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Photo du rédacteurKaleiya Hitsumei

Chapitre 17 : Ceux qui errent

La chaleur des rayons du soleil sur sa peau réveillèrent Eurydice qui se demanda un instant où elle était… avant de se souvenir qu’elle s’était échappée de la maison de l’ogresse et qu’elle était coincée sur l’île de Windenburg. Elle se releva avec précaution, ses mains appuyées contre l’herbe fraîche pour s’aider.

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Un frisson lui échappa en sentant le vent qui soufflait sur sa peau nue… et en reconnaissant les Falaises, un lieu dont Giulia lui avait montré des photos.

La jeune femme frotta ses paumes contre ses bras nus, regrettant fortement de ne pas porter de veste pour se protéger de la brise glacée qui soufflait ici. Si elle ne voulait pas tomber malade, il valait mieux qu’elle trouve un endroit pour s’abriter. Ignorant les douleurs de ses pieds nus qui n’avaient pas dû beaucoup apprécier sa course folle, elle se mit donc à chercher un coin moins exposé au vent quand une musique arriva à ses oreilles.

Intriguée, Eurydice suivit la mélodie, reconnaissant les notes d’un violon. Elle ne connaissait pas cet air mais il était superbe à entendre et celui ou celle qui maniait l’archet était très doué.

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Ce fut une fois arrivée en haut qu’elle le vit en train de jouer face à l’océan, ignorant le vent qui balayait les lieux : c’était Sirius, l’homme que Giulia lui avait présenté au bar.

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Captivée par cette musique, elle constata vite que le violoniste, en plus d’être doué, prenait un vrai plaisir à jouer et ce, bien que l’endroit n’avait probablement pas la meilleure acoustique qui soit. Le vent soufflant sur les falaises emportait les notes avec lui, les emmenant à travers les arbres et les fougères, les faisant ricocher contre les parois de pierre ou les ruines présentes. Ce cadre ajoutait comme un côté épique au morceau qui lui donnait envie de prendre sa guitare et de le rejoindre pour l’accompagner dans un duo, un peu comme ce qu’ils avaient fait au bar étudiant.

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Il était clair que ce type ne savait pas jouer que du piano…

Lorsqu’il termina son morceau, il rangea son violon dans un étui laissé près d’un buisson puis il se retourna et, en l’apercevant, il cligna plusieurs fois des yeux, ayant visiblement du mal à croire ce qu’il voyait.

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—Eurydice ? fit-il en s’approchant d’elle. Mais… tu fiches quoi ici en pyjama ?

—C’est… compliqué.

Amusant qu’il l’ait facilement reconnue alors qu’ils ne s’étaient croisés qu’une seule fois. Possible qu’il soit doué pour reconnaitre quelqu’un en un coup d’œil – sa mère était bonne physionomiste, faisant que lorsqu’un de leurs clients avait changé radicalement de style, elle avait été la seule à l’avoir tout de suite reconnu à cause de sa démarche et de certains tics.

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—Compliqué… dit-il en se grattant l’arrière du crâne tout en la détaillant des pieds à la tête. T’as quand même pas couru pieds nus jusqu’ici j’espère ? Y a des fêtes des fois dans le coin et des tessons de verre qui se baladent.

—Juste des cailloux et de l’herbe…

Une seconde… Pourquoi avait-il utilisé le verbe « courir » dans sa phrase ? A sa connaissance, rien sur elle ne montrait qu’elle s’était évadée de quelque part ou avait été agressée. Peut-être qu’elle avait raté, sous l’effet de la peur, des branches qui auraient pu lui griffer le visage ou des feuilles restées coincées dans ses cheveux.

Cependant, elle se souvint que, durant sa période de « sommeil » elle avait entendu trois voix autour d’elle… dont une qui était masculine. Elle avait de sérieux soupçons et, instinctivement, elle eut un léger mouvement de recul qui ne passa pas inaperçu vu le regard de Sirius.

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—Houlà, reste-là Eurydice, lui dit-il, l’air un peu paniqué. T’es en sécurité avec moi.

—Permet-moi d’en douter, répliqua-t-elle, méfiante. Techniquement, on ne se connait pas toi et moi.

—… Ecoute, j’me doute que tu m’as grillé mais je te jure qu’on ne te veut pas de mal. C’est même tout le contraire ! Si tu me laisses t’expliquer la situation, je te promets qu’après, tu seras libre de faire ce que tu veux.

—Juré ?

—Sur la tête de ma sœur.

D’abord sceptique, Eurydice accepta cette offre, estimant que, de toute façon, elle n’avait pas mieux à faire. Elle suivit Sirius jusqu’à des restes d’un ancien bâtiment puis tous deux s’assirent sur ce qui, auparavant, devait être un mur de pierre.

—Par où commencer… fit le jeune homme, pensif. Tu as des souvenirs de ce qu’il t’es arrivé sur cette route ?

—Justement, j’aimerais bien savoir ce qu’il m’est arrivé ce soir-là, souligna-t-elle. C’est peut-être le choc mais je ne crois pas avoir entendu un moteur de voiture.

