaient des alignements qui leur étaient bien spécifique.
Un prétendu savant – l’Histoire n’avait pas estimé vital de retenir son nom – aux idées quelques-peu préconçues avait décidé de classer les créatures surnaturelles en trois grandes catégories en se fiant aux trois tendances d’alignements qui sont les plus courantes et ce, sans prendre en compte le fait que certaines espèces pouvaient parfois ne pas entrer dans l’une de ces cases. Ce classement est toujours utilisé bien qu’encore moins fiable que lors de sa création suite aux multiples sang-mêlé et à certains cas particuliers.
La première catégorie de créatures surnaturelles est celles de Lumière qui, comme leur nom l’indique, sont toutes les espèces aux alignements tendant vers la Lumière. La principale d’entre elles était les Anges, êtres soi-disant divins et, parfois, dotés de grandes ailes blanches dans le dos. Les Anges comportaient pas mal de sous-espèces qui, chacune, possédait une fonction bien définie – par exemple, une espèce était dédiée au combat tandis qu’une autre était plutôt consacrée à guider les humains. D’autres créatures comme les Fées ou les nymphes entraient dans cette catégorie. De nos jours, ces êtres sont quasiment disparus pour des raisons qui seront expliquées plus tard.
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La deuxième catégorie de créatures surnaturelles, actuellement celle comportant le plus d’individus, est celle de Ténèbres, très largement représentée par les Démons et leurs nombreuses sous-espèces. Si les Anges étaient considérés comme pacifiques, les Démons, à l’inverse, aiment régler leurs conflits avec leurs poings, faisant qu’ils ont la réputation d’être des êtres violents, surtout entre eux car il est un fait connu que les différentes sous-espèces de Démons ne se supportent pas pour diverses raisons comme la rivalité ou le même type de proie – il existait cependant des exceptions comme les succubes qui, incarnant le péché de la luxure, s’allient parfois temporairement à d’autres démons pour obtenir ce qu’ils désiraient.
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La dernière catégorie de créatures surnaturelles est celle dite Neutre et dont la part dominante ne dépasse pas les 60%. Cette catégorie comprenait, à l’origine, uniquement les Magiciens car cet alignement, jugé équilibré, est idéal pour manier à la fois le Feu, l’Eau et l’Air qui sont les trois éléments de la magie. Seulement, suite aux conflits avec Midgard, d’autres êtres furent découverts et ce fut ainsi que les Jotuns furent ajoutés dans cette catégorie bien que leur cruauté et leurs aptitudes au combat les rapprochaient plus des démons.
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Concernant les faiblesses de ce classement lors de sa création, celui-ci ne prenait pas en compte le fait qu’il existait des Anges avec un alignement Ténèbres, n’incluait pas les Vampires qui, bien que démons, gardaient l’alignement qu’ils possédaient étant humains lors de leur transformation ainsi que les Djinns qui sont les seules créatures surnaturelles dont l’alignement change pour correspondre à celui de leur maître. De plus, son créateur était loin d’être objectif vis-à-vis des Anges et des Démons, considérant les premiers comme les icones du bien et les seconds comme les avatars du mal, ce qui avait probablement contribué à sous-estimer bien des menaces en ce bas monde.
Pour en revenir aux alignements, il en existait trois qui n’apparaissaient environ qu’une fois par siècle : Lumineux, Ténébreux et Cœur Vaillant. Si ceux de Lumineux et de Ténébreux étaient à double tranchant, surtout pour un simple humain, celui de Cœur Vaillant était le plus avantageux, notamment face à la Corruption. Cet alignement était l’idéal quand un magicien avait la chance de le posséder car cela lui donnait de grandes facilités à pratiquer son art. Dans le cas d’une autre créature surnaturelle, il y avait moins d’avantage excepté peut-être pour un vampire qui était ainsi garanti de ne jamais craindre la lumière du soleil.
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Concernant les deux autres, les Lumineux et les Ténébreux ont une part dominante dépassant les 90%, ce qui, certes, leur confère des capacités bien particulières mais avec un revers parfois considérable. Un humain possédant cet alignement possède une espérance de vie faible car le Lumineux sera de plus en plus attiré par les ténèbres qui lui manque, au risque de se mettre en danger mortel, et le Ténébreux est condamné à connaître la souffrance, qu’elle soit physique ou mentale – il n’était pas rare que des Ténébreux, surtout des femmes, ait été atteint par la Corruption, faisant d’eux des êtres ivres de vengeance et extrêmement dangereux.
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Enfin, venons-en à la Corruption. Celle-ci existait depuis bien longtemps et jusqu’à une certaine époque, on considérait que seules les personnes et créatures aux alignements Ténèbres pouvaient être atteintes. Seulement, la Corruption touchait aussi bien ceux de Lumière que de Ténèbres, changeant leur caractère, leur façon d’être et, si elle n’était pas contrée à temps, elle dévorait entièrement l’individu, attaquant d’abord son cœur puis son âme, cela de manière irréversible. A cause de préjugés stupides, les cas de Corruption lumineuse n’étaient pas bien évalués… faisant que certains désastres auraient largement pu être évités, notamment celui qui était la cause de bien des tourments actuels.
Il y a très longtemps, environ cinq années précédant la chute d’Avalon, il existait un village qui était comme les autres… si l’on exceptait cette cellule glaciale où ne filtrait jamais la lumière du soleil. A l’origine, elle était la cave d’un entrepôt et servait à stocker du matériel ou de la nourriture mais depuis le jour où ce village avait failli être rayé de la carte, cet endroit avait été reconverti en une prison pour y enfermer à jamais celle qu’aucun villageois sain d’esprit n’osait approcher s’il tenait un tant soit peu à la vie.
Si elle devait être honnête, Margaux ignorait depuis combien de temps elle était ici. Un mois ? Un an ? Dix ans ? De toute façon, elle ne désirait pas sortir de là car elle savait que son sort était amplement mérité : elle était celle qui avait provoqué cet orage et, même si elle n’avait pas compris comment, avait tué ses parents et failli faire de même à son frère cadet. Elle ignorait où était Sirius mais où qu’il soit, il était mieux sans elle, même si ça lui brisait le cœur de ne plus voir son petit frère…
Par précaution, elle était gardée par des hommes du village qui venaient vérifier qu’elle ne s’était pas échappée… ou profiter qu’elle ne se défendait pas pour lui rappeler pourquoi elle était ici. Seulement, depuis qu’elle avait foudroyé l’un d’eux pour avoir approcher de trop près une jeune fille qui était venue lui amener de quoi manger, ils n’agissaient que quand ils se sentaient assez « courageux » pour le faire.
Ce jour-là, elle avait entendu des pas descendre les escaliers mais elle était trop perdue dans ses pensées pour réaliser que les bottes qui foulaient ce sol de pierre sombre ne produisaient pas le même son que d’habitude.
—Voilà donc pourquoi ils tenaient tant à ce que son Altesse ne vienne pas ici…
En entendant cette voix inconnue, Margaux se leva d’un bond. Avec ses yeux verts habitués à l’obscurité, elle vit un étranger vêtu entièrement de blanc et dans un style qui différait radicalement de ce qu’elle connaissait.
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—Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.
—Viktor, mage d’Avalon, répondit-il avec un sourire amusé. Et vous ?
—Aucune importance…
—Je suis persuadé du contraire vu la puissante magie que je sens émaner de votre personne.
A ces mots, elle soupira de dépit. Elle aurait dû se douter de cela…
—Vous êtes venu voir le monstre local ? lança-t-elle sur un ton acide. Désolé de vous décevoir mais je ne tue pas sur commande. Laissez-moi tranquille !
—Vous vous trompez lourdement sur mes intentions, répliqua Viktor en fronçant les sourcils. Je ne cautionne pas les traitements qui vous ont été infligés et je suis là pour vous aider.
—M’aider ? Assurez-vous que je ne sorte jamais d’ici dans ce cas…
—Je doute fort que ce soit ce que veuille votre frère cadet.
Soudain, son intérêt fut piqué au vif et elle regarda le magicien avec de grands yeux surpris, se demandant comment il savait qu’elle n’était pas enfant unique.
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—C’est donc bien vous, lui dit Viktor avec un sourire. Sirius a beaucoup insisté auprès du Téméraire pour qu’il vienne vous sortir de là mais j’avoue que je n’avais pas envisagé que la mystérieuse Margaux puisse être une Ténébreuse. Cela explique beaucoup de choses.
—Une… Ténébreuse ? tiqua-t-elle, ne comprenant pas ce terme. Et qui est ce… Téméraire ?
—Joshua le Téméraire est l’actuel roi d’Avalon et pour ce qui concerne votre réelle condition, je me ferais un plaisir de vous l’expliquer si vous acceptez de sortir de ce cachot.
