Chapitre 13 : Matsuri

Pendant deux jours, Ezekiel avait veillé la nuit pendant que Yamato faisait le tour du quartier la journée et que Momoko faisait ce qu’elle pouvait – entre le Matsuri où elle participait, son travail et les finances de la famille, la jeune femme avait beaucoup à gérer. Rien d’anormal n’avait été noté et le magicien avait donc surtout passé ses nuits à discuter avec Eurydice qui s’ennuyait un peu à Windenburg et qui n’avait guère envie de tenir la chandelle avec son frère – à priori, sa meilleure amie, une certaine Erika, était rentrée plus tôt à Newcrest car sa famille lui manquait et que le programme de l’université de Windenburg ne correspondait pas vraiment à ce qu’elle cherchait, ce dernier mettant plus l’accent sur les domaines artistiques que sur les nouvelles technologies.

A cause de cela, le magicien se levait vers onze heures ou midi, faisant qu’il prenait le café avec Orlando durant sa pause et en profitait pour apprendre les derniers potins – apparemment, ils attendaient du monde pour la veille du Matsuri car beaucoup étaient venus déposer leurs costumes de scène afin qu’ils soient prêts pour le jour J. Il allait ensuite proposer son aide à Nathan qui en avait bien besoin – Ezekiel trouvait un peu curieux qu’il veuille installer une arche au Matsuri mais il ne fit aucune remarque, n’ayant encore jamais été à ce festival pour savoir comment il se déroulait.

Aujourd’hui, c’était l’ouverture du Matsuri et Ezekiel, debout depuis une heure et demie, était un peu au radar. Encore une fois, il avait passé pas mal de temps au téléphone mais cette fois-ci, avec ses parents pour organiser le transfert du Tome de l’eau puis avec Iowa afin d’en savoir plus sur sa vie amoureuse. Etrangement, il n’avait pas eu de réponse au message qu’il avait envoyé à Eurydice, ce qui lui laissait supposer qu’elle devait être endormie ou sur la route – logiquement, elle devait arriver à Newcrest dans l’après-midi vu à quelle heure était son train.

Il entendit frapper à sa porte et, n’étant vêtu que d’un peignoir, il alla ouvrir, découvrant Orlando qui s’était habillé en conséquence pour le festival.

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—On joue les marmottes ? lui demanda le gérant du pressing avec une pointe d’espièglerie. A trop jouer les jolis cœurs la nuit…

—Ce n’est pas ça, répondit Ezekiel en rougissant d’embarras, se demandant comment Orlando avait pu deviner cela alors qu’il n’en avait parlé à personne au sein du quartier asiatique. Et comment tu…

—Dès que l’on parle de cette jolie demoiselle qui t’es rentré dedans, tu as comme une étincelle dans les yeux qui ne trompe pas.

Là, le magicien sentait qu’il avait le feu aux joues. C’était vrai qu’il appréciait beaucoup Eurydice, qu’elle était drôle, intéressante, mignonne… mais sa relation avec elle était purement amicale et ce n’était pas vraiment le moment pour lui d’envisager de sortir avec elle.

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—Sinon, tu viens me chercher pour le Matsuri ? demanda Ezekiel qui souhaitait ardemment que sa vie amoureuse ne soit plus le sujet principal.

—A vrai dire, j’ai quelque chose pour toi avant que l’on y aille, lui répondit Orlando avant de s’écarter.

Lorsque le gérant du pressing se fut décalé, un mannequin vêtu d’un yukata, jusque là caché derrière lui, fut dévoilé.

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—Momoko a insisté pour que tu en ais un toi aussi, lui expliqua Orlando. Je vais t’aider pour le mettre.

Aussitôt dit, aussitôt fait : le mannequin entra dans l’appartement et au bout de plusieurs minutes, Ezekiel se retrouva prêt pour aller au Matsuri ! C’était un peu bizarre au début de porter pareil vêtement mais il devait reconnaître qu’il était plutôt à l’aise dedans. Cependant, il préféra porter de simples tongs plutôt que des getas, ne se sentant pas d’arriver à marcher avec.