—Ah… Bel t’as trouvée sur le bas côté en fait. Elle avait entendu un bruit bizarre et avait pensé qu’un sanglier avait causé un accident. Elle m’a appelé juste après pour l’aider à te mettre à l’abri.

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Donc pour le moment, impossible de savoir ce qui avait bien pu se passer sur cette maudite route. Toutes les conditions étaient réunies pour un accident suivit d’un délit de fuite, ce qui pouvait peut-être coller avec ses blessures… mais quelque chose lui murmurait qu’on lui passait des détails sous silence. La raison de cela, vu ce qu’elle avait appris à la cabane, n’était pas très difficile à deviner vu comme son interlocuteur semblait mal à l’aise, comme s’il cherchait comment lui dire la suite.

—J’ai entendu Belthelda parler avec une femme de magie et autre, précisa Eurydice, attirant sur elle un regard vert visiblement surpris et, aussi, soulagé. Bel a tenté de m’empêcher de m’enfuir mais je l’ai vue… sous sa vraie apparence je crois et sur le coup, j’ai paniqué.

—Je reconnais que les ogres ne sont pas des canons de beauté mais ce sont des mélomanes qui savent apprécier la musique à sa juste valeur, lui déclara Sirius qui était déjà plus détendu. Bel est loin d’être méchante mais à part les artistes, personne n’arrive à l’apprécier. C’est parce qu’elle avait des soucis avec les autres créatures surnaturelles de Forgotten Hollow qu’elle est venue à Windenburg et que je l’ai aidée à s’acclimater à cet endroit.

C’était un peu triste pour l’ogresse… La jeune femme nota dans un coin de sa tête qu’elle avait intérêt à lui présenter ses excuses dès qu’elle la reverra.

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—Vu que tu sais pour le côté surnaturel, ça sera plus simple pour la suite, poursuivit le violoniste avant de se gratter l’arrière de la tête. Margaux va juste me tuer quand elle saura ça mais au point où j’en suis…

—Margaux, la sorcière ? questionna Eurydice.

—Oui, c’est ma grande sœur et elle n’est pas tendre des fois.

Effectivement, maintenant qu’elle observait Sirius de plus près, elle réalisa qu’il y avait un air de famille entre lui et la magicienne qu’elle avait aperçue dans la cabane. Cela signifierait donc…

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—Donc, tu pratiques la magie toi aussi ? demanda-t-elle, curieuse.

—Mon niveau est inférieur à celui de ma sœur mais oui, je connais pas mal de tours, répondit le jeune homme avec un sourire en coin. Notamment celui permettant de déplacer une personne d’un point A à un point B en un clin d’œil. Ca nous a été bien utile ce fameux soir car tu étais bien amochée et il te fallait des soins de toute urgence.

—D’accord… et pourquoi me garder à l’écart ? Belthelda a dit que j’étais en sécurité avec elle et j’ai cru entendre Mar-… Ta sœur dire qu’elle voulait que je reste avec vous.

—Là, c’est plus compliqué à expliquer. La version simple, c’est que sans magie et sans les vieux onguents qu’on avait en stock, tu serais morte en quelques minutes à cause des dommages internes que ton corps avait reçu. Pour la version compliquée… disons que t’es loin d’être préparée à l’entendre et faudrait que je t’explique le peu que ma sœur peut accepter que je te dise.

Donc, c’était à elle de savoir si elle décidait de se contenter de ce qu’elle savait ou si elle voulait connaître la vérité. Elle ignorait depuis quand elle avait disparu au juste mais connaissant Erika, celle-ci avait déjà prévenu ses parents qu’elle n’arrivait pas à la joindre mais peu de chances que la police la cherche activement vu que les instructions dans la famille en cas de disparition suspecte, c’était de faire profil bas plusieurs jours dans le cas où ce serait lié à l’un des « créanciers » de sa mère ou de son père. Logiquement, elle ne devrait pas être activement recherchée par la police, excepté peut-être la belle-mère d’Erika…

—Allons-y pour la version compliquée, déclara Eurydice, désireuse d’en savoir plus. Par contre, avant, j’aimerai bien récupérer mes fringues.

—Celles que tu portais étaient dans un sale état donc on a dû les brûler, lui précisa Sirius en grimaçant. Je suis allée là où tu logeais pour récupérer tes affaires mais soit tout le monde là-bas est très bordélique, soit quelqu’un avait fouillé les lieux activement.

Intéressant… Certes, il aurait pu préciser ça avant mais le fait de savoir que quelqu’un avait profité de son absence à elle et à Oliver – même si son frère et elle n’étaient pas maniaques, elle était certaine que la maison était rangée – pour faire une fouille approfondie… mais pour chercher quoi ? Rien là-bas n’avait de valeur à sa connaissance.

—J’ai récupéré là-bas ce qui n’avait pas été trop abîmé ainsi que ton maquillage, poursuivit le jeune homme en claquant des doigts, faisant apparaître un vieux sac de sport qu’elle reconnu comme étant celui de son frère aîné du temps où il faisait du tir à l’arc. A l’origine, j’étais sur le point d’aller à la cabane t’amener tout ça…

—Ca fera l’affaire, merci.