D’un claquement de doigts de Viktor, la porte en fer s’ouvrit devant elle dans un grincement familier. Margaux était encore sous le choc d’apprendre que son frère avait voulu la faire libérer et son esprit était assaillit de questions. Tremblante, elle avança prudemment, posant pour la première fois depuis longtemps ses pieds nus en dehors de sa cage, le tout encouragé par le magicien qui alla tirer une des chaises en bois pour elle alors qu’elle ne s’estimait pas vraiment digne de tant d’égards. Elle s’assit avec prudence avant qu’il ne fasse de même.
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—Déjà, vous n’avez rien d’un monstre, lui dit-il fermement. Vous êtes née magicienne avec un alignement rare et trop puissant pour quelqu’un qui n’a pas reçu l’éducation magique que vous auriez pu avoir à Avalon. C’est assez courant chez les Ténébreux : ils naissent souvent dans la misère et attire celle-ci sur eux à cause de leur manque de lumière.
—Selon vous, c’était mon destin de vivre ça ? fit-elle, le fixant avec incrédulité. Il était écrit quelque part que j’allais causer tant de mal ?
—Vous ne saviez pas quelles étaient vos capacités et si vous restez ici plus longtemps, il n’est pas exclu que votre magie provoque à nouveau de graves dégâts. Ca n’arrivera pas à Avalon.
—Vraiment ? Comment pouvez-vous en être si certain ?
—Tout simplement parce que je suis un Lumineux et que mon alignement est l’opposé strict du votre. Ma simple présence suffira à annuler les potentiels effets néfastes que votre alignement peut causer et je compte bien vous enseigner tout ce que vous devez savoir sur la magie.
En toute honnêteté, elle était sceptique sur ce point, peut-être parce que sa longue captivité avait sérieusement entamé sa confiance dans les hommes. Seulement… elle devait reconnaître que l’idée de revoir son frère la séduisait beaucoup et elle essayait encore de peser le pour et le contre quand des pas lourds résonnèrent dans l’escalier.
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—Viktor ! s’exclama le nouvel arrivant. Tu pourrais prévenir quand tu t’éloignes ! Les autochtones ne nous sont pas très amicaux et Jacques suspecte que sans notr-… Oh ? Je vois que tu es en charmante compagnie.
—Ecoutez, votre proposition est très intéressante mais… commença Margaux avant de déglutir. Vous n’avez pas idée des dommages que je pourrais causer.
—Donc vous souhaitez rester enfermée ici ? en conclut le magicien, l’air peiné.
—Oh que non ! coupa l’homme en armure. Moi vivant, je refuse de voir une femme dans une cage ! Surtout une aussi belle que vous très chère.
A l’entente de ces mots, elle ne put s’empêcher de rougir, un peu gênée, avant de baisser les yeux, se demandant en quoi elle pouvait être belle avec ces blessures et ces guenilles qui lui couvraient à peine le corps.
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—Votre Altesse, vous embarrassez Dame Margaux, fit Viktor avec un sourire amusé qui s’agrandit quand il vit qu’elle venait de comprendre que Joshua le Téméraire était avec eux. Elle n’a jamais côtoyé la royauté après tout.
—Elle n’est pas obligée de s’embêter à me traiter différemment ! répliqua le roi d’Avalon avec un léger agacement. Nous sommes tous des êtres vivants…
—Dont l’un tend à oublier son statut social et certaines obligations allant avec…
—Plus tard Viktor. Ce que je veux dire Dame Margaux, c’est qu’à Avalon, je m’assurerai personnellement que vous ayez tout ce dont vous avez besoin et si, par malheur, je venais à ne pas y parvenir, vous serez en droit de m’infliger le châtiment que vous jugerez approprié.
La réflexion fut longue… mais Margaux avait fini par accepter. Joshua le Téméraire avait immédiatement demandé à ce qu’on lui trouve des vêtements et ne lui cacha pas qu’ils allaient devoir affronter des ogres sur le champ de bataille avant d’arriver en Avalon. Elle se rappelait encore avoir dû porter une capuche les premiers jours de sa liberté, ses yeux n’étant plus habitués à la lumière du jour, et s’être sentie étrangement renaître quand on lui coupa ses cheveux trop longs et qu’on se mit à la traiter autrement que comme une abomination.
Durant tout le trajet et les combats, elle avait fait des cauchemars la nuit, se revoyant enfermée et subissant supplice sur supplice, jusqu’à ce qu’elle se réveille en sursaut pour découvrir qu’elle était dans une tente et qu’elle en sorte précipitamment pour aller observer le ciel étoilé, cela afin de réaliser que sa vie était en train de changer. Puis arrivée à destination, elle avait fondu en larmes quand son frère l’avait appelée et il avait été impossible de les détacher l’un de l’autre durant deux jours entiers – elle avait ainsi appris qu’il était entré au château en tant que troubadour et celui-ci lui avait montré avec joie ses talents de musicien.
Cinq années plus tard, après un apprentissage intensif, elle était devenue la redoutée sorcière céleste, la Ténébreuse d’Avalon, capable de lire l’avenir de son cher royaume. La divination était un art délicat qu’elle avait choisi de pratiquer car une affinité comme la sienne s’y prêtait assez bien. Seulement, il arrivait parfois que certaines visions soient troubles ou très difficiles à interpréter pour diverses raisons mais elle était arrivée à s’en accommoder… du moins jusqu’à ce qu’arrive celle qu’elle aurait aimé ne jamais avoir.
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C’était un jour normal qui avait débuté en Avalon, l’un des derniers où le royaume existait encore…
Le château d’Avalon était vaste, suffisamment pour comporter plusieurs appartements destinés à d’éventuels visiteurs ainsi que des chambres pour les différents employés si ceux-ci désiraient loger sur place. Ses habitants permanents étaient le roi Joshua VI dit « Le Téméraire », Viktor le Lumineux, le seigneur Jacques Villareal et sa fille Helena ainsi qu’environ les trois-quarts des serviteurs et des gardes, généralement ceux qui n’avaient pas d’autre choix pour avoir un toit sur la tête et qui devaient donc prendre sur eux lorsque le plus insupportable des seigneurs d’Avalon était dans les parages…
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… comme dans une partie du château qui servait un peu de salle de repos pour les différents gardes du château et parfois pour certaines personnes de passage.
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—Non mais tu te prends pour qui pour oser me juger ainsi Henri Scott ?! s’exclama le seigneur Gaston Huntington. Je suis un noble de naissance contrairement à toi qui n’est seigneur depuis… même pas une année que je sache !
—C’est pas plus mal je trouve, répliqua le seigneur Henri Scott, le plus jeune seigneur d’Avalon. Contrairement à certains, je n’ais pas hérité mon titre de mon arrière-arrière un tel mais pour mes prouesses sur le champ de bataille.
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—Mon pauvre Henri… Anoblit pour avoir, par un pur hasard, planté son épée là où il le fallait ? Les paysans devraient vraiment rester à leur place.
—Et tu devrais essayer parfois de te mettre à la leur.
—Surement pas !
Les seigneurs d’Avalon étaient au nombre de huit : quatre avaient hérité leur titre de leur père, quatre autres avaient été choisis par le roi actuel suivants différents critères. Les quatre premiers étaient les seigneurs Villareal, Munch, Huntington et Desade tandis que les quatre autres étaient Scott, Behr, O’Ryan et Vatore. Leur loyauté envers leur souverain se devait d’être sans faille et ils avaient un rôle de protecteur du royaume, même s’ils ne s’entendaient pas toujours entre eux.
Côté réputation, si le seigneur Villareal était le plus respecté des huit, il y avait des disparités assez claires entre d’autres, certains étant plus proches de la noblesse comme Gaston Huntington et d’autres plus proches du peuple comme Henri Scott. Qui plus est, ce dernier était le plus apprécié du roi Joshua VI et des habitants du château en général, faisant que cela créait quelques jalousies parfois mal placées.
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—Oh ! Seigneur Scott ! s’exclama Helena Villareal, une jeune femme connue pour sa bonté d’âme. Je vous ai enfin trouvé !
—Dame Villareal ! En quoi puis-je vous aider cette fois-ci ?
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—Oh non, je venais juste vous remercier encore une fois ! Jamais je n’aurais pu grimper à cet arbre pour sauver ce pauvre petit chaton ! J’étais si désemparée en l’entendant miauler…
—Ne me remerciez pas madame. Il était de mon devoir d’aider ce pauvre animal et je sais qu’Autumn le soignera comme il se doit afin qu’il devienne le meilleur chasseur de souris d’Avalon. Elle sera surement enchantée de vous donner de ses nouvelles.
Pour anecdote, Helena Villareal avait toujours su apprécier les qualités de chaque personne, qu’elle soit noble ou pas. Sa famille étant considérée comme la plus proche du roi, il avait déjà été plusieurs fois envisagé de la fiancer à ce dernier mais la jeune femme ne souhaitait pas intégrer la royauté et Joshua VI ainsi que Jacques Villareal s’y étaient opposés, laissant la voie libre à bon nombre de membres de la noblesse qui espérait obtenir sa main…
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—Dame Villareal, vous êtes bien en beauté aujourd’hui.
—Oh ? Merci seigneur Huntington.