Tous les autres étaient très probablement déjà sur place – excepté Fabienne Sewin qui, pour cette année, ne serait pas présente pour l’ouverture car elle avait une amie qui l’avait invitée à prendre le thé chez elle – et la cérémonie d’ouverture avait déjà eu lieu donc c’était en pleine activité qu’ils arrivèrent au festival. Certains stands avaient déjà été dévalisés et ceux offrant de la nourriture étaient prit d’assaut à cette heure-ci – entre la glace pilée, le thé vert japonais et des tas d’autres choses qui semblaient plus ou moins appétissantes, il y avait un certain choix.

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L’attention d’Ezekiel fut attirée vers la scène où un spectacle avait lieu. A priori, c’était une danse indienne s’il se fiait à la musique et aux saris des danseuses – il reconnut d’ailleurs les deux masseuses du spa parmi elles. Leurs mouvements étaient gracieux et synchrones, signe qu’elles avaient dû répéter longtemps leur enchainement pour que celui-ci soit prêt pour ce jour.

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Leur prestation toucha à sa fin et, après les applaudissements des spectateurs ainsi que du magicien, les trois indiennes quittèrent la scène. Ezekiel chercha un instant du regard où étaient les autres habitants de la résidence quand il réalisa qui était à présent sur scène : Momoko, vêtue d’une robe somptueuse et qui était visiblement très mal à l’aise d’être à cette place.

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—Nous remercions les sœurs Yona d’être venues spécialement pour le Matsuri afin de nous montrer leur art, déclara la jeune femme. A présent, il est temps de laisser place aux artistes suivants…

Momoko Reiji était l’hôtesse du festival, chargée de la cérémonie d’ouverture ainsi que de présenter les différents spectacles qui étaient proposés. De ce que le magicien put comprendre, son rôle était très important et avait toujours été tenu par une femme du clan Reiji. La tenue qu’elle portait était splendide et, vu le regard fier d’Orlando, devait être l’œuvre de sa mère.

Après un tour de tous les stands, Ezekiel retourna vers la scène où un groupe local était en train de jouer. Leur prestation n’avait rien de traditionnel si on la comparait avec celle des sœurs Yona mais cela montrait que le Matsuri était un festival ouvert à la modernité, ce qui était plutôt une bonne chose pour les jeunes talents.

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Par la suite, un duo monta sur scène : deux sœurs qui entamèrent un beau duo à la guitare et au violon. Leur musique avait à la fois des sonorités classiques et modernes, ce qui était plutôt agréable à l’oreille bien qu’elles avaient sans conteste deux styles différents qui, au premier abord, auraient très bien pu ne pas s’accorder.

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Le spectacle suivant fut cette fois-ci du théâtre joué par la troupe Takamura : l’hôtesse du Matsuri devait se rendre au festival pour la cérémonie d’ouverture mais un seigneur souhaitait l’enlever afin d’en faire son épouse. Heureusement, un voyageur vint à son secours pour la protéger des hommes envoyés par ce seigneur puis il l’escorta jusqu’au Matsuri où elle put ouvrir sans encombres le festival.

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Ayant déjà eu une démonstration des capacités au combat de Momoko, Ezekiel doutait fort que, dans la même situation, elle aurait eu besoin de l’aide d’un inconnu. Il l’imaginait bien envoyer ses adversaires au tapis avec une aisance que personne n’aurait soupçonné…

En cherchant Orlando du regard, le magicien le vit près d’une arche en bois qui avait été installée par Nathan le jour où il devait réparer les stands. L’homme regardait sa montre avec une certaine inquiétude…

—Il y a un problème avec Nathan et Din ? demanda Ezekiel, constatant l’absence du jeune couple.