Se plaçant derrière un buisson, la jeune femme entreprit de se changer avec une joie non dissimulée quand elle sentit que le vent s’était remis à souffler sur les falaises. Sirius l’aida à ôter ses derniers bandages – il lui confirma que les onguents avaient bien marché car aucune cicatrice n’était visible – puis elle enfila ce qu’elle trouva dans le sac, à savoir un haut, une veste et un jean ainsi qu’une paire de vieilles bottines et une casquette qui appartenait à son frère. Avec le miroir de sa trousse de maquillage, elle prit un quart d’heure pour remaquiller ses yeux et sa bouche puis, une fois prête, elle se tourna vers le violoniste.

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—Ca fait du bien de porter des trucs à sa taille, fit-elle avec le sourire. Et des chaussures aussi.

—Le pyjama était à Bel et elle a plein de fringues amples, précisa le jeune homme en faisant disparaître le sac et son contenu actuel. Je lui ai envoyé un texto pour lui dire que tu étais avec moi et lui éviter de se prendre les foudres de ma sœur… littéralement parlant.

—D’accord… Donc la suite des explications ?

—Pas ici. T’as eu le temps de visiter Windenburg ? Le musée, les ruines…

—Juste le musée avec mon frère et son petit-copain.

—Alors je vais te montrer certains coins que t’as pas vu et on va attraper de quoi manger sur la route car j’suis certain que tu dois commencer à avoir faim.

Effectivement, son dernier repas datait de la veille vers midi donc son estomac commençait à crier famine. Eurydice suivit donc Sirius jusqu’au ferry afin de rejoindre la ville de Windenburg puis une fois arrivé, il l’emmena directement dans un café pour prendre le petit-déjeuner – si elle avait opté pour un café noisette avec deux croissants, lui avait pris un capuccino avec un muffin aux myrtilles. Leur collation finie, il l’entraina dans les rues du centre-ville.

—Tu as visité le musée donc, dit-il en passant devant le bâtiment en question. Le mot « Avalon » te parle j’imagine.

—Le royaume qui était là bien avant que cette ville ne soit fondée, dit-elle, se souvenant qu’Iowa avait mentionné ce lieu lors de cette visite. Il n’y a plus rien de cette époque qui est encore debout je crois.

—Exact. Le château a été démoli et la majorité de ses pierres ont été réutilisées ailleurs ou revendues. L’Université de Windenburg est un des bâtiments construits avec ces pierres.

Cela ne l’étonnait pas tant que ça. Elle avait déjà entendu parler de monuments qui avaient été détruits et dont les éléments avaient été réutilisés ailleurs – de mémoire, un palais situé pas loin de Champ-Les-Sims était dans ce cas de figure, ayant été bâti avec des pierres du bâtiment qui était déjà présent à l’origine. Ainsi, cela permettait de gagner du temps et aussi de l’argent car pas besoin d’extraire les matières premières d’une carrière puis de les tailler ensuite. Qui plus est, vu les remparts présents et l’architecture de l’Université, elle suspectait que ces pierres avaient servies pour renforcer les défenses de la ville mais elle ne s’y connaissait pas assez en histoire pour savoir si elle avait juste ou non.

Après plusieurs minutes de marche, ils arrivèrent près des fameux remparts, là où se situaient les Ruines d’une ancienne cathédrale qui, manifestement, n’avait jamais été reconstruite.

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—Là, c’était la cathédrale d’Avalon, lui précisa Sirius en désignant les vestiges de pierre. Elle a vu passer tous les couronnements des différents rois de ce royaume oublié. Le dernier souverain connu était Joshua VI, aussi connu sous le nom de Joshua le Téméraire, qui avait remporté une guerre contre des peuples venus du nord.

—Il lui est arrivé quoi à ce roi ? demanda Eurydice en observant ce qu’il restait comme vestiges d’une époque révolue.

—Assassiné à priori. Sa disparition a été une des causes de la chute d’Avalon.

De bonnes chances que sa descendance n’ait pas réussi à redresser le royaume où qu’il n’en ait pas eu – ce ne serait pas une première dans l’histoire d’un pays car certains rois avaient dû laisser leur trône à des cousins plus ou moins éloignés, n’ayant pas eu d’enfant pour perpétrer leur lignée. Vu que les remparts avaient survécu aux bâtiments d’Avalon, ils dataient surement d’après la chute de ce royaume, ce qui pourrait signifier qu’une période bien troublée avait dû suivre.

Ils passèrent les remparts et se retrouvèrent dans la campagne, un coin qu’elle connaissait pour avoir déjà fait la route avec Giulia et Oliver afin de visiter l’Université. Seulement, au lieu de suivre la voie menant à ce dernier lieu, il l’emmena plus en hauteur, précisément là où se situait la propriété Von Haunt qu’elle n’avait pas eu le temps de visiter.

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—Ca date d’Avalon ce truc aussi ? demanda la jeune femme, sceptique en voyant le manoir qui ne devait pas avoir plus de deux cents ans vu son architecture.