… et le prétendant le plus assidu était Gaston Huntington bien que vu sa personnalité, ses chances d’obtenir un jour ce mariage tant désiré étaient plus proches du néant qu’autre chose. Pour vous donner une idée, Jacques Villareal préférait encore que sa fille soit changée en grenouille plutôt qu’elle soit mariée avec celui qu’il décrivait comme un parfait malotru.
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—Je me demandais si vous seriez d’accord pour m’accompagner tout à l’heure sur le terrain d’entrainement afin que je vous montre les progrès de nos troupes au combat.
—Hum… Je ne suis pas certaine de pouvoir… Et quelle est donc cette odeur ?
—Une odeur ?
Gaston Huntington ne sentait rien… mais entendait bien Henri Scott ricaner en compagnie d’Autumn. Il expira contre sa main pour humer son haleine… et alla attraper l’autre seigneur présent.
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—Non mais quand comptais-tu me dire que j’avais mauvaise haleine ?! Espèce d’imbécile de paysan ! A cause de toi, je passe pour quoi ?!
C’était un fait connu au château : les seigneurs Scott et Huntington se haïssaient depuis l’instant où leurs regards s’étaient croisés. Pour cette raison, Joshua VI et Jacques Villareal faisaient souvent de leur mieux pour éviter qu’ils ne se croisent trop souvent mais ce n’était pas toujours possible et, dans ces cas-là, il fallait s’attendre à tout…
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—Pas de ma faute si tu as mangé de l’ail ! Et éloignes-toi de moi car ça empeste ton truc !
—Toi…
Rapidement, Autumn, une servante qui travaillait au château depuis trois ans, rangea les quelques bouteilles qu’elle avait sorties, cela sous le regard étonné de la jeune noble.
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—Dame Helena, je vous recommanderai de vous éloigner de ces messieurs.
—Pourquoi donc ?
Cette jeune femme, d’origine très modeste, avait sa chambre au château et sortait souvent faire des courses, parfois accompagnée du seigneur Scott avec qui elle s’entendait très bien. Elle avait aussi fréquemment été témoin de ses problèmes avec le seigneur Huntington, cela au point d’être capable de sentir venir les soucis quand ces deux là étaient ensemble…
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—Pou- AIE ! C’est parti plus vite que ce que j’pensais !
D’un bond, Helena avait quitté son siège, ses yeux rivés sur les deux seigneurs qui se battaient à côté du bar tandis que la servante du château faisait de son mieux pour limiter la casse potentielle, ce qui n’était pas facile.
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—Ha ha ha ! Enfin un truc amusant !
—Mais… Vous êtes qui au juste ?
—J’viens livrer mais une roue d’ma charrette s’est barrée donc j’attends qu’on m’la répare.
Après quelques malheureux verres cassés et des bouteilles qui ne purent éviter un funeste destin, Gaston Huntington avait fini par avoir le dessus sur Henri Scott, cela à la plus grande déception de leurs spectatrices qui lâchèrent toutes un soupir de dépit en voyant le seigneur le moins apprécié du peuple afficher un air satisfait sur son visage.
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—Maintenant Scott, rappelle-toi que je suis le meilleur ! fanfaronna le seigneur Huntington.
—Super, lâcha la paysanne avec dépit. Il va plus se sentir pisser maintenant…
—Pauvre seigneur Scott, fit Autumn avec tristesse.
—Hey ! Vous devriez m’acclamez ! s’exclama Gaston en constatant qu’il n’entendait point de louanges sur sa victoire.
—Vous l’aviez provoqué en lui manquant de respect ! souligna Helena avec un certain agacement. Vous me décevez Gaston !
Le spectacle étant fini, la paysanne quitta les lieux au moment où Viktor le Lumineux entra.
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—Je peux savoir ce qu’était ce boucan ? demanda-t-il sur un ton irrité. Impossible pour moi de continuer mes recherches avec un tel raffut !
—Oh ! Vous voilà enfin Sire Viktor ! s’exclama Helena avec une joie non feinte. Le seigneur Huntington a provoqué une bagarre avec le seigneur Scott !
—Encore ?! Mais qui a eu la mauvaise idée de les mettre ensemble cette fois-ci ?
Rapidement, le mage s’installa au bar aux côtés d’Helena qui se hâta de lui donner les détails, aidée par Autumn qui ne comptait pas laisser Gaston Huntington s’en tirer facilement.
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—… Mais vous imaginez cet homme à la tête d’un royaume ? lança la jeune femme issue de la noblesse. Il est totalement immature !
—Je vous assure que je sais parfaitement gérer mon domaine ! se défendit le seigneur Huntington.
—C’est pas vraiment ce que raconte tes domestiques… fit le seigneur Scott sur un ton narquois.
—Toi sale…
—Suffit ! leur ordonna Viktor, faisant taire tout le monde. Seigneur Huntington, j’ai effectivement eu vent de quelques petits… soucis chez vous donc au lieu de passer votre temps à trainer ici pour boire du vin, peut-être devriez-vous rentrer chez vous pour régler cela. Autrement, je peux conseiller à sa Majesté de vous retirer votre titre…
—Très bien Messire… Et ne pense pas que je vais t’oublier sale parvenu !
—Ne t’inquiète pas, personne ne te regrettera au château.
Cette dernière pique du seigneur Scott fit soupirer Viktor de dépit mais bon, lui-même avait du mal à supporter Gaston Huntington, le mage ne le jugeant pas assez digne de confiance pour rester discret sur certaines choses se passant au château. Son rôle était plus de conseiller le roi qu’autre chose…
Dans un autre endroit du bâtiment, à peu près au moment, Joshua le Téméraire se rendait à l’arrière du château, là où Viktor le Lumineux faisait pousser certaines de ses plantes. Margaux était avec lui, même si, ce jour là, il y avait encore un léger malaise entre eux…
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—Encore une journée magnifique sur le royaume, fit remarquer le souverain en fixant le ciel bleu. Si je le pouvais, je sauterais volontiers sur mon cheval pour galoper jusqu’à l’horizon…
—Vous et moi savons que cela n’est pas envisageable, dit-elle avec une pointe d’amertume pour cet homme. Vous avez des responsabilités ici votre Altesse.
En entendant ces mots, le Téméraire s’arrêta et la magicienne vint se poster face à lui, se doutant bien de ce qu’il allait encore lui dire. Seulement, si avant elle avait balayé ce discours d’un revers de la main en souriant, là, elle savait très bien quelle vérité se cachait plus ou moins derrière et elle avait peur de mal réagir à présent.
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—Combien de fois t’ai-je dit que tu pouvais m’appeler simplement par mon prénom ? lui rappela-t-il avec un sourire. Nous sommes seuls et ça n’offusquera personne.
—Je sais que vous détestez le protocole mais je préfère que cela reste ainsi, répondit-elle, très gênée. Surtout suite à… l’autre jour.
Une quinzaine de jours plus tôt, le royaume se préparait activement pour la fête du solstice d’été, tout le monde se tenant prêt à rester éveillé le plus longtemps possible afin de profiter de la nuit la plus courte de l’année, que ce soit dans des tavernes ou bien avec des festivités plus privées dans le cas de certaines familles nobles. Un bal était organisé au château à ce moment-là, permettant ainsi aux demoiselles de la noblesse de tenter de plaire au roi et ainsi d’obtenir la place de reine, vacante depuis que Joshua VI était sur le trône. Seulement, chaque année, aucune de ses prétendantes n’avait trouvé grâce à ses yeux soit parce qu’un détail dans leur physique lui déplaisait – il était un fait connu qu’il n’appréciait guère les femmes blondes ou qui paraissaient superficielles – ou soit car il n’appréciait pas leur personnalité – c’était sur ce point précis qu’il était le plus difficile, ayant rejeté toute idée de mariage avec Helena Villareal car elle était trop douce à ses yeux et s’étant désintéressé de beaucoup de femmes nobles qu’il qualifiait d’enquiquineuses car elles râlaient à la moindre chose.
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Ce jour-là, Margaux avait suivi les préparatifs et avait accepté de servir de partenaire de danse au roi pour que celui-ci soit prêt le jour du bal. Cette répétition terminée, ils avaient prit l’air ensemble à cet endroit même et ils avaient discuté de façon tout à fait innocente, comme toujours.
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Seulement, la sorcière n’avait pas prévu le tournant que prendrait cette conversation et, même si elle s’était attendue à ce que le souverain l’invite à s’éclipser du château pour aller se mêler au peuple durant la fête du solstice, elle n’avait pas imaginé à un seul instant qu’il lui avouerait qu’il avait des sentiments romantiques à son égard.