—Justement, j’espère que non, répondit Orlando en fronçant légèrement les sourcils. On a monté un plan tous les trois et s’ils ne sont pas là, c’est que ça a peut-être foiré. Or, c’est LE moment pour l’exécuter car après, Momoko sera trop occupée pour ça.

De quoi pouvait bien lui parler le gérant du pressing ? Que pouvait-il bien préparer avec les deux fiancés de la résidence ?

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La réponse n’allait pas tarder à arriver : Nathan arriva, complètement essoufflé et vêtu de sa tenue habillée, ce qui était plutôt curieux comme choix pour le Matsuri.

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—Désolé du retard ! s’exclama l’homme à tout faire en remettant ses lunettes en place. On a eu un souci en route.

—On a plus beaucoup de temps du coup donc ça va être très juste, répliqua Orlando. Je vais aller chercher Momoko.

Complètement perdu, Ezekiel se tourna du coup vers Nathan en quête de quelques réponses.

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—Qu’est-ce qu’il se passe au juste ? demanda le magicien.

—Il se passe qu’avec Din, on a pas vraiment eu ce qu’on voulait de ses parents, s’expliqua l’homme à tout faire. J’ai eu le job que je voulais mais ils refusent que leur fille vienne habiter avec moi si nous ne sommes pas mariés et le hic est qu’on a pas vraiment le temps d’organiser une grosse cérémonie car autrement, tout ce qu’on visait avec Din va nous passer sous le nez.

—Donc vous allez… vous mariez ici et maintenant ?

—C’est ça… C’est le seul jour où toute sa famille est libre donc on fait ça dans l’urgence la plus totale.

Alors que Momoko et Orlando vinrent les rejoindre, des éclats de voix se firent entendre.

—Ce n’est quand même pas très sage de ta part de te marier aussi vite ma fille !

—Maman ! De nos jours, les gens ne se marient plus quand ils veulent vivre ensemble !

Un soupir de dépit de Nathan ainsi que les sourire gênés de Momoko et d’Orlando suffirent à Ezekiel pour comprendre que Din et sa mère n’avaient absolument pas la même vision des choses…

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—Tu ne crois pas que ce serait mieux de faire cela dignement non ? Il n’y aura même pas toute la famille ou encore ton futur beau-frère…

—C’est ta faute si on en arrive-là Maman ! On fera la grande cérémonie et tout le bordel qui va avec l’année prochaine !

—Elle a raison maman. Laisse Din faire comme elle veut.

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L’artiste peintre arriva, l’air prête à étrangler quelqu’un, suivie de ceux qui étaient certainement ses parents et d’une jeune femme qui devait probablement être sa sœur. Din inspira puis expira un bon coup avant de rejoindre son fiancé qui jetait un regard désolé à ses amis tandis que les Chen saluèrent poliment Momoko.

—Nous sommes désolés que notre fille vous impose cela lors du Matsuri, fit madame Chen sous les regards exaspérés de ses deux filles. Nous l’avons éduquée mieux que cela…

—Ce n’est pas grave, fit rapidement Momoko. Din est mon amie et je lui dois beaucoup pour nous avoir aidés Yamato et moi lors des funérailles de ma mère.

—Il est vrai que personne n’aurait pu se douter que feu Ayumi Reiji nous quitterait si vite, déclara monsieur Chen avec une peine non feinte. Cette grande dame serait fière de ses enfants si elle était parmi nous aujourd’hui.

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Un sourire triste se peignit que les lèvres de Momoko, celle-ci retenant difficilement des larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Din posa sa main sur l’épaule de son amie avant de l’enlacer dans un geste amical pour la réconforter.

—Bien, fit la jeune femme en se reprenant. Il est temps de commencer !

Cette cérémonie de mariage était plutôt courte, ce qui était assez logique vu les circonstances, mais comportait les étapes essentielles : des vœux, un échange d’alliances et le baiser scellant l’union entre les deux époux. Nathan et Din étaient donc enfin mariés !