—Houlà non ! lui répondit-il avec un sourire amusé. Du moins, ce qu’il y avait ici à l’origine a été détruit comme le château d’Avalon et remplacé par ce manoir. Seulement, la rumeur dit qu’à l’origine, c’était l’antre d’une sorcière très orientée vers les ténèbres qui vivait là et que les lieux étaient maudits à cause d’elle.

—Et toi qui est un sorcier, c’est vrai ce que tu me racontes ?

—Ce n’est pas entièrement faux mais la malédiction est plus récente que ça. Si tu croises ce qu’il reste des anciens propriétaires, tu comprendras vite que c’est vrai.

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Sincèrement, même si le surnaturel ne la dérangeait pas, l’idée de croiser un fantôme ou un zombie ne lui plaisait guère. Elle nota dans un coin de son crâne que si elle visitait cette baraque, elle ferait bien de ne pas être seule et que Lucinda serait surement la candidate parfaite pour l’accompagner.

—Là, c’est plus l’extérieur qui nous intéresse. Suis-moi.

Etrangement, Sirius l’emmena à l’intérieur du manoir qui avait été transformé en musée. Seulement, il ne s’arrêta pas devant les différentes pièces du rez-de-chaussée, ignorant les tableaux accrochés aux murs représentants la propriété plusieurs décennies auparavant ainsi que feu ses propriétaires qui, de ce qu’elle lut rapidement, avaient grandement contribué à faire de Windenburg ce qu’elle est aujourd’hui.

Ils sortirent par la porte menant aux jardins et, après que le jeune homme se soit arrêté un instant pour jeter un coup d’œil à la terrasse, il descendit l’escalier qui était devant eux.

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—Tu cherches quelque chose ? lui demanda Eurydice en remarquant qu’il tournait la tête de tous les côtés.

—Quelqu’un, précisa-t-il en grimaçant un peu. On est peut-être un peu en avance. Va falloir attendre qu’ils arrivent.

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Les lieux étaient loin d’être déplaisants pour patienter : tout était visiblement bien entretenu et les odeurs florales, dominées par la fragrance puissante de la lavande poussant sous la terrasse où ils se trouvaient, embaumaient les lieux avec délice tandis que le chant des oiseaux et le son d’une chute d’eau parvenaient à ses oreilles.

—Ca change de Newcrest, fit-elle remarquer en apercevant les montagnes à l’horizon. On voit plus des maisons et des immeubles que des forêts là où j’habite.

—Une vraie citadine donc, dit Sirius sur un ton amusé. Si tu remontes la rivière, tu auras peut-être une chance d’arriver à Granite Falls. C’est à une journée ou deux de route il me semble.

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Elle y était allée une fois en colonie de vacances avec son frère Oliver. Même si elle n’avait pas détesté camper dans la forêt, elle se serait bien passée de ces fichus insectes volants qui avaient pour idée fixe de la tourmenter à toute heure du jour et de la nuit ! Depuis ce fameux été, elle s’était mise à adorer les odeurs de citronnelle et de lavande…

—Il y avait déjà un jardin ici au temps d’Avalon ? questionna-t-elle, curieuse.

—Celui de la sorcière, répondit le violoniste. Il n’en reste rien mais c’est amusant de voir que certains lieux retrouvent leurs fonctions d’origine. Il y avait déjà des plantes médicinales ici auparavant.

Ce qu’Eurydice trouvait drôle, c’était que Sirius ne parlait pas de cela comme le ferait un historien ou un archéologue comme Iowa. Ce serait plutôt comme… s’il avait réellement vu tout cela et elle sentait comme une pointe de nostalgie dans sa voix. Ou alors, c’était son imagination qui lui jouait des tours.

Ne voyant pas venir ceux qu’il espérait voir, le jeune homme lui fit traverser les jardins, les faisant arriver à une terrasse surplombant un cours d’eau et sur laquelle se trouvait un piano d’une blancheur éclatante. Le magicien fit craquer ses doigts avant de s’installer devant l’instrument et commencer à jouer un morceau qu’elle reconnut aussitôt : la sonate pour piano n°14 de Beethoven, aussi appelée sonate clair de lune.

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Le premier mouvement était lent, telle une marche funèbre, et était le moins compliqué des trois d’un point de vu technique mais aussi le plus ennuyeux à ses yeux – elle se souvenait avoir lâché un bâillement sonore en l’entendant pour la première fois en cours de musique, ce que sa prof n’avait pas vraiment apprécié à l’époque. Bien qu’il souriait en jouant, Sirius était visiblement très appliqué à tirer les notes justes du piano.

Pour ce qui était du second mouvement, le ton était à l’opposé, plus joyeux et plein d’allégresse, ce qui se sentait clairement dans la manière de jouer du jeune homme qui était impeccable. Elle réalisa d’ailleurs qu’il était à la fois un bon violoniste mais aussi un bon pianiste, ce qui était assez impressionnant en soit. D’ailleurs, elle n’avait pas pensé à lui demander son âge…

Puis enfin, il s’attaqua au dernier mouvement, un passage d’une violence inouïe pour une sonate au piano et qui demandait de la technique pour être bien joué. Or, lorsqu’on voyait les doigts du musicien sur les touches de l’instrument, il était difficile de les suivre tellement ils allaient vite et le sourire du pianiste donnait l’impression que cette sonate n’était pas si difficile que ça – Eurydice savait que la réalité était toute autre car aucun amateur ne pouvait réussir cette prouesse, à moins peut-être d’être un surdoué en musique avec une oreille absolue.