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Comment avait-elle pu ne pas se douter que les flatteries du Téméraire à son égard étaient parce qu’il l’aimait ? Probablement parce qu’elle ne ressentait pas la même chose et qu’elle pensait plus à son frère qui était sur les routes ainsi qu’à croiser les doigts pour que sa « servante » puisse travailler au château. Et peut-être aussi à cause de Viktor…
Après avoir mis un peu de distance entre eux, elle lui avait dit que ce n’était pas réciproque et lui avait rappelé les lois d’Avalon : il était interdit à une créature surnaturelle, même appartenant à la famille royale, de monter sur le trône du royaume, tout comme il était interdit au souverain d’épouser une créature surnaturelle. En entendant cela, il n’avait pas insisté et était parti, le visage complètement fermé.
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Pendant plusieurs jours, Margaux l’avait évité au maximum et, lors de la fête du solstice, était restée cloitrée chez elle malgré le fait que sa « servante » insistait pour qu’elle l’y accompagne – celle-ci y était finalement allée seule et était revenue au petit matin.
Ayant probablement repensé à tous ces évènements de son côté, le roi Joshua soupira longuement avant de lever son regard vers elle, un sourire aux lèvres.
—Je m’en suis remis, lui dit-il. Et j’apprécierais vraiment que tu me tutoies un jour, même si ce n’est qu’en tant qu’amie. Je sais que tu me couvres parfois quand je m’éclipse du château…
—C’est votre façon de gouverner et je la respecte, lui déclara-t-elle en lui rendant son sourire, le malaise étant passé. Vous avez besoin de vous sentir libre de vos mouvements… un sentiment que je peux comprendre. Je ne serais pas étonnée que ce soit ce qui vous a rapproché de Sirius à l’origine…
—D’ailleurs, comment se porte-t-il celui-là ? Cela fait un moment que je n’ai pas eu de ses nouvelles !
Alors que Margaux allait commencer à lui raconter les derniers voyages que son frère cadet lui avaient contés lors de leur dernière prise de contact, les pas lourds du seigneur Scott retentirent.
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—Sale fils à papa… grommela-t-il en arrivant à leur hauteur.
—J’ai l’impression que quelqu’un a encore eu des soucis avec le seigneur Huntington, constata la sorcière en notant l’air renfrogné du seigneur Scott.
—Ha ha ha ! rit le Téméraire en entendant cela. Même moi j’aurais pu le deviner !
La magicienne ne pouvait que partager l’amusement de son souverain : Henri Scott était quelqu’un de si honnête que son visage trahissait souvent ce qu’il ressentait, au point qu’une personne le côtoyant régulièrement comme Joshua VI était capable de savoir en un coup d’œil quand quelque chose tourmentait le jeune seigneur.
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—Mais je suis si facile à lire que ça ?! s’exclama le seigneur Scott, gêné.
—Gaston Huntington est votre principale source de contrariété donc les chances de tomber juste sont, de base, élevées, lui exposa Margaux. Et puis vous n’êtes pas le seul à avoir du mal à le supporter.
—Je l’attends au tournant d’ailleurs, ajouta le Téméraire en fronçant les sourcils. Je n’apprécie guère sa manie de tenter de me marier avec ses « amies » de la noblesse qui ont un caractère encore plus difficile que le sien…
—Comme cette Natasha de Plénoseil je présume ?
—Entre-autres… Et je tiens à ajouter que cette femme avait un nez affreux ! Elle m’évoquait plus un vautour qu’autre chose.
Et, si les souvenirs de la sorcière étaient juste, cette femme, en plus d’être d’une très riche famille de nobles, était, sans réelle surprise vu les goûts du roi… blonde. Il était donc plus que prévisible qu’elle n’aurait jamais pu plaire physiquement au souverain d’Avalon…
Après avoir lâché un soupir exaspéré suite à ce mauvais souvenir, le Téméraire se tourna vers son ami et lui adressa une expression bienveillante.
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—Si tu as besoin de te défouler, je viendrai volontiers m’entrainer avec toi, lui proposa le souverain. Un bon duel amical devrait évacuer pas mal de tes frustrations mon cher Henri.
—J’avoue que cette offre est très alléchante, admit le seigneur Scott avant de glisser un regard vers la magicienne. Mais…
—Faites comme vous voulez ! s’exclama Margaux sur un ton amusé. De toute manière, Sirius doit revenir aujourd’hui en Avalon donc je comptais m’en aller.
—Oh ? Il est de retour ? fit le roi, l’air enchanté. Je sens que nous allons bien nous amuser…
—Il sera accompagné cette fois-ci donc à votre place, je n’espèrerai pas trop l’inclure dans vos petites escapades…
Des rires amusés résonnèrent à l’arrière du château et, après encore un léger échange de banalités, tous trois s’étaient séparés, la Ténébreuse d’Avalon ayant pris le route de sa tour tandis que ces messieurs s’en étaient allés croiser le fer.
Dans un autre recoin du château, dans les caves où étaient stockés nourritures et objets précieux, une servante parcourait les rayonnages, cherchant la bouteille de vin qui lui avait été expressément demandée par le seigneur Villareal. Seulement, la cave à vins était vaste et elle était nouvelle en ces lieux donc ce n’était pas évident pour elle de s’y retrouver.
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Quand enfin, elle repéra la bouteille tant désirée, elle sentit comme un courant d’air derrière sa nuque. Y avait-il une fissure quelque part qui pourrait expliquer cela ? Elle tourna la tête pour en voir l’origine mais, ne constatant rien de particulier, elle reporta son attention sur…
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—Salut ma belle !
—AAAHHHH !!!
Par réflexe, elle frappa au visage celui qui l’avait surprise et recula… avant de réaliser qui était l’imbécile qui avait eu la mauvaise idée de jouer avec ses nerfs – elle nota dans un coin de sa tête qu’elle aurait dû le taper plus fort pour la peine.
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—SIRIUS ! s’exclama-t-elle, contrariée. Non mais tu réalises qu’à cause de toi, j’aurais pu perdre mon job ?!
—Désolé Eury… s’excusa le jeune homme en se frottant la joue qui avait reçu le coup. La vache ! Tu cognes plus fort qu’à l’orphelinat ou je rêve ?
—Tu en veux encore ?
Lançant un regard noir à Sirius, Eurydice brandit son poing pour bien lui faire comprendre qu’elle n’hésiterait pas à le frapper de nouveau. Certes, ils avaient grandis ensemble à l’orphelinat et étaient de très bons amis mais ça n’excusait pas l’attitude du musicien !
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—Heu… non, répondit le concerné aves un sourire un peu crispé. Sincèrement, je ne voulais pas te faire peur !
—C’est raté, grommela la servante en abaissant son poing. Et comment tu as su que j’étais là ? Ca ne fait même pas une semaine que je travaille ici et tu étais sur les routes !
—Margaux m’en a parlé lors de notre dernière communication magique. J’ai aussi cru comprendre que tu avais réussi à te retrouver un logement plus vite que prévu. Bravo !
Quelques mois plus tôt, Eurydice avait été victime d’un incendie dans la chaumière qu’elle occupait à l’origine et celle-ci n’était plus qu’un tas de cendres, faisant que la jeune femme se serait retrouvée sans lieu où dormir si le musicien n’avait pas insisté auprès de sa sœur pour qu’elle l’héberge le temps qu’elle puisse reprendre son indépendance. Cette colocation s’était très bien passée et, certainement grâce à la recommandation de la Ténébreuse, elle avait obtenu ce travail de servante au château d’Avalon.
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—Merci, fit-elle avec un léger sourire. Et sinon, tu es venu me trouver pour un truc précis ou c’était juste pour t’amuser avec mes nerfs ?
—J’ai effectivement un service à te demander, admit-il. J’ai deux amies qui voyagent avec moi et même si je sais que le Téméraire les accueillera volontiers chez lui, je ne pense pas qu’elles seront à l’aise ici.
—Tu veux donc que je les héberge ?
—C’est ça. Autrement, je trouverais une autre solution.
Elle réfléchit durant quelques secondes, notant dans un coin de sa tête que du rangement allait s’imposer chez elle et qu’elle allait devoir penser à acheter de quoi manger car excepté quelques carottes, il ne devait rien lui rester d’autre – heureusement qu’elle était bien payée ici car cela lui permettait de se nourrir convenablement, pas comme les serviteurs du seigneur Huntington qui avaient plus de mal à survivre à cause de la radinerie de leur maître.
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—Ca marche, dit-elle avec le sourire. Je devrais pouvoir les héberger quelques temps.
—Merci ! lui déclara Sirius, l’air enchanté.
—Par contre, si tu dors chez moi toi aussi, sache que tu devras te contenter de ce qu’il reste !
—Boarf ! Ca ne peut pas être pire que de dormir dans une auberge près de la frontière avec Midgard ! Tu sais que ces espèces de guerriers tarés ont les pieds qui empestent quand ils ôtent leurs bottes ? J’ai cru que j’allais vomir !
Eurydice ne put s’empêcher de rire en entendant cette anecdote et, intérieurement, elle espérait que le musicien avait beaucoup de choses à lui raconter car, faute de pouvoir elle-même partir à l’aventure, elle adorait écouter les récits de voyage, laissant son imagination recréer ces histoires.