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Ezekiel était heureux pour eux et il s’apprêtait à aller les féliciter quand il fut emmené à l’écart par Orlando et Momoko, laissant seuls les jeunes mariés avec les Chen. Il allait leur demander ce qu’il se passait quand les deux lui demandèrent de rester silencieux.

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—Orlando sait pour Sedna, dit la jeune femme à voix basse.

—Je l’ai surtout déduis à force de vous voir traîner ensemble, précisa le gérant de pressing. Mais je comprends pourquoi Din disait qu’épouser Yamato était bien plus problématique qu’il n’y paraissait…

—J’imagine que ce n’est pas que pour ça que vous m’avez traîné là, questionna le magicien.

—Effectivement, confirma Orlando. Comme tu le sais, on me raconte beaucoup de choses au pressing et, ce matin, avant de venir te voir, j’ai été abordé par une femme alors que je venais de récupérer ton yukata.

—Elle n’était pas du quartier mais elle savait très bien que Yamato et moi étions des chasseurs de démons, déclara Momoko qui ne semblait pas tranquille. Sa description ressemblait étrangement à celle d’une cliente récente du restaurant des Chen qui n’y commande que des infusions de camomille.

Ce détail fut suffisant à Ezekiel pour deviner qui était cette personne : la femme en noir qui lui avait indiqué qu’Alphonse Duspeti n’était pas venu seul et grâce à qui ils avaient ainsi su assez tôt qu’un intrus était entré dans le sanctuaire de Sedna. Comment pouvait-elle savoir…

Puis tout à coup, le magicien se souvint pourquoi le parfum de cette inconnue lui était familier : c’était celui de la tisane aux plantes que sa mère buvait souvent le matin pour fortifier son corps et sa magie dont la fragrance avait la fâcheuse manie d’être très tenace… et c’était un breuvage très apprécié des jeteurs de malédictions.

—C’est une sorcière, réalisa Ezekiel qui se demanda comment il avait pu ne pas le voir avant. Peut-être même une très puissante vu qu’elle a dû cacher sa magie en ma présence.

—Que fait-elle au quartier asiatique ? demanda Momoko, inquiète. Elle ne vient quand même pas…

—Je ne pense pas qu’elle travaille avec Alphonse Duspeti. Cependant, j’admets ne pas saisir pleinement ses intentions…

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Ils ne pouvaient discuter plus longtemps, la jeune femme devant vite se changer car elle était la prochaine à divertir le public – le magicien aperçut d’ailleurs Yamato arriver d’un pas rapide vers la scène, signa qu’il devait tout juste revenir d’une patrouille près du sanctuaire. Une fois les Reiji partis, Orlando tendit un papier à Ezekiel.

—Cette femme m’a demandé de te donner ça sans que Momoko ne le sache, expliqua-t-il.

Intrigué, Ezekiel prit le papier et lit ce qui était écrit dessus :

« Ne dis pas aux Reiji que tu m’as vue à la résidence car autrement, les répercussions sur le quartier asiatique seraient potentiellement désastreuses. Souviens-toi que les apparences peuvent être trompeuses. »

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En fouillant dans sa mémoire, il se souvint qu’elle sortait tout juste du cabinet du médecin au 2A. Pourquoi y serait-elle allée et en quoi cela serait dramatique si Momoko ou Yamato l’apprenait ? Un peu de réflexion puis s’imposait… puis il se souvint de la photo d’Ayumi Reiji et de comment elle était morte. Se pourrait-il que…

—Orlando, qui occupe le cabinet médical au 2A ? demanda le magicien pour confirmer ses doutes.

—Son nom ne te dira rien mais je sais qu’il est fiancé à Sun, la sœur cadette de Din, répondit le gérant de pressing en haussant un sourcil. Il y a un problème ?

—Ne dis pas aux Reiji que je t’ai posé cette question.