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Il était clair pour elle que ce magicien était un bien meilleur musicien qu’elle. A tout hasard, il faudra qu’elle lui demande s’il savait jouer de la guitare car elle ne serait pas contre quelques conseils.

A la fin de son morceau, elle applaudit chaleureusement Sirius qui lui fit un grand sourire joyeux avant de s’incliner devant elle avec respect.

—Vos applaudissements me touchent très chère amie, lui dit-il en se relevant, lui faisant lâcher un léger rire. On va retourner un peu plus haut voir si on trouve nos amis et sinon, on va devoir essayer de fouiller le labyrinthe à leur recherche.


Ils retournèrent donc à la terrasse jouxtant le manoir, passant de nouveau près des parterres de lavande dont le parfum entêtant envahi leurs narines. La jeune femme réalisa qu’il y avait des échiquiers à la disposition des visiteurs… et elle fut surprise de voir l’un d’eux occupé par ce qui était des chevaliers en armure.

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—Ah ben on a de la chance ! s’exclama joyeusement le musicien en voyant cette scène un peu curieuse. Ca nous évitera de nous paumer dans un labyrinthe de haies !

—C’est eux que tu cherchais ? s’étonna-t-elle.

—L’un d’eux pour être exact. Même si les autres connaissent l’histoire, ça reste des ados et je ne suis pas persuadé qu’ils y croient contrairement à leur chef de groupe.

Sirius alla voir le chevalier à l’armure grise mais Eurydice n’entendit pas ce qu’il lui dit. Cependant, vu la réaction de cet homme, il était clairement intéressé, s’excusant auprès de son partenaire de jeu d’échec avant de leur faire signe de le suivre à l’écart. Il les emmena dans un coin du parc où il n’y avait personne et s’installa difficilement sur un banc, faisant que la jeune femme se demanda si c’était son armure qui lui posait souci ou s’il avait des problèmes de hanche.

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—Pardonnez-moi seigneur Villareal mais il y a quelques histoires que j’aimerai que mon amie entende de votre bouche, déclara le musicien après s’être assis à son tour sur le banc.

—Tu es bien le seul à utiliser l’ancien titre de noblesse de ma famille Sirius, fit remarquer le chevalier sur un ton amusé. Appelez-moi Jacques, ce sera beaucoup plus simple.

—D’accord Jacques. Je vous présente Eurydice et elle aimerait en savoir plus sur Avalon et sur… ce qui reposait sous ce manoir à une époque.

—Une seconde, coupa-t-elle en entendant ces mots. Tu avais juste dit que c’était la demeure d’une sorcière ici il y a très longtemps. Ce n’était pas que ça ?

Vu le lourd silence qui venait de tomber, elle en conclut que non. Qu’est-ce qui se trouvait sous ce bâtiment et qui, vu leurs réactions, ne semblait pas être le truc le plus joyeux qui soit ?

—Commençons par Avalon, dit Jacques une fois qu’elle se soit assise à son tour. A l’époque, ma famille servait le roi et un de mes ancêtres, le tout premier Jacques Villareal, était chevalier au château sous le règne du roi Joshua le Téméraire. Il est décédé une dizaine d’années après la chute de ce royaume, lors des tentatives d’invasions qui ont suivies.

—Des invasions ? questionna Eurydice, se rappelant vaguement avoir entendu Iowa parler de cela. Cela venait de l’est je crois, au-delà de ce qu’est aujourd’hui Newcrest.

—Exactement. Newcrest était une zone marécageuse à l’époque, tout comme une partie de Willow Creek, et ce fut par là qu’un royaume ennemi profita de la situation pour tenter de conquérir ce qu’il restait d’Avalon. Seulement, s’ils purent prendre les marais, ils furent stoppés par Lord Windenburg qui fit ensuite construire les remparts autour de la ville qui prit son nom par la suite. Les anciens chevaliers d’Avalon entrèrent ensuite à son service, devenant ceux de Windenburg avant de n’être plus que les chevaliers errants que nous sommes à présent. Des huit grandes familles de l’époque, il ne doit rester que la mienne, les Behr et les Munch dans la région. Je crois que les Huntington existent encore mais je doute qu’ils se souviennent des vieilles histoires.

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Le nom d’Huntington était vaguement familier aux oreilles de la jeune femme : un des clients du snack de ses parents s’était vanté d'appartenir à une famille noble mais il s’était montré très radin sur les pourboires contrairement à ses amis qui étaient avec lui.