—Maintenant que c’est réglé, je te retrouverai plus tard avec Selena et Farah, lui dit Sirius. Ma sœur doit m’attendre et je dois aller retrouver mes amies vu que c’est leur première fois en Avalon.
—Très bien, fit-elle en posant la main sur la bouteille qu’elle était initialement venue chercher. Je termine ce que j’ai à faire et je leur préparerai une chambre.
—Encore merci ma belle !
Sur ces mots, Sirius claqua des doigts et disparu dans un courant d’air, laissant seule la servante qui put enfin reprendre là où elle avait été interrompue.
A bonne distance du château d’Avalon, il existait une tour sinistre où peu de personnes se rendaient, cela à cause des rumeurs disant que tout indésirable pénétrant en ces lieux se faisait instantanément foudroyer – en réalité, le sommet de la tour tendait à attirer les éclairs en cas d’orage, faisant que la tour était facilement chargée en énergie car elle jouait un rôle de paratonnerre magique. Margaux avait choisi de vivre ici, lui permettant ainsi d’avoir une tranquillité garantie et de pratiquer son art en toute quiétude, même si vivre ici était loin d’être pratique au quotidien.
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Elle venait de finir de consulter un grimoire sur les malédictions quand elle entendit une porte grincer derrière elle. En sentant le courant d’air qui suivit, elle n’eut guère de doutes sur l’identité de son visiteur.
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Elle se retourna et vit qu’elle ne s’était pas trompée : se tenant devant la porte, son petit frère, Sirius, la regardait avec un grand sourire aux lèvres, visiblement heureux de la voir après tout ce temps.
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—J’ai bien failli t’attendre ! s’exclama-t-elle en rejoignant son cadet. J’imagine que tu es allé voir Eurydice avant ?
—Ha ha ha ! fit le musicien. Tu m’as déjà percé à jour à ce que je vois ! Petit tour de divination peut-être ?
—Disons plutôt que tu sais que je ne peux pas héberger grand monde ici et que ton amie d’enfance me semble l’option la plus logique pour demander ce genre de service.
Cette tour était plus un repère de sorcière qu’une auberge : la plus grande partie du bâtiment était destinée à la pratique de la magie et le peu qui restait contenait le strict nécessaire à son occupante pour qu’elle puisse dormir ou se reposer. Certains ajouts avaient été faits à l’époque où elle avait Eurydice comme « domestique » mais l’endroit restait tout de même peu pratique pour recevoir, ce dont Sirius avait bien conscience.
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—J’admets que je suis allé lui rendre une visite au château, déclara le musicien avec un sourire en coin. Elle était en pleine forme je dois dire !
—Elle t’a frappé, en conclut aisément Margaux sur un ton blasé. C’est à croire que tu aimes que des femmes te tapent dessus…
—Seulement celles que j’apprécie et elles ne se comptent que sur les doigts d’une main !
La magicienne soupira d’exaspération en entendant cela. Certes, son cher petit frère était en droit d’apprécier sa liberté et d’aimer jouer les séducteurs auprès de ces dames mais elle savait d’expérience que seules les femmes de caractère retenaient réellement son attention, ce qui avait été le cas avec Eurydice avec qui il avait grandi – elle se souvenait vaguement du jour où il avait voulu l’inviter à sortir avec lui et où elle lui avait donné un bon coup de poing car elle l’avait aperçu plus tôt dans la journée en train de compter fleurette à une villageoise, monsieur ayant quelque peu oublié que contrairement à lui, son amie d’enfance pouvait être jalouse.
Autant dire que Sirius risquait de ne pas accepter de se mettre en couple avant très longtemps…
Soudain, Margaux sentit une forte lumière approcher et, en entendant grincer la porte, elle ne fut guère surprise de voir entrer Viktor, seule personne de sa connaissance qui possédait une telle quantité de lumière – en tant que Ténébreuse, elle pouvait percevoir facilement la lumière, ce qui était pratique pour repérer quelqu’un possédant plus de lumière que de ténèbres.
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—Tiens ? s’étonna Viktor en apercevant Sirius. Le troubadour préféré du roi est de retour à Avalon… peut-être pour finir ses études ?
—Désolé de te décevoir Viktor mais ce n’est pas pour cette fois non plus, déclara le musicien en haussant les épaules. Ce n’est pas que tu es un mauvais professeur de magie mais seulement que je n’ai pas la patience pour ça…
—Le bon côté est qu’il t’avait écouté assez longtemps pour apprendre les sorts de déplacement, ironisa la magicienne en se souvenant du peu de sérieux de son cadet. Autrement, il serait bien embêté pour voyager…
Si Margaux avait constaté que son frère s’intéressait grandement à la musique, à l’inverse, il s’était avéré être un élève peu assidu par rapport à elle dans le domaine de la magie, si bien qu’elle n’avait guère été surprise qu’il se contente de retenir ce qui, à ses yeux, était vraiment utile. Elle doutait fort qu’il change d’attitude un jour mais elle ne comptait pas le brusquer. Après tout, ils restaient toujours en contact, avides qu’ils étaient de garder intact ce lien entre eux.
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—Cela est juste, admit Viktor en soupirant. Au moins, je n’ai pas passé mon temps à parler dans le vide…
—Hey ! Mais j’écoutais ! s’exclama Sirius avant de rire jaune sous le regard sévère de sa sœur. Bon, peut-être pas tout mais j’ai retenu deux trois trucs quand même !
—Oui… Rappelle-moi combien de fois ta sœur t’a électrisé car tu faisais je ne sais quoi dans mon dos ?
—Euh…
—Quinze fois, répondit Margaux qui s’en souvenait très bien. J’en viens à me demander si je ne lui ai pas grillé une partie du cerveau pour qu’il aime tant que les femmes le frappe…
En entendant cela, Viktor se tourna vers le musicien et le regarda un moment, l’air de sérieusement considérer cela comme possible. Le concerné grimaça en remarquant cela, amusant sa sœur qui l’observa en train d’essayer d’expliquer au Lumineux que c’était du second degré. La Ténébreuse tourna son regard sur le côté, se souvenant soudain d’une chose lorsqu’elle posa ses yeux verts sur les nombreux coffrets rassemblés à cet endroit précis.
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—Viktor, tu comptes récupérer ces coffrets ? demanda-t-elle en désignant les objets en question.
—Hum ? fit le magicien en se tournant vers la table. Ah oui… Je les avais oubliés ceux-là… Et je ne sais toujours pas quoi faire de cette erreur de commande. Je n’en ai pas l’utilité et je n’ai pas de place pour tout ça chez moi donc si tu les veux pour toi Margaux, je t’en fais volontiers cadeau.
Même si, actuellement, elle non plus n’en avait pas besoin, elle n’allait pas refuser car ces coffrets étaient faits en chêne du sorcier, un arbre magique dont le bois pouvait, suivant comment il était travaillé, servir à l’apprentissage de la magie ou bien contenir un objet magique durant plusieurs siècles sans que cette magie ne puisse sortir. Pour elle, l’intérêt de ces coffrets serait d’y enfermer des objets maudis ou corrompus car ceux-ci ne pourraient plus faire de mal autour d’eux.
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—Erreur de commande ? questionna Sirius, intrigué. Tu avais bu un verre de vin en trop ?
—J’aurais préféré, fit Viktor en grimaçant. J’ai été distrait par une énième bagarre entre les seigneurs Scott et Huntington, si bien que je n’ai pas relu mon parchemin avant de le remettre au seigneur Desade.
—Et pourquoi tu ne quittes pas le château pour faire comme Margaux ? Tu pourrais t’organiser comme tu veux sans être dérangé sans arrêt ?
—Aurais-tu oublié pourquoi j’y vis en premier lieu ?
—Oh… C’est vrai…
Le Lumineux ne leur avait pas caché le fait qu’en plus d’être le mage le plus puissant d’Avalon, il était aussi un cousin de Joshua le Téméraire, faisant de lui un membre de la famille royale. Cependant, parce que sa grand-mère a eu une courte relation avec un sorcier, toute la descendance de cette femme n’avait pas le droit de monter sur le trône car les lois actuelles interdisaient à une créature surnaturelle de régner. Joshua VI avait tenté de les changer mais il n’a jamais obtenu l’aval du Clergé et de tous les seigneurs de l’époque pour faire cela, faisant qu’à son grand regret, il était condamné à rester roi, un rôle qu’il aurait volontiers cédé à son cousin Viktor qui était plus à l’aise que lui avec le protocole et la noblesse.
Alors que Sirius demandait des nouvelles d’Avalon à Viktor, Margaux fut saisie d’une violente migraine… et des voix grinçantes retentirent dans sa tête.