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Il vérifiera si nécessaire à la Tour Mirage mais Ezekiel en était certain : cet homme avait du jouer un rôle dans la mort d’Ayumi Reiji. Or, s’il était mêlé aux Chen, cela aurait effectivement des conséquences désastreuses sur les habitants du quartier asiatique… Ceci devait impérativement rester secret tant qu’il ignorait le rôle exact de cette femme dans cette affaire.

Le prochain spectacle commença sur scène et, cette fois-ci, c’était une démonstration d’arts martiaux avec les Reiji. Si le magicien avait déjà eu un aperçu de leurs compétences en combat, les voir ainsi, l’un face à l’autre, était totalement différent.

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Si Yamato était clairement très à l’aise dans ses mouvements, Momoko avait eu un léger moment de maladresse qu’elle avait réussi à rattraper habilement. Les deux membres de la fratrie était en totale symbiose, exactement comme quand ils avaient affronté le garde du corps au sanctuaire…

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Puis soudain, Ezekiel se rappela la question qu’il s’était posé ce soir-là : pourquoi envoyer un homme de main comme celui-ci au sanctuaire ? Honnêtement, pour arriver à un niveau pareil, Alphonse Duspeti ne devait pas être un simple d’esprit donc cette manœuvre de sa part n’avait rien de logique car comment il aurait pu trouver le Tome de l’eau en envoyant un sous-fifre pas du tout taillé pour ce genre de chose ?

La femme lui avait précisé que les apparences pouvaient être trompeuses… donc peut-être était-ce le cas de cette visite nocturne.

Mentalement, il se remémora l’emplacement de cet homme, les paroles de Sedna… et en vint à se demander pourquoi diable ce type était au bord du bassin et non au centre. S’il avait cherché à trouver le Tome de l’eau, il aurait été plus éloigné de l’entrée et serait allé voir la statue mais il avait été figé à un endroit illogique pour ça… En sachant que Sedna ne l’avait pas vu entrer avant de sentir sa présence, c’était qu’elle devait initialement être sous l’eau, attendant le bon moment pour aller chanter. La magie de déplacement n’étant pas dans le domaine de l’eau, elle avait dû mettre un certain temps à apparaitre devant son intrus puis à le neutraliser…

En prenant en compte le message qu’il avait reçu et en supposant que cet homme ne pouvait pas savoir pour Sedna, il était probable que c’était un simple repérage mais là encore, ça ne collait pas avec l’endroit où cet individu avait été neutralisé. Il restait donc la possibilité qu’il ait en fait amené un objet avec lui mais rien de tel n’avait été remarqué… du moins sur le sol. Personne n’avait eu l’idée de vérifier le bassin.

Il serait peut-être judicieux qu’il le fasse dès maintenant.

—Dis aux Reiji que je suis parti vérifier quelque chose au sanctuaire, précisa Ezekiel à Orlando avant de quitter le Matsuri d’un pas rapide.

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Personne n’étant dans les rues, le magicien se permit d’user d’un sortilège pour changer d’habits dès qu’il fut certain d’être hors de portée des regards indiscrets. Puis il alla vite au sanctuaire où l’entrée était toujours bouchée par les rosiers… quand une brusque vague magique faillit lui faire perdre l’équilibre. Qu’est-ce…

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—Viens à moi Flamberge ! scanda Ezekiel.

Dans une lumière rouge, Flamberge apparut – il remercia infiniment son père de l’avoir encouragé à marquer son nom dans le Tome de feu afin de pouvoir invoquer l’entité magique à distance – et, à peine l’eut-elle vu qu’elle fixa avec gravité le sanctuaire de Sedna.

—Quelque chose ne va pas là-dedans, déclara-t-elle, confirmant les craintes du magicien. La magie d’eau a été corrompue par autre chose, un peu comme à la Tour Mirage.

—Une malédiction ? supposa Ezekiel.

—Pas loin. Il faudrait entrer pour en avoir le cœur net.

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Sur ces mots, tous deux se mirent en position d’attaque afin de se frayer un passage à l’intérieur…