—Concernant ce qu’il avait sous le manoir, l’histoire est un peu plus… difficile à croire pour le commun des mortels, poursuivit Jacques en baissant un peu la voix. Selon le journal de mon ancêtre, la sorcière, surnommée la sorcière céleste ou la Ténébreuse, qui vivait ici était très appréciée du roi Joshua VI car, en plus d’être une belle femme, elle était aussi puissante que son ami, le magicien Viktor. Seulement, les lois du royaume lui interdisaient d’épouser une magicienne, ce qui est probablement la raison pour laquelle sa lignée s’est éteinte avec lui.

Une seconde… il y avait deux magiciens auprès du roi ?

—On ne sait pas trop ce qu’il s’est passé mais un brutal déchainement de magie a eu lieu, ce qui a été la vraie cause de la chute d’Avalon, poursuivit le chevalier sur un ton grave. Quand mon ancêtre a pu enfin entrer dans le château, le roi ainsi qu’une servante ont été retrouvés morts, l’un assassiné et l’autre, peut-être empoisonnée. Les magiciens, quant à eux, avaient tous deux disparus.

—Disparus ? fit Eurydice, intriguée. Ils avaient quitté les lieux ?

—C’est fort possible car plus jamais on ne les a revus depuis ce jour. Cependant, lorsque le domaine de la sorcière fut fouillé, elle avait laissé derrière elle des instructions bien précises pour les huit chevaliers du roi : sept d’entre eux furent chargés de cacher des coffres étranges tendit que le huitième, mon ancêtre, devait s’assurer que personne ne mettrait la main sur un livre qu’elle désignait sous le nom de Tome de l’Air, tâche qu’il a ensuite transmise à ses descendants avec plus ou moins de succès…

Jacques marqua une pause durant laquelle elle échangea un regard avec Sirius qui, de ce qu’elle vit, ne souriait plus du tout. Difficilement le chevalier se leva et leur désigna rapidement le manoir.

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—A une époque, Windenburg a été dirigé par les Von Haunt, poursuivit-il. Ils ont grandement contribué à faire d’elle ce qu’elle est aujourd’hui… jusqu’au jour de leur mort qui fut aussi brutale qu’inattendue.

—Je crois que j’ai lu un truc là-dessus, se souvint Eurydice. Il a été suspecté qu’ils avaient été empoisonnés par un de leurs proches.

—Leur domestique. Bien qu’il soit effectivement le coupable dans cette histoire, ce n’était pas au poison qu’il avait eu recours… mais au contenu de ce Tome de l’Air dont mon arrière-arrière grand-père avait fait l’erreur de lui faire part après avoir un peu trop abusé de la boisson un soir.

Le contenu de ce livre ? Est-ce qu’à tout hasard…

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—Ce bouquin était un grimoire ? demanda-t-elle, se basant sur le fait qu’il était en possession de la sorcière à l’origine.

—Un redoutable grimoire qui contenait les pires malédictions qui puissent exister en ce bas monde, lui confirma Jacques Villareal. Autant vous dire que ce domestique a payé cher l’usage de ce maudit ouvrage et que mon arrière-arrière grand-père était pris de panique en réalisant que son indiscrétion avait causé du tord à quelqu’un. Il voulait à tout prix se débarrasser de ce livre mais comme il avait aussi des dettes, il avait décidé de le vendre à prix d’or. Heureusement, le seigneur Scott, un autre descendant des chevaliers d’Avalon, l’avait aidé à trouver des acheteurs et lui avait présenté un couple de magiciens qui promirent de garder cet ouvrage dans un endroit où personne ne pourrait en faire un mauvais usage. Son descendant m’avait transmis une copie du journal de son ancêtre qui avait été marqué par la chevelure de feu et le charme de la sorcière, une femme qu’il désignait sous le nom de Cordelia il me semble.

D’accord… Ce n’était effectivement pas bien joyeux comme bouquin et c’était peut-être mieux s’il ne se trouvait plus à Windenburg. Par contre, où était-il à présent ?

—Bon, ce n’est pas contre vous mais Yuki et Wolfgang vont se poser des questions si je tarde plus, leur signala le chevalier avant de les saluer avec respect. Je vous souhaite une bonne journée à tous les deux et à une prochaine fois peut-être.

Sur ces mots, Jacques Villareal s’en alla pour retrouver les autres membres de son groupe. Encore en train d’analyser tout ce qu’elle venait d’apprendre, Eurydice se tourna vers Sirius qu’elle trouva soudain bien pensif.

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—J’avoue que je commence à être un peu paumée avec tout ce que j’apprends, dit-elle au jeune homme. Et puis en quoi ce bouquin est important dans la version compliquée de mon accident ?

—C’est pour que le moment venu, tu comprennes l’histoire dans sa globalité, lui précisa le musicien avant de lui sourire. Tu veux faire une pause ? Il y a bar sympa pas loin.

Vu tout ce qu’elle avait dû emmagasiner comme informations en peu de temps, elle n’était pas contre un petit moment pour bien y réfléchir car cela faisait vraiment beaucoup d’un seul coup. Elle accepta donc la proposition d’aller ailleurs et suivi Sirius jusqu’à un bar devant lequel elle était déjà passée plusieurs fois. Ils se prirent un encas à partager et s’installèrent à une table libre, profitant qu’ils étaient arrivés avant l’happy hour.