« Avalon ne sera bientôt plus… Une menace plane sur ce royaume et causera sa perte… »
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Ces paroles furent suivies de brèves images où elle vit la guerre aux portes du royaume, le château tombant en ruines et bien d’autres choses qui montraient clairement qu’Avalon était tombée… mais impossible de savoir aux mains de qui. Midgard peut-être ? Après tout, c’étaient leurs potentiels ennemis les plus puissants…
« Seul le Jugement pourra mettre un terme à cette menace… »
Margaux grinça des dents quand sa migraine disparu enfin, n’appréciant pas du tout cette vision qu’elle avait reçue et qui restait très vague. Ce n’était pas la première fois qu’elle recevait ce genre de message depuis le jour où elle s’était plongée dans l’étude de la divination mais cet art était loin d’être aisé à pratiquer, surtout quand l’on espérait pouvoir lutter contre les gardiennes du Destin, trois Anges de Ténèbres qui, selon les légendes, étaient celles qui décidaient du sort de chacun en ce bas monde. Quiconque voulait lire l’avenir était obligé de composer avec elles, ce qui était loin d’être agréable, mais c’était une des seules façons qu’elles avaient d’agir en dehors de la prison dans laquelle elles étaient depuis toujours. De nature, elles n’étaient ni bonnes, ni mauvaises mais sans elles, le pouvoir de divination n’existerait pas.
Ce qui était certain, c’était que cet avertissement était à prendre au sérieux…
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—Excuse-moi Sirius mais Viktor et moi devons retourner au château, fit Margaux avec gravité. Nous avons une affaire urgente dont nous devons discuter avec le roi.
—Pas de souci, lui répondit son frère, quelque peu intrigué. Tu sais où me trouver de toute manière.
—Cela nécessiterait peut-être le seigneur Villareal ? proposa Viktor, essayant surement de deviner la gravité de ce qu’elle allait annoncer.
—Oui, répondit la magicienne. Et il faudrait un lieu discret aussi.
—D’accord. On se retrouve dans mon laboratoire dans ce cas.
—Merci…
Elle ne perdit pas de temps et usa de ses pouvoirs pour retourner au château, son esprit essayant de trouver ce qui pouvait bien menacer Avalon. Seulement, les possibilités étaient nombreuses : attaque d’un royaume voisin, nouvelle guerre avec un groupe de créatures surnaturelles, assassinat du roi… Il fallait absolument trouver d’où venait le danger pour le stopper à temps… et qu’était ce « Jugement » au juste ? Elle allait devoir faire pas mal de recherches…
Trouver le roi n’était pas bien difficile quand on connaissait ses habitudes : à cette heure-ci, il s’entraînait à l’épée, soit avec Henri Scott avec qui il avait d’excellents rapports, soit avec Jacques Villareal pour lui rappeler qu’il était encore digne de manier sa lame bien que le poids des années se fasse sentir. Elle s’aperçut vite que la deuxième option était juste et que manifestement, les deux hommes se préparaient à partir.
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—Votre Altesse, Seigneur Villareal, fit Margaux sur un ton grave.
—Margaux ! s’exclama le Téméraire, visiblement de très bonne humeur. Alors, Sirius est rentré ?
—Ce n’est pas de cela dont j’aimerais vous parler. Si vous voulez bien me suivre je vous prie…
—Je n’aime pas ça, souffla Jacques Villareal avant de lui emboîter le pas.
Normalement, elle ne se serait pas imposée ainsi mais elle savait que le Téméraire ne lui en tiendrait jamais rigueur et que le plus vieux des seigneurs d’Avalon la prenait très au sérieux depuis le jour où elle avait prédis qu’Helena ferait une chute de cheval et que celle-ci fut rattrapé de justesse par Joshua VI quand sa monture avait été effrayée par un animal.
D’un pas rapide, ils parcoururent les couloirs du château, croisant des serviteurs et des portraits des défunts membres de la famille royale, avant d’entrer dans la bibliothèque et de traverser celle-ci pour arriver devant une porte de bois qu’ils ouvrirent, pénétrant ainsi dans le modeste laboratoire de magie de Viktor. Contrairement à elle, le Lumineux n’avait que peu de surface pour ses affaires, faisant qu’il se devait d’être bien organisé.
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—Que se passe-t-il au juste ? questionna le souverain d’Avalon, curieux. J’imagine que nous ne sommes pas ici pour prendre le thé…
—Rien de bon j’imagine Votre Altesse, supposa le seigneur Villareal. Ce genre de réunion improvisée n’est jamais un très bon présage…
—Je ne peux pas vous donner tort, admit Viktor en se tournant vers la sorcière. Nous t’écoutons Margaux.
Nerveuse, la Ténébreuse prit son inspiration puis leur raconta sa vision, faisant de son mieux pour n’omettre aucun détail. Les trois hommes l’écoutèrent attentivement et si le Lumineux demeura pensif, Jacques Villareal se montra vite inquiet.
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—Je me doutais que c’était mauvais, déclara-t-il, la mine sombre. Mais d’où peut venir cette menace envers le Royaume ?
—C’est justement la question à laquelle il faut que l’on réponde, souligna Margaux, mal à l’aise. Je peux toujours tenter d’en savoir plus mais…
—Aussi douée que tu sois en divination, tu vas t’épuiser mentalement si tu cherches dans tous les sens, lui signala Viktor qui semblait confiant. Le mieux serait d’enquêter au niveau des frontières en y envoyant certains seigneurs…
En entendant ces paroles, le Téméraire fixa le Lumineux avec un sourcil haussé.
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—A qui penses-tu exactement ? demanda le souverain. Le seigneur Vatore est déjà parti pour la frontière avec Midgard…
—Oh, je me disais que le seigneur Huntington apprécierait peut-être de rendre une visite diplomatique à certains de nos voisins, suggéra Viktor avec un sourire narquois. Il m’a semblé qu’il s’ennuyait beaucoup ces derniers temps…
—L’idée est très séduisante… Jacques ?
—Il y a un endroit plus au sud qui devrait bien l’occuper, approuva le plus vieux des seigneurs d’Avalon. Lui qui aime le soleil, il devrait être servi là-bas !
—Vous voulez l’envoyer à Heaven ?! comprit Margaux en se souvenant quel était le royaume le plus puissant dans cette direction.
—Dans un pays voisin pour être exact. Cela devrait lui faire le plus grand bien… et nous octroyer quelques vacances.
Cette remarque amusa beaucoup Joshua VI et Viktor mais la magicienne n’aimait pas beaucoup cette décision.
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—Viktor, il y aurait de bien meilleurs émissaires que ce… commença-t-elle avant de grincer des dents. Il y a peut-être une autre solution !
—Je suis en train d’y réfléchir figure-toi, lui dit calmement le Lumineux. Par contre, mes idées ne vont pas toutes te plaire…
—Je l’avais déjà remarqué !
—Restons calmes mes amis, déclara le Téméraire. Chacun de nous va enquêter de son côté et se renseigner sur ce qui se trame en ce moment contre nous. Jacques, je te fais confiance pour t’assurer que les frontières sont bien gardées.
—Ce sera fait sans délai mon roi, dit le seigneur Villareal en s’inclinant légèrement pour montrer son respect.
—Quant à vous deux, je vous laisse le soin d’essayer de nous éclaircir un peu cette vision afin que nous en sachions plus.
—Bien votre Altesse.
Sur ces mots, Joshua VI et le seigneur Villareal quittèrent les lieux, ayant chacun des obligations qu’ils devaient remplir. A présent seuls, Viktor lui fit signe de le suivre et il l’emmena dans ses appartements, adjacents à son laboratoire, avant de lui désigner l’ottomane au pied de son lit.
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—Venons-en au sujet qui peut fâcher, fit le Lumineux une fois qu’ils se furent tous deux assis. Pour le moment, ta vision reste très obscure…
—C’est peu de le dire… souffla Margaux, encore contrariée de ne pas parvenir à en retirer plus d’informations utiles.
—Ne désespère pas. Même si on ne trouve pas l’origine du danger, on peut se préparer à l’affronter et nous avons justement un magicien de plus au sein du royaume ! Le seul problème sera de le convaincre…
… Viktor voulait VRAIMENT que Sirius, l’élève le plus dissipé qui soit, reprenne l’étude de la magie ?!
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—Je croyais que tu détestais le vin, fit Margaux avec un sourire en coin, espérant que son ami et mentor n’était pas sérieux. Cela t’embrume l’esprit…
—Mes idées sont très claires Margaux, répliqua-t-il avec sérieux. Sirius a du potentiel et je suis certain que s’il prend enfin ses études au sérieux, il aura très vite un bon niveau et sera un excellent atout pour défendre Avalon !
—Bien que je sois de ton avis, je le connais assez pour savoir qu’il ne sera pas d’accord, vision ou pas. Il aime bien trop sa vie actuelle pour retourner s’enfermer avec des grimoires.
—Essaie quand même de lui en parler. Moi, je vais essayer de retrouver mes plus anciens ouvrages de magie afin de savoir ce qu’est ce « Jugement » que mentionnait ta vision…
Bien qu’elle savait d’avance qu’elle risquait fort de se heurter à un refus, la Ténébreuse décida de suivre la suggestion de Viktor.