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—Comme tu dois t’en douter, tu gardes pour toi ce que tu as appris aujourd’hui, lui précisa le jeune homme. Certaines personnes seraient un peu trop ravies de pouvoir causer des dégâts avec ces informations.

—La majorité n’y croirons pas mais vu ce qu’il a dit sur ce domestique… admit-elle avant de déglutir. Au final, ce type a touché à un truc alors qu’il n’était pas censé avoir le droit de le faire puis il l’a payé cher j’imagine.

—Pendu haut et court.

—Evidemment… Heureusement que mes parents sont pas aussi sévères quand ils découvrent qu’on a touché à des trucs qu’on n’était pas censés approcher… Quoique mon père est limite pas tranquille quand on parle de vider le grenier. Faudrait pourtant…

—Ton père a du mal à jeter les vieilleries ?

—C’est plutôt ma mère ça mais en fait, c’est surtout qu’il nous interdit depuis toujours de toucher à un vieux coffre qui s’y trouve s-

—Quel coffre ?

Eurydice nota l’air grave sur le visage de Sirius et le fait que son teint semblait plus pâle qu’au début. Puis elle se souvint : en plus du Tome de l’Air qu’il fallait surveiller, les autres chevaliers devaient cacher sept coffres mais jamais Jacques Villareal n’avait précisé ce qu’ils contenaient – elle suspectait que jamais sa famille ne l’avait su.

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—… Un vieux coffre en bois qui doit être planqué dans notre grenier depuis que mes parents ont emménagé, finit-elle par répondre, suspicieuse.

—Tu peux me donner plus de détails ? la pressa-t-il, confirmant qu’il devait savoir quelque chose qu’elle ignorait.

Pour lui répondre, elle demanda un stylo au bar puis elle prit une serviette en papier sur laquelle elle dessina l’objet en question – elle s’en souvenait assez bien, ayant dû faire quelques aller-retour au grenier pour y stocker de vieilles affaires à elle et pour y récupérer une valise. Lorsqu’elle eut terminé, le musicien regarda attentivement son dessin avant de lâcher un rire jaune.

—Je comprends mieux pourquoi je ne le trouvais pas celui-là, fit-il d’une voix blanche. Ton père a dû le montrer à une créature surnaturelle un jour et… attends, une seconde… Le nom d’Alphonse Duspeti te dit quelque chose ? Un type blond qui ressemble à un rapace…

—Je crois avoir entendu ce nom oui, se souvint-elle en se remémorant la veille de son départ pour Windenburg. Un homme qui correspond à cette description voulait parler à ma mère mais vu l’attitude de mon père, c’était clairement pas un ami…

—Pense-tu que ta mère ait pu lui voler quelque chose ?

—… Dois-je demander pourquoi tu es si bien renseigné sur moi ?

Eurydice le savait, ses parents n’avaient pas toujours été des enfants de chœur, surtout dans leur jeunesse. Son père était un ancien escroc dans l’immobilier et sa mère, une voleuse qui arrivait à commettre bien des larcins. Seulement, ils avaient dû déménager à Newcrest puis faire profil bas en se construisant une vie plus rangée car, de ce qu’elle avait compris, quelque chose les avaient poussés à fuir – jusqu’à ce qu’elle leur présente la belle-mère d’Erika, elle avait toujours pensé que c’était les forces de l’ordre qu’ils craignaient le plus mais en réalité, c’était plus leurs victimes qu’ils redoutaient.

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—Margaux va me rendre sourd mais là, si ce coffre était à eux, ça veut dire que c’était nous qui avions un coup de retard et non l’inverse, marmonna Sirius avant de grogner. Va falloir que je te montre un truc bien particulier dès maintenant.

—C’est grave à ce point ? demanda-t-elle, quelque peu inquiète en voyant cette attitude chez le jeune homme.

—Ma sœur nous dira à quel point cette histoire sent mauvais mais c’est certain, pour moi, que tu dois impérativement connaître la vérité sur beaucoup de choses.

Il ne donna pas plus de détails et ils quittèrent rapidement le bar pendant que certains clients étaient occupés à regarder un match de football à la télévision. Cette fois-ci, il marchait d’un pas rapide, visiblement pressé, et elle dut faire bien attention à garder le rythme car il allait vite. Ce n’est que lorsqu’il s’arrêta enfin qu’elle réalisa où il l’avait emmenée : à l’Université de Windenburg.

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—Je connais déjà, fit-elle remarquer en grimaçant quand elle vit que certains avaient laissés des papiers gras sur le sol alors que la poubelle était juste à côté. Et puis ce bâtiment date d’après la période que tu me décrivais.

—Exact mais c’est autre chose qui nous intéresse, dit-il en levant brièvement les yeux vers la tour. Suis-moi.

Eurydice le suivit à l’intérieur, traversant les couloirs où elle vit quelques élèves discuter entre eux sans leur prêter la moindre attention, trop absorbés qu’ils étaient par leur conversation. Ils montèrent jusqu’au dernier étage, là où se trouvaient les chambres de certains élèves, mais Sirius l’emmena à l’extérieur, là où l’on pouvait accéder au bureau du doyen et aux escaliers menant en haut du bâtiment. Il prit celui conduisant en haut de la tour et elle le suivit… pour ne voir que le mât auquel était accroché le drapeau aux couleurs de l’université.

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—Il n’y a rien ici, lui dit-elle après avoir de nouveau balayé les lieux du regard. C’est quelque chose que l’on peut voir d’ici que tu veux me montrer ?

—Non, c’est ici, admit-il, l’air un peu gêné. C’est juste que je l’avais un peu… caché ici pour éviter que des petits malins s’en serve encore une fois. Laisse-moi deux secondes le temps de retrouver cette formule.

Elle haussa un sourcil en entendant cela mais, bien qu’un peu sceptique, elle ne remit pas sa parole en doute. Qui plus est, ce qu’il avait dit la titillait : qu’avait-il bien pu dissimuler ici et qu’il ne tenait pas à ce que quelqu’un trouve ?

—Voyons… réfléchit-il à haute voix. Je l’ai sur le bout de la l-… AH OUI !

Sirius se racla la gorge avant de se concentrer tandis que la jeune femme sentit le vent se lever et vit quelque chose de curieux dans les mains du jeune homme.

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—Viens à moi vent puissant et balaye pour moi la poussière laissée par le souffle du désert !

Une violente bourrasque les frappa de plein fouet, faisant qu’Eurydice eut juste le temps de poser sa main sur sa casquette pour éviter de la perdre. Elle ferma les yeux durant les quelques secondes où le vent soufflait avec force puis, quand elle sentit qu’enfin, il s’était arrêté, elle les rouvrit pour voir le musicien épousseter sa veste. D’un signe de tête, il lui conseilla de se retourner, ce qu’elle fit… pour s’apercevoir que quelque chose avait changé.

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Au sommet de la tour, face au mât, était apparues des statues, une représentant une fée et deux autres des gargouilles, ainsi qu’une arche de pierre recouverte en partie par une plante grimpante, deux armures et un piédestal sur lequel se trouvait un objet qu’elle ne parvenait pas à distinguer d’où elle était.

Curieuse, elle se rapprocha pour mieux voir et put enfin savoir ce qui était sur ce socle de pierre sombre : un livre à la couverture en cuir vert qui semblait très ancien. Elle voulut le prendre pour l’examiner plus en détail mais se ravisa en se souvenant qu’elle ne savait pas ce que c’était.

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—Tu peux le prendre, lui dit Sirius qui était à présent à côté d’elle. Je doute fort que tu ais l’intention de t’en servir contre quelqu’un.

—M’en serv-, commença-t-elle avant de s’interrompre, réalisant soudainement ce qu’elle avait sous les yeux. C’est ça le Tome de L’air ? J’avoue que je m’attendais à autre chose… et puis comment ça se fait que ce soit toi qui l’ais ?

—Je t’expliquerai après. Regarde-le de plus près. Je peux t’assurer qu’il ne t’arrivera rien.

Là, elle se sentait comme Eve face au serpent du jardin d’Eden, hésitant entre céder à la tentation de toucher à cet objet qu’on lui présentait sur un plateau et sa méfiance face au potentiel destructeur de cet ouvrage. Le regard du musicien la fit céder et elle finit par ouvrir le livre puis le feuilleter, y découvrant de multiples formules et malédictions dont elle ne comprenait pas un traître mot car toutes étaient écrites dans une langue qu’elle ne connaissait pas. Elle retomba sur la première page où elle remarqua le mot « Sirocco » soigneusement écrit dans une encre vert foncé.

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—Si tu veux un bon conseil, écrit ton nom complet en bas de cette page, lui suggéra Sirius en lui tendant un stylo.

—Je peux savoir pourquoi tu veux que je fasse ça ? demanda-t-elle, trouvant hautement suspect qu’il veuille qu’elle abîme un livre vieux de plusieurs siècles.

—Tu le verras très vite. Et pense à invoquer celui dont tu lis le nom juste ici.

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Quoi ? Il était tombé sur la tête ? Seulement, vu son regard insistant, elle finit par soupirer et, de mauvaise grâce, inscrit « Eurydice Esperanza Fox-Pesetas » en bas de la page, le tout en écrivant impeccablement à l’encre noire. Puis elle reposa le stylo et, avec appréhension, elle prononça des mots qu’elle espérait ne pas regretter plus tard.

—Je t’invoque, Sirocco ! Viens à moi !

Soudain, une vive lumière verte fit son apparition et, à sa grande surprise, elle venait de Sirius !

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Elle s’écarta de lui, ne comprenant pas vraiment ce qu’il passait sous ses yeux, puis sentit venir une nouvelle bourrasque souffler. Lorsqu’elle ce coup de vent fut enfin passé, une exclamation de surprise lui échappa en voyant qui se tenait devant elle.

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—Quels sont vos désirs très chère ?

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C’était Sirius mais son apparence avait changée… ce qui lui fit réaliser que depuis le départ, lui et « Sirocco » n’étaient qu’une seule et même entité.

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