Dans une ancienne maison de pêcheurs située près du château d’Avalon, Eurydice était prête à accueillir ses invités et, après quelques minutes d’attente, des coups retentirent à sa porte. Elle alla ouvrir et, sans surprise, trouva Sirius en compagnie de deux femmes à qui elle fit signe d’entrer.
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—Bonjour, je m’appelle Eurydice et ceci est mon humble demeure, déclara la servante en désignant les lieux. J’espère que vous vous y sentirez bien…
—Merci à toi de nous héberger, la remercia la femme à la longue chevelure sombre et dont la voix mélodieuse charma ses oreilles. Mon nom est Selena et mon amie se nomme Farah.
—Nous sommes enchantées d’enfin te rencontrer, ajouta Farah avec un sourire plein de chaleur. Sirius parle beaucoup de toi.
—Y compris dans son sommeil…
Cette remarque fit rougir de gêne Eurydice, amusant au plus haut point la chanteuse qui rit aux éclats en voyant sa réaction. Le musicien, les joues ayant prit une teinte rosée, se racla bruyamment la gorge en se tournant vers sa camarade.
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—Selena a un sens de l’humour assez… acéré par moment, souligna-t-il. Elle n’est pas méchante mais elle a tendance à être directe quand elle parle, ce qui nous a déjà posé quelques soucis…
—Ce n’est pas de ma faute si certaines personnes supportent mal la critique, répliqua la chanteuse tandis que la danseuse leva brièvement les yeux au ciel. Cependant, si ça te dérange…
—Tu peux être franche avec moi, la rassura la servante. Je n’ai jamais hésité à dire à Sirius qu’il semblait beaucoup aimer se faire taper dessus par des femmes et ça ne l’a jamais traumatisé…
—Ah, nous n’avions donc pas rêvé…
—Les filles, j’aurais aimé être prévenu avant que c’était ma fête, fit le concerné sur un ton faussement contrarié. Vous avez vraiment de la chance que je vous adore.
Après quelques rires et une visite rapide de l’étage où elle montra leur chambre à ses invitées, Eurydice et elles s’installèrent en bas pour faire connaissance – elle apprit ainsi que Farah et Selena s’étaient connus dans les provinces du Nord et que la danseuse, bien qu’elle supportait mieux les basses températures qu’auparavant, avait souvent besoin d’une couverture supplémentaire pour dormir contrairement à son amie qui n’avait aucun problème à se promener bras nus sous la neige. Les bavardages allaient bon train et Sirius, s’attardant sur certains éléments de la maison, nota quelques éléments qui lui étaient vaguement familiers et que son amie était étonnamment bien logée pour une servante qui venait à peine d’entrer au château – le musicien émit l’hypothèse que ceci était surement l’œuvre du Téméraire qui, étant peut-être tombée sur la lettre de recommandation écrite par Margaux, était intervenu pour qu’elle obtienne le poste et un logement au plus vite.
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—Tu penses vraiment que ce serait le roi ? demanda Eurydice, pensive. Je ne l’ai jamais rencontré…
—Ca lui ressemblerait beaucoup en tout cas, répondit Sirius qui nota que les meubles étaient de bonne facture. Il apprécie beaucoup ma sœur donc quand elle demande une faveur, il la lui accorde souvent les yeux fermés et il l’écoute beaucoup plus qu’elle ne le pense.
La jeune femme n’avait aucune difficulté à croire cela, se souvenant très bien de la dernière fête du solstice où Margaux, plutôt troublée suite à une conversation qu’elle avait eue avec le roi, avait voulu la convaincre de s’y rendre avec l’une de ses robes mais la servante avait refusé, essayant, elle, de persuader sa « maîtresse » de l’accompagner. Au final, elle s’y était rendue seule et était revenue à la tour au petit matin.
Alors qu’ils discutaient de leur trajet jusqu’à Avalon, des coups furent frappés à la porte de façon irrégulière : deux coups rapides suivit de trois lents. Ce code, c’était celui qu’elle utilisait pour rentrer librement dans la tour, cela afin de passer à travers la barrière magique qui éloignait les intrus. Eurydice ne fut donc guère surprise quand sa porte s’ouvrit et que la Ténébreuse pénétra dans sa demeure.
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—Je vois qu’il y a du monde ici, fit Margaux en remarquant les artistes. Bonjour mesdames.
—Bonjour Margaux, la salua la servante avec le sourire. Il y a un problème ?
—J’aurais juste besoin de vous emprunter mon frère quelques minutes. Je dois lui parler en privé.
—Il semblerait que le devoir m’appelle ! s’exclama Sirius en allant rejoindre sa sœur. Soyez sages en mon absence !
—Enfin la paix ! lança Selena sur un ton taquin. On va pouvoir papoter tranquillement entre filles !
La remarque fit rire Farah qui fut vite imitée par tous les autres.
Une fois à l’extérieur et certaine que la porte était bien fermée, Margaux reporta son attention sur son cadet qu’elle toisa d’un œil sévère.
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—Houlà… lâcha le musicien, inquiet. J’ai déjà fait un truc qui t’as pas plu du tout ?
—Pour une fois, non, répondit la magicienne avant de se demander si son frère n’avait pas effectivement fait une bêtise dans son dos. Par contre, évite de me donner envie de t’électriser car j’en viens parfois à penser que tu me cherches exprès pour ça.
—Oh que non ! Je t’assure que je n’apprécie pas beaucoup quand tu me fais ça ! Du coup, qu’est-ce que tu me veux au juste ?
Margaux prit une bonne inspiration et lui raconta pour sa vision, sachant très bien que son frère lui était loyal à elle ainsi qu’au Téméraire et qu’il ne crierait pas cela sur tous les toits. Son cadet l’écouta attentivement avant d’intervenir.
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—Mais… C’est quoi cette histoire-là ?! s’exclama-t-il après avoir entendu le contenu de la vision. Elles peuvent pas faire un effort ces trois fileuses au lieu de t’envoyer des trucs aussi… abstraits ?
—Même si je comprends ton point de vue, évite de leur manquer de respect, avertit-elle sur un ton ferme. Ce serait ennuyeux qu’elles décident de ne plus me laisser accès à la lecture de l’avenir parce que tu as mal parlé d’elles…
—Boarf. Pour ce que cette vision t’apporte… Et qu’en pense Viktor ?
A cette question, la Ténébreuse grimaça en se rappelant des paroles de son mentor.
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—Il aimerait que tu reprennes ton apprentissage, soupira-t-elle. De façon intensive je pense…
—Hein ?! s’exclama Sirius, surpris. Mais il est tombé sur la tête ? J’arrivai jamais à retenir les formules des sortilèges !
—J’ai pensé la même chose que toi mais il semble avoir bon espoir que tu décides vite de te remettre à tes études…
—Vision ou pas, ça ne changera rien au fait que je déteste lire ces fichus bouquins !
Elle avait vu juste… Même si son frère avait le potentiel pour devenir un très bon magicien, il n’avait pas la volonté pour apprendre plus que ce qu’il avait réussi à assimiler. C’était déjà un miracle qu’il ait appris à aussi bien jouer du luth…
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—A part ça, tu dois retourner au château cette nuit ? demanda son cadet.
—Je ne suis pas attendue dans l’immédiat, répondit Margaux en haussant un sourcil, intriguée.
—Dans ce cas, reste un peu avec nous ! Je comptais proposer à Eurydice un petit spectacle privé et puis comme ça, je pourrais te présenter Farah et Selena. Qu’en penses-tu ?
—A une condition : tu cuisines.
A ces mots, tous deux éclatèrent de rire, chacun ayant pu constater qu’Eurydice était peut-être bonne pour faire le ménage mais que quand elle cuisinait, étrangement, elle était une véritable catastrophe – Margaux se souvenait encore de la fois où elle avait voulu faire un ragoût et que celui-ci avait un goût si fort qu’il en était infect.
—J’arrive pas à comprendre comment elle fait ! fit Sirius qui essuyait des larmes. Entre confondre le sel et le sucre, mettre le feu à la cuisine…
—Il faut bien que ton amie d’enfance possède des défauts et celui-là, je dois admettre qu’il est de taille, admit la Ténébreuse. Heureusement, elle en est consciente car ce serait pire pour nos papilles si elle pensait être bonne cuisinière !
—Oh oui !
Elle et son cadet échangèrent quelques anecdotes sur leur amie commune… sans remarquer que quelqu’un les observaient depuis quelques minutes.
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Le soir venu, après qu’ils aient mangé tous les cinq du poisson cuisiné par Sirius et Selena, un feu fut préparé à l’extérieur, amenant un peu de chaleur sous la brise fraiche amenée par la mer. Eurydice s’était changée, libérant ses cheveux châtains sur ses épaules tandis que Farah faisait quelques étirements et que la chanteuse faisait quelques vocalises. Assise sur une des pierres présentes sur la plage, Margaux observait son frère qui vérifiait que son luth était bien accordé.
Puis une fois tous prêts, les artistes commencèrent leur spectacle sous le clair de lune, au coin du feu…
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Entre la voix mélodieuse de Selena, les notes envoutantes jouées par Sirius et les pas de danse gracieux de Farah, elles n’avaient pas vu le temps passer, au point que la Ténébreuse crut presque sortir d’un rêve quand la musique prit fin. Il n’y avait pas de doute pour elle : son frère avait parfaitement trouvé sa place avec ces deux femmes, formant un trio des plus harmonieux qui méritait amplement leurs applaudissements.
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—Je vais devoir vous laisser, fit Margaux en se levant pour laisser sa place à la chanteuse. Votre prestation était si belle que je n’ai pas réalisé qu’il était si tard.
—Merci du compliment ! la remercia Selena avec un grand sourire. Nous ne savons pas encore comment le reste d’Avalon va nous recevoir par contre.
—Le fait que nous venions tous les trois de pays différents dérange certaines personnes, précisa Farah en soupirant de dépit.
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—Vous devriez vous adresser au seigneur Scott pour savoir où aller vous produire, leur suggéra la Ténébreuse. S’il est avec vous, seuls les nobles pourraient éventuellement vous poser des soucis et dans ce cas de figure, adressez-vous directement au seigneur Villareal. Sa femme était une étrangère au royaume et il n’a jamais apprécié qu’elle soit méprisée à cause de ça donc il ne se gênera pas pour prendre votre défense publiquement s’il le faut.
—Je confirme, ajouta Sirius avec un grand sourire. C’est ce qui a fait que Joshua lui a accordé plus de pouvoirs qu’aux autres seigneurs et le voir coller une fessée à ce sale gamin noble car il avait insulté une servante qui n’était pas originaire d’Avalon, ça valait le détour !
—Vraiment ?! fit Eurydice, agréablement surprise. Je comprends mieux pourquoi le personnel du château l’apprécie autant.
—Le seigneur Vatore est lui aussi un étranger à l’origine mais il n’est pas en Avalon actuellement, ajouta Margaux. Sur ces mots, je vous souhaite une bonne nuit à tous et j’espère vous revoir bientôt.
—Bonne nuit à vous aussi Dame Margaux.
Calmement, elle s’éloigna de la plage, souriant en coin en entendant son frère rire joyeusement avec les filles. Nul doute qu’ils allaient rester éveillés encore un moment et qu’Eurydice risquait fort d’être en retard pour prendre son service demain – la Ténébreuse n’aura qu’à prétendre qu’elle était avec elle, ce qui ne serait pas un mensonge en soit.
Prenant le sentier menant au château, Margaux se demanda sur qui elle allait tomber à cette heure-ci. Si Viktor était encore éveillé, la bibliothèque était le meilleur endroit où le trouver mais il était aussi probable qu’elle croise le Téméraire en train de s’éclipser discrètement pour boire un verre dans une taverne avec Henri Scott ou encore Jacques Villareal qui consultait les derniers rapports qu’il avait reçu.
Seulement, lorsque la magicienne aperçue, cachée derrière un arbre, une silhouette qui lui était inconnue, sa méfiance s’éveilla.
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—Comment je peux faire… marmonnait cette mystérieuse femme aux cheveux blonds. Si je croise la mauvaise personne, je suis fichue…
La discrétion n’avait pas l’air d’être son point fort… mais vu la situation, Margaux se devait de comprendre ce que cette fille faisait ici et pour cela, elle devait l’interroger. Elle se rapprocha donc d’elle, profitant que celle-ci ne semblait pas faire attention à ce qui l’entourait…
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—Je peux savoir ce que vous faites ici ?
—KYAAAA !!!
L’inconnue fit un bond, visiblement très surprise de la voir. La jeune fille n’était pas très rassurée en sa présence et essayait manifestement de reprendre ses esprits… mais vu son regard qui se tournait dans tous les sens, elle devait aussi chercher un moyen de s’enfuir. Par contre, Margaux trouvait qu’elle avait quelque chose… d’étrange.
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—Mais qui êtes-vous au juste ? demanda la Ténébreuse qui se posait des questions sur ces marques que cette fille avait autour des yeux.
—Heu… hésita l’inconnue. Personne ?
—… Je n’ai pas très envie de rire. Soit vous me répondez, soit je vous électrise. Le choix est votre.
La jeune fille déglutit en entendant cela et se mit à lui faire un sourire crispé, signe évident qu’elle était très mal à l’aise face à elle… et Margaux commença à sérieusement envisager que cette fille n’était pas humaine lorsqu’elle réalisa que ces marques représentaient des fleurs.
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—Si vous insistez… fit la fille étrange en remettant une de ses mèches blonde en place. En fait, j’espérais voir le roi Joshua VI en privé…
—Aucune chance qu’il vous reçoive, déclara la magicienne avec fermeté, sachant pertinemment que le Téméraire n’avait aucun attrait pour les femmes aux cheveux blonds. Et même si vous êtes une créature surnaturelle, vous avez intérêt à avoir une bonne raison pour le déranger.
—… J’me suis cramée comment ? Vous avez senti ma Lumière ?
—Disons que vous n’êtes pas vraiment une as du déguisement… et merci de me dire à quelle catégorie vous appartenez.
Celle qu’elle supposait être une créature de type Ange jura en réalisant sa bêtise mais elle se reprit assez vite, cette fois-ci plus détendue qu’au départ.
—Techniquement, j’ai pas besoin de me déguiser pour passer inaperçue avec les humains, dit-elle avec un sourire en coin. L’invisibilité est un chouette pouvoir mais pas contre mes semblables ou une Ténébreuse qui peut voir à travers. Et j’ai une assez bonne raison pour le voir je pense mais j’ai pas le droit de vous en parler. Je devrais même pas être ici en plus…
—Tiens donc… fit Margaux, de plus en plus suspicieuse. Dites-moi ce que vous pouvez me dire et je verrais pour vous faire entrer dans le château si vous dites la vérité.
L’inconnue sembla peser le pour le contre de cette proposition durant quelques secondes et, à son attitude, elle n’avait pas mis longtemps à se décider.
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—Appelez-moi Fairy, finit-elle par se présenter. Mon vrai nom, je ne vais pas vous le dire mais je pense que vous le trouverez vous-même. Faites juste gaffe à ne pas le prononcer car je n’ai pas envie qu’une de mes sœurs débarque, surtout Calliope. Ca risquerait de poser des soucis à pas mal de monde si mon… affaire privée venait à être découverte.
—Une muse donc, en conclut Margaux, constatant ainsi que cette fille était inoffensive, les muses étant des êtres pacifiques destinées à guider les humains, surtout les artistes. Si vous êtes capable de rester discrète, il y a un passage que vous pouvez emprunter et qui devrait réduire vos chances de croiser le Lumineux. J’espère juste pour vous que vous n’avez pas peur des ronces.
—Merci beaucoup ! Oh et si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à me demander ! Je serais ravie de vous aider !
A l’heure actuelle, la Ténébreuse n’avait pas vraiment besoin d’une muse mais elle nota cela dans un coin de sa tête au cas où…
Le lendemain au château d’Avalon, Eurydice avait pris son service en retard et c’était un miracle qu’elle n’ait pas été renvoyée pour cela – il allait vraiment falloir qu’elle remercie Margaux et Autumn pour l’avoir couverte. Elle se dépêcha d’aller aux cuisines quand elle faillit rentrer dans quelqu’un.
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—Mes excuses monseigneur, fit-elle en s’écartant précipitamment et en s’inclinant avec respect.
—Ce n’est rien, lui dit celui qu’elle reconnut comme étant Viktor le Lumineux. Je ne vous ai jamais vue avant…
—Je suis nouvelle. J’étais au service de Dame Margaux avant.
—Tiens donc… Elle ne m’avait pas dit qu’elle avait trouvé quelqu’un comme vous.
Quelqu’un comme elle ? De quoi voulait-il parler au juste ? La servante n’avait pas vraiment le temps de s’en soucier et, après s’être excusée à nouveau, elle prit congé pur aller rejoindre Dame Helena, celle-ci ayant besoin d’aide pour se coiffer. Seulement, alors qu’elle venait de dépasser le magicien, celui-ci lui attrapa fermement le bras…
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—Attendez ! Nous n’avons pas te-…
Mais Eurydice, n’appréciant guère ce genre d’attitude chez un homme, lui donna un violent coup de coude dans le ventre, le forçant à la lâcher. Furieuse, elle se tourna vers le Lumineux pour le foudroyer du regard.
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—Je me fiche de qui vous êtes ici ! Ne vous avisez plus jamais de me toucher ! l’avertit-elle avant de tourner les talons et de s’en aller, se promettant d’en parler à Margaux dès que possible.
Se remettant du violent coup de coude qu’il avait reçu, Viktor la regarda partir sans chercher à la rattraper.
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—Un Cœur Vaillant… murmura-t-il. Quel drôle de hasard…
Il resta encore un moment à fixer le dernier endroit où il l’avait vue… non sans se demander comment il avait pu rater cette fille et de quelle manière Margaux l’avait dénichée.
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—Les trois alignements rares à Avalon… Vraiment très intéressant.
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